États-Unis : « J’ai testé la médecine aux électrochocs »

Alors que je zappe d’une tendance à une autre sur Reddit, un site communautaire de partage d’idées et d’articles, je tombe sur un lien vantant les mérites de l’électricité sur le cerveau. Le post émane d’un artiste qui a fabriqué son propre appareil pour stimuler ses capacités créatrices à coups d’électricité. En remontant le fil de discussion, je m’aperçois que de très nombreux Américains se livrent à des expériences sur leur cortex. Il n’est pas un jour sans que quelqu’un pose une question ou fasse part d’une expérience relative à ces électrochocs nouvelle génération. Au grand dam de mes proches, dont la réaction – « Je n’essaierai jamais ! » – est unanime, je tiens à rencontrer ces bidouilleurs de cerveaux et à tester leurs machines.

Direction la Géorgie, au sud-est des États-Unis, berceau de cette communauté d’accros aux électrodes. Pour limiter les risques, je rends visite à un ingénieur. À défaut d’être un expert en neurones, il doit s’y connaître en électricité. Brent Williams me reçoit chez lui, en banlieue d’Atlanta. En 2011, un article du magazine Scientific American l’a particulièrement enthousiasmé. « On y détaillait des études effectuées par l’armée : en envoyant un faible courant électrique à travers le cortex, les chercheurs ont considérablement augmenté les capacités cognitives des militaires. » Brent se met alors à lire toutes les études sur le sujet. Quand il en parle à son épouse Madge, elle lui demande ce qu’il attend pour construire son appareil. Brent n’avait pas attendu. « Vous voyez, explique-t-il en montrant une dizaine d’objets étalés sur sa desserte de cuisine. Il suffit d’une résistance variable, d’un régulateur de tension, d’une pile neuf volts et d’une plaquette à pastilles. Le tout coûte à peine 15 euros. »

Depuis trois ans, Brent et Madge se placent deux électrodes sur le crâne pendant vingt minutes plusieurs fois par semaine. Madge, dont le passe-temps favori est d’apprendre des passages entiers de la Bible, est conquise : « Je mémorise beaucoup plus vite, et plus durablement. » L’effet étant instantané, Brent l’utilise quant à lui lorsqu’il lit des études complexes ou prépare des conférences. « Le principe de la stimulation électrique, prend-il plaisir à expliquer, c’est de stimuler le côté du cerveau sur lequel est l’anode ; dans le même temps, l’autre côté est inhibé. » Pour ses interventions en public, il tâche de minimiser son côté logique pour laisser ses capacités créatives s’exprimer pleinement. D’après lui, le public n’a jamais été aussi attentif lors de ses conférences.

Lisez la suite dans We Demain n°8

Christelle Gérand 
Journaliste

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