Partager la publication "Des hydrocarbures dans nos aliments : l’étude choc de l’ONG Foodwatch"
Selon l’ONG, ces huiles « peuvent migrer dans les aliments par l’intermédiaire de plusieurs sources, tout au long du processus de production ». Entre autres facteurs de contamination, Foodwatch cite l’environnement de production, les résidus des produits utilisés par les machines lors de la fabrication des emballages, mais aussi la pollution environnementale (lors du transport) ou les sacs en toile de jute dans lesquels sont, par exemple, transportées les fèves de cacao.
« Le carton et les emballages, poursuit Foodwatch, particulièrement ceux fabriqués à base de papier recyclé, restent toutefois l’une des principales sources de migration des huiles minérales dans les aliments. »
« L’industrie alimentaire doit agir »
Parmi ces huiles, on compte les MOAH (minéral oil aromatic hydrocarbons, les hydrocarbures aromatiques d’huile minérale) et les MOSH (minéral oil saturated hydrocarbons, les hydrocarbures saturés). En France, 60 % des aliments contiendraient des MOAH et 86 % des MOSH, d’après Foodwatch. Si les premières sont soupçonnées d’être cancérogènes, mutagènes, et néfastes pour le système hormonal, les secondes s’accumuleraient dans les organes et les endommageraient.
À ce jour, aucune réglementation n’existe sur les quantités acceptables de ces huiles dans les produits alimentaires. Pourtant, l’absorption des MOAH est considérée comme « potentiellement inquiétante » par l’Autorité européenne de sécurité des aliments. D’après Foodwatch toujours, en France, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (ANSES) serait en train d’évaluer les dangers sanitaires liés à la migration d’huiles minérales dans les aliments. « Mais la problématique ne fait pas débat sur la place publique ici », déplore Ingrid Kragl, directrice de l’information de Foodwatch en France, qui rappelle que, depuis 2011, année de la publication d’un article sur le sujet par l’association Que Choisir, « on attend toujours une légifération ».
« À l’époque, quelques questions avaient alors éclos à l’Assemblée Nationale et au Sénat, mais le ministre de l’économie d’alors a renvoyé le sujet à celui de l’agriculture et de la santé, et à part une partie de ping pong sur le sujet, il ne s’est rien passé », regrette l’ONG.
Riz et céréales
Cette teneur évoluerait aussi en fonction du temps de conservation des aliments. Une boîte de lentilles ou de couscous, par exemple, est rarement consommée sur le champ. « Plus elles sont stockées longtemps, plus elles contiennent des quantités de MOSH et de MOAH importantes », déclare Ingrid Kragl. De plus, selon l’ONG, les « endroits chauds » engendreraient une absorption plus importante, par les aliments, des substances présentes dans les emballages.
Pétition en ligne
« Les fabricants ont déjà travaillé sur des solutions – on demande à présent que celles-ci soient obligatoires », martèle Ingrid Kragl, tout en précisant : « On ne demande pas de rajouter des emballages, mais à les changer et à protéger les aliments de façon adéquate ».
Concrètement, l’ONG demande que plusieurs solutions soient mises en places et définies par un texte législatif. Elle propose d’apposer une couche protectrice autour des cartons ou d’injecter un matériau absorbant « dans les emballages », afin que les aliments cessent d’être contaminés.
À cet effet, Foodwatch a lancé, mardi 27 octobre, une pétition en ligne pour « demander au commissaire européen que des seuils limites par substances soient fixés, et même qu’une tolérance zéro soit appliquée sur les MOAH ». Elle exige également que des « barrières efficaces » soient mises en place par les industriels pour éviter ce phénomène de migration.
Crise sanitaire
« Cette étude n’est qu’une énième confirmation que nous assistons aujourd’hui à une crise sanitaire globale, qu’il s’agit de traiter par une stratégie nationale, et non substance par substance », affirme le président de RES, qui appelle les citoyens à réagir afin de forcer le gouvernement à « une politique plus rigoureuse et ambitieuse qu’actuellement ».
À noter que le laboratoire qui a mené l’étude, « la plus grande à ce jour » selon Foodwatch, a souhaité ne pas être cité dans l’étude. Ses méthodes, quant à elles, sont expliquées plus en détail ici.
Lara Charmeil
@LaraCharmeil