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Slow Flowers : Les fleurs du jardin prennent leur revanche en Angleterre

Nom de l’opération : « Pick your own Flowers ». Dans le jardin de Jen Stuart-Smith et Bek Bibby, une vingtaine de personnes équipées de sécateurs et de grands seaux noirs déambulent au milieu d’un véritable décor impressionniste, en ce vendredi ensoleillé de la mi-août.

Achillées, capucines, amarantes, alchémilles mollis, antirrhinums, asters, buddleias, campanules et autres cosmos, digitales, grandes camomilles, chardons bleus, gypsophiles, glaïeuls, valérianes, zinnias… composent un tableau où l’on croirait entendre Dickens, originaire de la région, susurrer dans les feuillages : « Pauvres fleurs d’un jour, jouissez de votre existence passagère sous le brillant sol. »

Semer des milliers de fleurs

La ferme de Jen Stuart-Smith et Bek Bibby se trouve au sud-est de Londres, dans le Kent, à Maidstone. Là, dans le « Jardin de l’Angleterre », où règnent vergers et houblonnières, les deux cousines ont décidé, il y a dix ans, non pas d’élever 1 000 vaches ou 20 000 poussins, mais de semer des milliers de fleurs.

Sur les 80 hectares de l’exploitation familiale, au milieu des vergers, des bois et des terres arables s’étendent les 5 000 mètres carrés sur lesquels les fondatrices de Blooming Green Flowers cultivent plus de 200 variétés de fleurs par an. Qu’elles soient vivaces ou annuelles, toutes poussent sans intrants chimiques, au rythme des saisons.

Une alternative aux fleurs calibrées

« On cherche à réhabiliter une culture florale oubliée depuis longtemps. » (Crédit : Hansbenn/Pixabay)

Ici, comme dans plusieurs centaines d’autres fermes du genre, au Royaume-Uni, on cherche à réhabiliter une culture florale oubliée depuis longtemps.

« La progression de l’alimentation bio et locale est telle que le public prend conscience des effets négatifs du commerce horticole global et commence à exiger le même genre de critères pour les fleurs », analyse Jen, ancienne journaliste du Times, qui renoue avec la tradition paysanne de sa famille en développant cette activité d’horticulture écologique.

Elle souhaite ainsi offrir une alternative aux fleurs calibrées pour être facilement transportées en bottes, en variétés réduites et avec une culture forte en pesticides et CO2. « Nous n’hésitons pas à refuser une demande de préparation pour un mariage si ce dernier a lieu trop loin, et recommandons alors d’autres fleuristes », ajoute la chef d’entreprise, dont une partie de l’activité repose sur la possibilité de venir se servir soi-même à la ferme.

Fréquentation en hausse et selfies

Cette année, la fréquentation est en hausse. Certains jours, pas moins de 300 personnes s’y affairent. Dans les allées, nous croisons Sarah Middleton, sa fille Anne-Jane et ses demoiselles d’honneur : « Nous sommes venues chercher des fleurs pour décorer la salle de mariage », expliquent-elles entre deux selfies.

Si certains passent simplement remplir leur seau (10 livres l’unité, soit une cinquantaine de tiges), d’autres prennent le temps, dégustent une tasse de thé ou un verre de jus de fruits produit à la ferme. Là réside le charme des lieux.

Une ambiance que nous retrouvons à Wallingford, à l’ouest de Londres, chez Rachel Siegfried et Ashley Pearson, cofondatrices de Green and Gorgeous Flowers. Le cadre est fabuleux et la douzaine de femmes venues de la capitale, du Kent ou de l’Oxfordshire écoutent attentivement les conseils prodigués par Rachel pour réussir un bouquet champêtre.

Une furieuse envie de changer de vie

Entre deux tasses de thé et des macarons sans gluten, on se retrouve aisément avec un chat sur les genoux et une furieuse envie de changer de vie. La sélection de fleurs proposée par les deux femmes attire les visiteurs, tel le dahlia « big powder pink » que l’on ne trouve nulle part ailleurs.

Cette recherche de variétés anciennes explique en partie le succès des fleurs cultivées localement : « On ouvre la porte de l’inattendu et de l’imaginaire propre aux vieux jardins anglais », explique Rachel.

Un inattendu que l’on retrouve peu à peu dans la fleuristerie, qui emploie plus de 25 000 personnes au Royaume-Uni et écoule 25 % des fleurs coupées vendues au détail. Une position avantageuse pour influencer la tendance.

Filières locales

À la sortie de la station de métro Embankment, à Londres, Joannah Shaw tient le Pinkpansy, un kiosque typique de fleurs. Roses, lys, tulipes, freesias, gerberas… : ses fleurs viennent des circuits de masse comme des filières plus locales.

« Je suis une des rares à vendre des fleurs anglaises dans le quartier. Ma clientèle apprécie leur qualité et je suis heureuse de soutenir ainsi l’économie locale », précise-t-elle… Lire la suite de l’article dans We Demain n°16.

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