100% ado  > Adélaïde Charlier : « Engageons-nous, parce que si on n’essaie pas, on n’y arrivera pas ! »

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Adélaïde Charlier : « Engageons-nous, parce que si on n’essaie pas, on n’y arrivera pas ! »

Adélaïde Charlier est une jeune activiste belge de 21 ans qui s’engage pour la planète. Changearth Project est parti à sa rencontre et dresse le portrait de cette jeune femme à la motivation sans faille.

Adélaïde Charlier
Portrait d'Adélaïde Charlier, activiste belge. Photo : Astrid de Rengervé et Carla Dominique.
Portrait d'Adélaïde Charlier, activiste belge. Photo : Astrid de Rengervé et Carla Dominique.

Adélaïde Charlier est une jeune Bruxelloise de 21 ans qui a co-fondé le mouvement Youth for Climate (YFC) en Belgique. Elle figure aujourd’hui parmi les jeunes personnalités les plus reconnues de la lutte contre le dérèglement climatique. Elle a aussi la chance d’être conseillère spéciale du vice-président de la Commission européenne, et s’engage à travers de nombreux autres projets personnels. Avec près de 16 000 followers sur Instagram et un peu plus de 6 000 sur Twitter, elle multiplie les actions pour faire bouger les lignes.

Changearth Project est une série de portraits de jeunes engagés pour la transition écologique, partout en Europe. Co-créé par deux étudiantes, Astrid et Carla, ce projet vise à mettre en lumière ces jeunes qui se mobilisent en faveur du climat et de la biodiversité, et à inspirer les autres à faire de même. Tout au long de l’été, WE DEMAIN va publier une fois par semaine l’un de ces portraits engagés.

De la création de Youth for Climate Belgique…

Adélaïde Charlier, 21 ans, est étudiante en 2ème année de sciences sociales à l’université de Bruxelles. Elle est devenue « activiste » – du moins, c’est ainsi que les médias la désignent aujourd’hui – il y a 2 ans et demi, au sein du mouvement Youth for Climate. Alors élève en classe de terminale, elle vit deux évènements qui l’interpellent et la poussent à s’engager. D’une part, la démission de Nicolas Hulot du gouvernement d’Emmanuel Macron qui résonne également en Belgique. D’autre part, le début des grèves pour le climat lancées par Greta Thunberg en Suède. En voyant le mouvement des jeunes pour le climat démarrer dans son pays, elle a eu envie de les rejoindre. C’est ainsi qu’elle a participé aux premières “climate strikes” bruxelloises aux côtés de l’activiste Anuna De Wever, dont elle est aujourd’hui très proche. 

Ensemble, elles ont lancé le mouvement Youth for Climate belge. Cela a démarré avec des vidéos sur Facebook pour communiquer autour des marches. La première fois, ce sont 3 000 jeunes qui les ont rejointes à la gare de Bruxelles. Puis 12 000. Et presque 35 000 pour le troisième rendez-vous. Elles ont bénéficié d’un relai des médias, étonnés par ces jeunes qui, pour la première fois, étaient prêts à faire grève chaque jeudi pour le climat. L’aspect festif des marches, ponctuées de musique et de danse, a attiré de plus en plus de monde.

Elles ont continué lors des élections européennes, puis fédérales et provinciales. Les jeunes activistes ont même amené le ministère de l’Enseignement à créer une exception à la règle qui empêchait les écoliers d’obtenir leur diplôme s’ils manquaient trop d’heures de cours. « C’était un moment charnière (…) pour la première fois, chacun des partis politiques a dû se positionner sur la question climatique. C’est là que j’ai réalisé le pouvoir de la mobilisation citoyenne.« 

…à la rencontre de peuples autochtones en Amérique latine

Après le bac, elle a pris une année sabbatique, durant laquelle elle a participé au projet « Sail to the Cop« . Suite à un mois et demi en mer aux côtés de 30 activistes – dont Lena Hartog, dont vous pourrez bientôt découvrir le portrait – elle est arrivée jusqu’au Brésil en voilier. Là, elle a pu rencontrer des peuples autochtones et découvrir la forêt amazonienne. Au départ, leur objectif était de se rendre au Chili pour la COP 25. Mais celle-ci a finalement été reportée en Espagne en raison du contexte géopolitique. Une vingtaine de jeunes les ont alors représentés depuis Madrid, pour porter leurs revendications et mettre en avant les conclusions de leur rapport sur la mobilité durable. 

Durant ce voyage, qui a radicalement changé sa vie, Adélaïde Charlier a aussi participé au sommet Amazonia Centro del Mundo. Une initiative organisée par plusieurs ONG brésiliennes, dans le but de rassembler des scientifiques et activistes du monde entier. « J’ai pris conscience de la difficulté du rôle d’activiste pour le climat dans certains pays« . Elle a aussi rencontré des peuples entièrement indépendants, qui ne souhaitent pas être influencés par le mode de vie occidental et ses dérives – environnementales comme liées aux droits humains.

Des enjeux climatiques qui touchent aussi au respect des droits de l’Homme

Ce voyage fut également l’occasion de découvrir des histoires bouleversantes. Comme celle d’une communauté dont la rivière a été asséchée par le barrage de Belo Monte au Brésil. La construction du barrage, destiné à produire une énergie verte, a eu des effets très néfastes. Perte de la biodiversité, déforestations et déplacement des communautés locales, privées de leurs moyens de subsistance… Adelaïde Charlier a alors réalisé que les enjeux climatiques vont bien au-delà du problème du CO2 dans l’atmosphère. Qu’ils concernent le respect des droits de l’Homme et de la biodiversité, dont nous dépendons chaque jour.

« Les pays occidentaux ne peuvent plus continuer à faire travailler le reste du monde dans leur propre intérêt. C’est une question de justice. » Cependant, elle souligne que produire au niveau local ne doit pas nous empêcher de rester connectés au reste du monde. Ni de soutenir les pays qui ont besoin d’aide, par exemple pour accéder aux énergies renouvelables.

L’engagement d’Adélaïde au Parlement européen

A son retour d’Amérique latine, juste avant la crise sanitaire, Adélaïde Charlier a démarré des études supérieures. Et même un stage au Parlement européen. Elle continue également son engagement au sein de Youth For Climate Belgium. « Aujourd’hui, YFC compte une quarantaine de jeunes. On organise des actions pour sensibiliser les citoyens et des campagnes de communication sur les réseaux, et on cherche aussi à porter des revendications au niveau politique ». Le groupe travaille notamment sur l’organisation de marches internationales, en collaboration avec d’autres ONG et mouvements pour le climat.

La présence des institutions européennes dans sa ville de Bruxelles ; son rôle de conseillère spéciale du vice-président de la Commission Frans Timmermans… ont conduit la jeune activiste à un sentiment de responsabilité. Celui de faire passer des messages forts au niveau européen. En 2021, dans le cadre des négociations sur l’accord de libre-échange Mercosur entre l’Europe et l’Amérique latine, Adélaïde et d’autres activistes ont pu rencontrer la chancelière allemande Angela Merkel. « Nous avons pu lui exposer notre point de vue sur cet accord dangereux pour le climat. »

Au terme de cette discussion, la chancelière lui a assuré que l’accord ne serait pas signé sous la présidence allemande du conseil de l’Union Européenne. Une petite victoire, même si son rôle de conseillère est parfois plus frustrant. En effet, les questions climatiques passent souvent après d’autres sujets, alors que, comme elle le rappelle, « le climat n’attend pas« . 

Sensibiliser aux grands enjeux climatiques, un travail au quotidien

Adélaïde Charlier insiste également sur l’importance de la communication pour sensibiliser à ces enjeux. Si elle s’est d’abord retrouvée malgré elle à s’exprimer dans les médias sur le dérèglement climatique, ses interventions se sont très vite multipliées. Elle a donc pu apprendre à s’exprimer en public, malgré une dyslexie. Depuis peu, elle est à la tête d’une émission diffusée sur la radio NRJ Belgique, les « 60 secondes climat« . En 2 à 3 minutes, Adélaïde tente de rendre un sujet climatique accessible à tous et agréable à écouter.

« C’est en répétant des messages clés et en allant chercher les citoyens par les mêmes canaux de communication utilisés par les grandes entreprises qu’on finira par imposer le climat« . Elle veut mobiliser à travers une chronique positive et pédagogue. Faire passer des messages en accord avec ses valeurs et aspirations. Elle termine donc toujours ses interventions par une note positive en parlant des solutions qui existent. « Ce qui me plaît le plus, c’est que j’ai carte blanche sur les sujets traités. Je travaille aussi avec le directeur de NRJ Belgique sur de nouveaux formats pour parler du climat. »

Un livre intergénérationnel autour du réchauffement climatique

Parmi ses autres grands projets, elle a eu la chance de participer à l’écriture à quatre mains du livre Quel monde pour demain ? Dialogue entre générations, dont l’idée était d’aborder la complexité des relations entre générations sur les enjeux climatiques. Pendant plus de 6 mois, elle a échangé avec les co-autrices sur différents sujets, tels que « Faut-il en vouloir aux générations responsables du réchauffement climatique ? ». Elle a notamment réalisé que, depuis 30 ans, de nombreuses personnes se mobilisent pour la planète, et s’est sentie inspirée par leurs histoires.

Pour la jeune belge, le plus grand défi est de faire face aux lobbys qui travaillent en permanence à détruire le message que les activistes essaient de mettre en lumière. « Il faudra des centaines de milliers de personnes dans les rues pour combattre leur pouvoir, c’est pourquoi les jeunes ont un véritable rôle à jouer et chacun doit s’engager », explique-t-elle. Chaque action compte pour faire bouger les choses : du choix de notre banque, de notre alimentation et de nos vêtements aux projets personnels qu’on choisit de mener. Même si l’impact de nos efforts n’est pas directement visible, il faut toujours garder en tête que c’est la bonne chose à faire. En bref, « Engageons-nous, parce que si on n’essaie pas, on n’y arrivera pas ! ».

Faire bouger les lignes… et ne rien lâcher

Heureusement, Adélaïde Charlier a le sentiment que les citoyens belges prennent de plus en plus conscience du phénomène climatique, même s’ils ne changent pas tous leurs habitudes. A Liège, une Ceinture aliment-Terre composée de coopératives de fermiers est en train d’être mise en place autour de la ville. Des boutiques distribuent ainsi des produits locaux et de saison à un prix juste, attirant tout type de clients.

Il y a aussi NewB, la première banque belge coopérative, éthique et durable, qui n’investit que dans des actifs respectueux de l’environnement. Selon elle, la transition écologique doit mobiliser à tous les niveaux, et c’est l’opportunité d’inventer une société plus positive et respectueuse du monde qui nous entoure. 

Et pour la suite ?

Depuis notre rencontre, Adélaïde Charlier a eu la chance de participer à la COP26 à Glasgow. Elle continue aussi ses nombreux projets, par exemple pour donner la parole aux leaders des peuples autochtones rencontrés en Amérique latine. Ces peuples, qui représentent les premières victimes des catastrophes climatiques, feront bientôt l’objet d’un documentaire. Sur le plan personnel, elle poursuit ses études à l’Université.

Malgré son jeune âge, son énergie et sa détermination sont une véritable source d’inspiration pour tous ceux qui souhaitent passer à l’action face au dérèglement climatique. Et elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin : “Je ne sais pas où je vais, ni ce que je vais faire. Mais je suis persuadée que je vais être active comme je le suis aujourd’hui tout au long de ma vie et que je vais continuer à chercher des moyens de m’engager.”.

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