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Written by 15 h 29 min Déchiffrer, Politique

Marseille, Lyon, Bordeaux… Butin record et position de force pour les écologistes

Lyon, Marseille, Strasbourg, Bordeaux… Dimanche, lors du second tour des élections municipales, un nombre record de villes a été conquis par des listes écologistes. Quels sont les ressorts de cette « vague verte » ? Annonce-t-elle un changement durable dans le paysage politique local et national ? Analyse.

Le 29/06/2020 par Morgane Russeil-Salvan

La marée verte dépasse les pronostics les plus optimistes : les écologistes, alliés à la gauche, l’emportent dans une dizaine de villes de plus de trente mille habitants, à commencer par les capitales régionales que sont Lyon, Marseille, Strasbourg et Bordeaux. Mais aussi à Besançon, Grenoble, Poitiers, Tours, Annecy, Givors, et en région parisienne Colombes ou Savigny sur Orge.

L’effet booster du Covid-19

Les sondages indiquaient depuis plusieurs mois que l’urgence climatique, l’environnement et la santé étaient devenus les premières préoccupation des Français, devant même l’emploi, le pouvoir d’achat et la sécurité. La crise du Covid-19 a mis en avant les sujets sanitaires, eux aussi connectés aux problématiques écologiques. Résultat, la campagne des municipales s’est faite largement autour des espaces verts, des pistes cyclables et du bio dans les cantines.

Pour autant, personne n’attendait une telle irruption des écologistes, avec ces nouveaux visages qui prennent le fauteuil de notables installés. Ils s’appellent Grégory Doucet, qui met un terme à 20 ans de règne de Gérard Collomb à Lyon ; Michèle Rubirola, à Marseille, qui clot 25 années de mandats de Jean-Claude Gaudin ; Pierre Hurmic, après trois 75 ans de domination de la droite à Bordeaux. Tous ont bénéficié d’un besoin de renouvellement, sinon d’un nouveau dégagisme. À eux maintenant de changer concrètement la vie quotidienne de leurs administrés.

Des conséquences nationales

Voilà les Verts en pôle position à gauche pour les régionales de l’an prochain, et plus encore… la présidentielle de 2022, obligeant l’exécutif à réagir.
Dès dimanche soir, Emmanuel Macron a fait savoir qu’il entendait « apporter des réponses fortes et à la hauteur des enjeux et des attentes écologiques des Français ». Lundi, il a affiché « son ambition écologique » en endossant quasiment toutes les propositions  – il y en a 149 – des 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat.
   
Toutes seront transmises au gouvernement, au parlement, ou soumises à référendum, à l’exception de trois d’entre elles : la réécriture du préambule de la constitution, la limitation de vitesse à 110 kmh sur les autoroutes, et la création d’une taxe de 4 % sur les dividendes qui selon lui risqueraient de décourager les investissements étrangers. Les organisations écologiques, comme Greenpeace, dénoncent le flou, les filtres, et l’absence de calendrier.

La promesse d’un tournant écologique

Le chef de l’État a également enclenché un remaniement. L’objectif : installer un gouvernement qui devra mettre en oeuvre le nouvel épisode de son quinquennat, où l’écologie figurera parmi les priorités. Édouard Philippe a fait savoir « qu’il y a des choses qu’il sait faire, et d’autres pas », sous entendant qu’il n’assumerait pas un virage trop écologique.

Les Verts, échaudés par l’épisode de la démission de Nicolas Hulot, ont assuré qu’ils déclineraient toute proposition d’entrer au gouvernement. Le début d’une nouvelle ère politique où l’écologie s’érigerait en arbitre des grands débats économiques et sociaux ? Rien ne le garantit, mais les ingrédients n’ont jamais été à ce point réunis.

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