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Quand l’intelligence artificielle s’allie aux drones pour sauver les animaux du braconnage

Une fondation a équipé des drones d’une intelligence artificielle pour sauver les rhinocéros et les éléphants du Sud de l’Afrique, sous la menace d’une extinction d’ici 10 ans.

Le 01/06/2017 par WeDemain
Urbain Prieur, Alice Fournet, et Nicolas Toper de PILO
Urbain Prieur, Alice Fournet, et Nicolas Toper de PILO

Instrument mortifère, les drones peuvent également être employés à des fins pacifiques…d’autant plus quand ils sont intelligents. La fondation Lindbergh s’est associée à l’entreprise Neurala, spécialisée dans l’apprentissage profond des machines (le deep learning) en vue d’améliorer son programme « Air Sheperd » destiné à lutter contre le braconnage.

Les drones sont désormais équipés d’une intelligence artificielle, qui leur permet de distinguer les animaux des braconniers et de transmettre ces informations en temps réel aux gardes-forestiers pour protéger les animaux. Une mesure audacieuse pour endiguer l’extinction accélérée de certaines espèces.

Le braconnage, quatrième marché illégal

Le braconnage est devenu en 2014 le quatrième marché illégal au monde selon la WWF, juste derrière le trafic de stupéfiants, la traite d’êtres humains et la contrefaçon. Les chiffres de la fondation Lindbergh concernant le braconnage en Afrique sont sidérants : un rhinocéros est tué toute les 9 à 11 heures pour ses défenses, et un éléphant toute les 15 minutes.

Cette convoitise ne s’arrête pas aux bordures des immenses réserves d’Afrique…le zoo de Thoiry dans les Yvelines a été la cible d’un acte de braconnage le 7 mars dernier. Vince, un rhinocéros blanc âgé de 4 ans, a été abattu par des braconniers qui lui ont volé ses cornes. Cela illustre le cercle vicieux du braconnage : plus l’espèce est protégée, plus elle est rare et donc plus celle-ci devient convoitée. Cette sous-espèce de rhinocéros ne compte plus que 20 000 individus et le kilo de corne dépassait ainsi 51 000 euros sur le marché noir en 2015 soit près de 200 000 euros la corne (plus cher que l’or ou la cocaïne).

Quand l’IA veille au grain

Les résultats du programme « Air Sheperd » ont jusqu’ ici été très concluants : sur une zone géographique survolées par ces drones pendant 6 mois, le nombre de rhinocéros tués est passé de dix-neuf par mois à 0.

 » Plus de 6 000 heures de vol et plus de 4 000 missions dans trois pays différents, nous avons démontré notre capacité à mettre un terme au braconnage » estime la fondation Lindbergh.

 
La question était de savoir si les drones, malgré leur discrétion, ne risquaient pas d’être abattus par les braconniers, équipés d’un armement sophistiqué pour une majorité d’entre eux (lunette de vision nocturne, fusils d’assauts..). Il semble que ce ne soit pas le cas.

Paul Allen, co-fondateur de Microsoft avait également présenté il y a peu, un outil de surveillance similaire, le DAS (Domain Awareness System), dont l’objectif est simple : agréger un maximum de données sur les animaux et ce qui les menace afin de permettre aux défenseurs de la faune au sens large de visualiser l’ensemble sur une carte en temps réel pour contrer l’action des braconniers.

Si certaines théories avancent que l’intelligence artificielle détruira peut-être l’homme demain, elle permet aujourd’hui de protéger les animaux.

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