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Appels au cessez-le-feu dans les pays en guerre pour lutter contre le coronavirus

Dans les pays en guerre, des appels à cesser les combats sont lancés afin de se concentrer sur la lutte contre l’épidémie de Covid-19. Au moins temporairement.

Le 18/04/2020 par Pauline Vallée
Elif Bilgin
Elif Bilgin

Le coronavirus aura-t-il le mérite d’apaiser – au moins un temps – les conflits mondiaux ? Depuis le début de la pandémie, décrété le 11 mars dernier par l’Organisation Mondiale de la Santé, plusieurs pays ont annoncé leur volonté de garantir provisoirement la paix afin de se concentrer sur la crise sanitaire.

Un des exemples les plus éloquents est le Yémen, qui connaît son premier cessez-le-feu national depuis 2016 grâce à l’accord conclu entre le gouvernement et le mouvement rebelle houthi, note le  Financial Times. 

Ce geste d’apaisement fait écho à l’appel d’Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, le 23 mars, en faveur d’un “cessez-le-feu immédiat, partout dans le monde”. Un projet de résolution remis par la Tunisie au Conseil de sécurité des Nations Unies en début de semaine propose dans la foulée « un cessez-le-feu humanitaire mondial” afin de lutter contre la pandémie, selon l’AFP. Mais le Conseil de sécurité ne s’est pas encore prononcé sur la question, faute d’accord entre ses cinq membres permanents (Etats-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, France). 

En attendant, en Colombie, l’armée de libération nationale (ELN) a également annoncé une suspension des combats pour une durée d’un mois, potentiellement prolongeable, rapporte la BBC .

Si l’intention est louable, l’application de ces trêves reste, comme on pouvait s’en douter, aléatoire. Les Forces de défense du Cameroun du Sud ont ainsi annoncé le 25 mars une suspension des combats pendant 14 jours, initiative saluée par l’ONU mais qui n’a malheureusement pas été suivie par les autres groupes séparatistes. La paix est aussi fragile aux Philippines, où le Parti communiste et le gouvernement se sont engagés à cesser les hostilités jusqu’au 15 avril. 

Le cas syrien

Théâtre d’un des conflits les plus meurtriers du XXIe siècle, et voisine de l’Iran, un des pays les plus touchés par l’épidémie, la Syrie concentre les inquiétudes. L’ONU, l’Union Européenne, le président américain Donald Trump et le président turc Recep Tayyip Erdogan ont appelé ce mercredi à l’instauration d’un cessez-le-feu dans tout le pays afin de lutter contre la propagation du virus.

Une dizaine de cas positifs au Covid-19 ont été officiellement déclarés par le régime syrien, mais ce chiffre pourrait être bien plus important selon des médecins locaux. Une contamination massive serait une catastrophe pour la population syrienne, alors qu’une grande partie des infrastructures médicales ont été détruites et que 8 millions de personnes vivent dans des conditions sanitaires préoccupantes. 

« Cette menace commune ne connaît pas de frontière. Elle ne discrimine pas. Elle ne se préoccupe pas de ce que vous vivez dans des zones contrôlées par le régime syrien ou d’autres régions« ,  martèle sur Twitter  l’Office des envoyés spéciaux des Nations Unies en Syrie. 

L’appel a-t-il été entendu ? Les Forces démocratiques syriennes (FDS) ont salué la déclaration d’Antonio Guterres le 24 mars et ont confirmé leur volonté de ne pas s’engager dans une action militaire. « Ce ne sera pas facile, et il n’y a aucune garantie« , a ajouté Geir O. Pedersen, envoyé spécial des Nations Unies en Syrie, « mais les Syriens ont désespérement besoin que leur santé soit au coeur des priorités« .

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