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Élections : « Associer le tirage au sort et le vote blanc pour mieux représenter les Français »

Le 27/05/2019 par WeDemain
Il faut distinguer l’abstention du vote blanc. (Crédit : Shuttertock)''
Il faut distinguer l’abstention du vote blanc. (Crédit : Shuttertock)''

Les commentateurs de la vie politique parlent d’une « belle » participation aux européennes, la réalité mérite d’être nuancée. Compte tenu de l’abstention (49,88 %), les résultats des formations politiques sont à relativiser : le RN n’a en réalité obtenu que 11,34 % des voix des inscrits sur les listes électorales ; LREM 10,8 % ; EELV 6,5 %… 
 
Parmi les votants on peut aussi relever que 4,54 % des votants ont choisi le vote blanc ou nul. C’est particulièrement significatif ! Face à la désespérance de nombreux français il est urgent de réinventer notre modèle électoral.

Des votes comptabilisés mais non pris en compte

Malgré la présence de 34 listes, la quantité n’a fait pas la qualité des candidats et beaucoup d’électeurs on fait un choix par défaut. Dans mon propre entourage beaucoup de personnes n’avaient aucune idée de la liste pour laquelle ils allaient voter quelques heures seulement avant le scrutin.
 
Aujourd’hui, les votes blancs sont comptabilités dans le résultat de l’élection mais ils ne sont pas pris en compte alors que les électeurs ont fait leur devoir. Ces électeurs blancs se sont rendus au bureau de vote, ils ne sont pas abstenus mais ils ont refusé de choisir entre les différents candidats en lice.
 
Les personnes qui expriment un vote blanc souhaitent envoyer un message aux candidats et aux partis en présence, pourtant ces votes ne pèsent pas dans le résultat final. Une proposition de loi avait été déposée en 2012 pour faire reconnaître le vote blanc comme un acte citoyen. S’il était considéré comme un suffrage exprimé cela ferait baisser le taux d’abstention. C’était aussi une des revendications du mouvement des gilets jaunes.

La vraie valeur qui compte c’est la confiance

Les électeurs sont perdus par un paysage politique qui ne leur ressemble plus. Il faut leur offrir la possibilité de voir de nouveaux courants d’opinions mieux entendus dans leur diversité avec une loi électorale plus juste.
 
La crise politique actuelle est une crise de confiance. Les citoyens ne font plus confiances aux partis politiques, et les politiques, portés par la démocratie représentative malade, ne font pas véritablement confiance aux citoyens.
 
Il est essentiel de rétablir cette confiance en inventant un nouveau système démocratique pour traverser une période agitée où la légitimité des décisions est sans cesse remise en cause et les lois de plus en plus difficilement applicables.
 
Les représentants politiques doivent retrouver la confiance des citoyens pour les représenter effectivement, proposer de vrais projets et prendre les bonnes décisions. Ils doivent retrouver la capacité de réagir aux aléas du présent sans hypothéquer l’avenir.
 
Parallèlement, les citoyens doivent être remis au cœur des processus démocratiques et des décisions qui doivent concilier ambitions économiques et préoccupations sociales. En somme, il faut réinventer notre démocratie en intégrant ces deux dimensions en apparence contradictoires mais conciliables à condition de rendre le vote blanc signifiant.

Offrir une vraie alternative aux citoyens insatisfaits par l’offre politique

Il faut distinguer l’abstention du vote blanc. L’abstention correspond à un désintérêt ou à un rejet pour l’offre politique et finalement ceux qui ne votent pas abandonnent leur pouvoir à ceux qui votent. Le bulletin blanc exprime quant à lui un intérêt pour la politique et la volonté d’être représenté autrement. Malheureusement cet autrement n’a pas de réponse aujourd’hui.
 
Pour que le processus démocratique puisse fonctionner, il faut offrir de nouvelles formes de reconnaissances aux citoyens qui ne se reconnaissent pas dans l’offre politique actuelle.
 
Pour encourager les électeurs à s’exprimer positivement (plutôt que dans l’absentions ou dans des listes « attrapes tout ») notre système électoral pourrait attribuer un pourcentage de sièges correspondant au pourcentage de votes blancs exprimés.
 
L’électeur pourrait alors avoir le choix des convictions et voter pour la liste qu’il estime la plus à même de le représenter ou faire confiance au tirage au sort, considérant qu’il sera toujours mieux représenté par ce dernier.

Le tirage au sort est plus démocratique qu’il n’y parait ! 
 
Certains opposeront que le tirage au sort des citoyens n’est pas démocratique, mais savent-ils qu’il a été exercé pour la première fois par la démocratie athénienne dans la Grèce Antique et qu’il est toujours d’actualité pour les jurys d’assises ?
 
Finalement, on se dit souvent que des citoyens « lambda » pourraient faire aussi bien que des élus qui n’ont pas toujours plus d’expériences. Les partis politiques gomment les nuances de la représentation en imposant des votes partisans à leurs membres. Rendre le vote blanc signifiant offrirait un nouveau mode de représentation de la pluralité des opinions des citoyens dans les instances parlementaires.
 
Cette nouvelle alternative aurait plusieurs bénéfices. D’une part elle reconduirait de nombreux électeurs abstentionnistes sur le chemin des isoloirs, ensuite elle permettrait une régénération de l’offre politique.
 
Les partis politiques, aujourd’hui élus par défaut, devraient profondément réviser leur offre électorale pour correspondre effectivement aux souhaits des français. Enfin, le tirage au sort aurait le mérite de mieux représenter un certain nombre de français qui sont effectivement peu ou pas représentés par les partis traditionnels (c’était d’ailleurs une demande formulée lors du grand débat et par une partie des gilets jaunes).
 
Tous les citoyens auraient une égale probabilité d’être sélectionnés, quels que soit leur âge, leurs religions, leurs métiers… ce qui est très loin d’être le cas dans la représentation actuelle.
 
Pour conclure je citerai Michel Serres : « Nous sommes en train de vivre une période exceptionnelle de l’Histoire : toutes les institutions que nous avons créées l’ont été à une époque où le monde n’était pas ce qu’il est devenu ».
 
Pour que cette solution soit prise en compte par les décideurs politiques, je vous invite à joindre votre signature à cette pétition ainsi qu’un commentaire et à la diffuser autour de vous : « Associer le tirage au sort et le vote blanc pour mieux représenter tous les Français ! »
 
Merci par avance pour votre soutien à cette initiative citoyenne et non partisane.

À PROPOS DES AUTEURS :

Yann-Maël Larher est le confondateur de okaydoc.fr, une communauté de chercheurs et d’experts dédiés à la transformation numérique des organisations. 
Il est Docteur en droit social et spécialiste des relations numériques de travail.

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