COP21 : portraits de 25 activistes qui font changer tous les climats

« La réponse à la crise écologique passe par la transformation à la fois de notre système économique et de notre modèle social », martèle le rapport « Environnement et inégalités sociales » publié par la Documentation française. Ses auteurs sont formels : pour avoir une chance de relever le défi du dérèglement climatique, il faut agir sur tous les climats, politique, économique, social et culturel.
 

« Ce qui est primordial, dit souvent Hubert Reeves, c’est de faire connaître ce qui se fait de positif. Afin de promouvoir l’envie de faire et lutter contre le pessimisme ambiant. »

À la veille de la COP21, zoom sur quelques-uns de ces activistes qui, un peu partout sur la planète, font bouger leurs climats.

Boyan Slat : « J’élimine le plastique des océans »

Œil clair, boucles folles, ce jeune homme de 20 ans a une bouille craquante. Il a aussi des idées, plutôt géniales, et la force de conviction pour les réaliser. Depuis ses 16 ans et une plongée dans les eaux grecques, ce Néerlandais a une obsession : nettoyer l’océan de ces déchets plastiques qui constituent aujourd’hui un véritable septième continent.

Son idée ? Piéger les détritus grâce à des sortes de barrières flottantes ancrées sur le sous-sol marin. Lancer « le plus grand nettoyage de l’histoire », telle est l’ambition de The Ocean Cleanup, la start-up qu’il a fondée en 2013.
 

« Ces barrières flottantes peuvent couvrir des millions de kilomètres carrés sans bouger d’un centimètre, les courants rassemblant les particules à l’intérieur des barrières, tout en laissant passer les animaux marins qui nagent en dessous », explique l’inventeur.

Sa technique, considérée comme faisable techniquement et viable financièrement, permettrait de réduire considérablement la durée du nettoyage des océans. D’après The Ocean Cleanup, enlever tout le plastique avec des bateaux et des filets prendrait soixante-dix-neuf mille ans ! Alors que cela pourrait, selon Boyan Slat, être finalisé en dix ans.

Comme tout digital native qui se respecte, le jeune homme a lancé une campagne de crowdfunding qui a rapporté 2,2 millions de dollars à la start-up. Ce qui permet à cette dernière de voir grand : après un essai au large des côtes de Tsushima, île située entre le Japon et la Corée du Sud, l’objectif de Boyan Slat est de mettre en place d’ici cinq ans une barrière de nettoyage entre Hawaï et la Californie.

Reconnu comme l’un des vingt jeunes entrepreneurs les plus prometteurs au monde par le concours EYE50 sponsorisé par Intel en 2013, Boyan Slat a obtenu un Sustainable Entrepreneurship Award en septembre 2014 et a été nommé en décembre de la même année « champion de la Terre » par les Nations unies, une distinction qui récompense des « personnalités et organisations visionnaires » en matière de développement durable. Cette année, il s’est aussi vu remettre par le roi Harald de Norvège le prix du jeune entrepreneur dans la catégorie industrie maritime.

Askwar Hilonga : « Je veux que toute l’Afrique ait accès à l’eau potable »

Il a remporté le prix de l’innovation africaine 2015, décerné par l’Académie royale britannique de l’ingénierie. Une récompense à la hauteur de l’inventivité d’Askwar Hilonga, ingénieur chimiste tanzanien, professeur à l’Institut africain Nelson Mandela pour les sciences et les technologies : son système de filtration à base de nanoparticules pourrait permettre aux 750 millions de personnes privées d’eau potable, dont 70 % des familles tanzaniennes, d’avoir accès à cette dernière. Askwar Hilonga sait ce que cette privation vitale signifie :
 

« J’ai été élevé par une famille pauvre au sein de laquelle nous avons de nombreuses fois souffert de maladies causées par l’eau, car nous ne pouvions pas nous permettre le luxe de nous offrir des bouteilles », se souvient-il.

Il aura fallu au jeune scientifique tanzanien quatre ans et 8 000 euros de subventions, après l’obtention en Corée du Sud de son doctorat en nanotechnologie, pour créer un prototype de son filtre qu’il vend 130 dollars (113 euros) par le biais d’une entreprise créée avec son épouse. Un coût qu’il espère pouvoir rapidement réduire grâce aux 33 000 euros du Prix de l’innovation qu’il a réinvestis dans son entreprise. « Inspirer [ses] étudiants en leur montrant qu’il est possible de construire de grandes choses en Tanzanie », voilà ce qu’espère Askwar Hilonga.

Retrouvez la suite de cet article et les autres portraits dans We Demain n°12

 

Dossier encadré par Armelle Oger et rédigé par Éric Albert, Patrick Cappelli (premier portrait), Fanny Costes (second portrait), Cyrielle Hariel et Éric Tariant.

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