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Des vagues de chaleur sous haute surveillance depuis l’espace

Clément Albergel, chargé de Recherche CNRS actuellement détaché à l’ESA, explique comment la mission Copernicus surveille les vagues de chaleur en Europe.

Le 18/08/2022 par Florence Santrot
Sentinel-3

Comment l’ESA, l’agence spatiale européenne, assure-t-elle le suivi des vagues de chaleur qui touchent l’Europe de l’ouest depuis plusieurs semaines ? Dans une vidéo, Clément Albergel, chargé de Recherche CNRS actuellement détaché à l’ESA détaille les différentes solutions mises en œuvre pour suivre de près les effets de la sécheresse et des températures très élevées sur la région. Et mettre tout cela en perspective avec les données prélevées depuis des dizaines d’années.

« Les multiples vagues de chaleur qui ont eu lieu en Europe de l’Ouest sont un signe clair du réchauffement climatique provoqué par les activités humaines et les émissions de gaz à effet de serre qui en découlent, explique Clément Albergel. Pour mieux comprendre les variations de notre système climatique, nous avons besoin d’observer cela depuis l’espace, notamment grâce aux satellites européens qui font partie du programme Copernicus. » Ils ont l’avantage de fournir une couverture globale, une analyse uniforme mais aussi des mesures rapides et continues.

Les données du programme Copernicus couvrent l'ensemble de la planète. Crédit : ESA.
Les données du programme Copernicus couvrent l’ensemble de la planète. Crédit : ESA.

Des satellites Sentinel déployés pour observer la Terre

Dans la famille des satellites Sentinel, qui compte six modèles différents, Sentinel-3 est tout particulièrement utile. Il est par exemple capable d’examiner la surface de la mer et mesure sa température de surface grâce à un radiomètre. Il surveille aussi les couleurs de l’océan et de la surface terrestre avec une grande précision. « Lors des deux dernières semaines de juillet, Sentinel-3 a mesuré des records de chaleur à la surface de la Terre. Plus de 45 °C au Royaume-Uni, plus de 50 °C en France et plus de 60 °C en Espagne », souligne Clément Albergel.

En outre, le programme Copernicus combine les données de différents satellites et des données prises directement sur Terre afin d’identifier des grandes évolutions globales dans le temps et de mieux comprendre le phénomène actuel du réchauffement climatique. L’ESA a ainsi dévoilé récemment un rapport mettant en perspective les données de mesures de températures au sol sur 25 ans. Résultat : « une augmentation moyenne de 0,2 °C par décennie au niveau mondial mais avec de fortes disparités régionales », résume le chargé de Recherche CNRS détaché à l’ESA.

Un dispositif satellitaire capable aussi de surveiller les feux de forêt

Le programme Copernicus est aussi capable de fournir une haute surveillance des catastrophes naturelles comme les feux de forêt récents en Gironde. Un dispositif précis et quasi en temps réel qui aide les pompiers dans leur lutte contre le feu.

« Les satellites ont cela de très utile qu’ils sont capables de suivre les différentes caractéristiques d’un feu. D’un point de vue risque, ils peuvent identifier les zones les plus propices aux feux car particulièrement sèches. Nous pouvons aussi assurer le suivi des feux, que ce soit les espaces en proie aux flammes que l’étendue globale des dégâts grâce aux traces visibles depuis l’espace », note Clément Albergel.

Un feu de forêt sous haute surveillance depuis l'espace. Crédit : ESA.
Un feu de forêt sous haute surveillance depuis l’espace. Crédit : ESA.

Monitorer le niveau des eaux dans les rivières

En situation de sécheresse aussi, les satellites sont utiles pour évaluer la baisse des eaux dans les fleuves et rivières d’Europe. C’est par exemple le cas actuellement pour la Loire ou encore le Rhône qui sont parfois presque à sec par endroits et dont le débit est très ralenti. Le tirant d’eau trop bas empêche aussi les transports fluviaux sur certaines portions de ces fleuves, que ce soit pour le tourisme ou pour les marchandises.

Dans ce cas de figure, ce sont les satellites Sentinel-2 qui entrent en jeu. « Des images prises depuis l’espace montrent ainsi comment le Pô en Italie s’est énormément rétréci entre juin 2020 et juin 2022. C’est en partie dû au manque de précipitations en Italie du Nord ces dernières années, bien moindre que la moyenne. Mais aussi aux vagues de chaleur et à l’absence de neige dans les montagnes qui alimente généralement la rivière », détaille Clément Albergel.

Les satellites Sentinel-2 suivent de près l'évolution des fleuves, comme ici le Pô en Italie, au niveau de Plaisance en Émilie-Romagne. Crédit : ESA.
Les satellites Sentinel-2 suivent de près l’évolution des fleuves, comme ici le Pô en Italie, au niveau de Plaisance en Émilie-Romagne. Crédit : ESA.

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