Label rouge, Agriculture biologique, Haute valeur environnementale, AOP… Difficile de s’y retrouver dans la jungle des labels alimentaires et autres certifications de qualité ou de durabilité qui parsèment les rayons. Peut-on vraiment compter sur la fiabilité de ces démarches ?
C’est la question à l’origine de ces deux études menées simultanément par Le Basic, Greenpeace et WWF d’un côté ; et l’UFC Que Choisir de l’autre. Selon les organisations, la profusion et l’hétérogénéité de ces démarches sèment la confusion chez les consommateurs.
Au total, ce sont plus d’une trentaine d’initiatives qui ont été décortiquées. Pour les réaliser, l’UFC Que Choisir, accompagnée de l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), s’est penchée sur 8 AOP fromagères et 12 viandes Label rouge. En effectuant une “lecture critique” des cahiers des charges présentés par ces signes officiels.
Légèrement différente, l’étude de Greenpeace, WWF et Le Basic va un peu plus loin. Et cherche à évaluer les impacts “environnementaux et socio-économiques” de onze initiatives publiques et privées. Pour cela, ils ont mis au point une grille d’analyse de non-durabilité. Celle-ci comprend quatorze critères allant de l’impact sur le climat aux conditions de travail. « Notre étude est assez inédite dans la mesure où elle est systémique », déclare Joseph d’Halluin, chargé de campagne agriculture chez Greenpeace France.
Promesses versus Réalité des labels alimentaires : des résultats disparates
Dans cette dernière se retrouvent en bas du tableau les démarches dites de « certification environnementale ». Telles que, Haute valeur environnementale, Agri confiance et Zéro résidu pesticides. Dont les effets positifs sont très peu visibles, voire « non démontrables ». En revanche, le bio « tire son épingle du jeu ». L’étude indique que les démarches respectant le cadre de l’agriculture biologique obtiennent « les bénéfices socio-économiques et environnementaux les plus forts et les plus homogènes ». Bio équitable en France en tête de file.
Parmi les démarches dites de filières, Alain Bazot, président de l’UFC Que Choisir, constate qu’une même certification « permet de dissimuler aussi bien du traditionnel que quelque chose qui se rapproche considérablement de ce qui est purement et simplement industriel ». D’après leur analyse, c’est le cas pour 3 AOP : saint-nectaire, cantal et munster. Dont la réglementation de la production fromagère ne diffère que très peu de l’équivalent industriel. Et ne « mérite pas leur appellation ». Même problème au sein du Label rouge, où c’est la filière porc qui fait figure de mauvais élève. Sur ce point, les résultats des deux études se rejoignent. Il y a “boire et à manger”, affirme Arnaud Gauffier, directeur des programmes du WWF France.
Des démarches inégales et un contrôle limité
Comment expliquer de tels décalages entre les démarches ? Même au sein de certaines d’entre elles ? Les résultats de l’étude de Greenpeace et WWF mettent en avant une opposition entre les approches. Les initiatives obtenant de mauvais résultats sont celles qui s’inscrivent dans des démarches de progrès avec des conditions très souples. Comme l’explique Arnaud Gauffier avec Agri confiance : “C’est purement une démarche d’amélioration continue, avec un seuil d’entrée qui est très très bas et très peu d’interdictions […]. C’est incomparable avec une démarche comme Agriculture biologique qui a un seuil d’entrée très élevé, avec beaucoup d’interdictions et d’exigences légales.”
Pour AOP et Label rouge, le problème vient du fait que les réglementations restent entre les mains des professionnels qui gèrent eux-mêmes l’élaboration des cahiers des charges. L’INAO (Institut national de l’origine et de la qualité) n’ayant aucune prise pour les contraindre d’évoluer et les contrôles étant « trop peu indépendants » car effectués par des organismes liés aux filières.
Face à de telles disparités, les organisations estiment que les démarches ne jouent pas leur rôle de garantie et ne méritent pas toutes le soutien des pouvoirs publics. À l’instar d’HVE, directement pointée du doigt. Elles appellent donc à une “révision des conditions de certifications” et exigent une adaptation de l’aide publique selon les effets positifs réels, et non les « intentions affichées ».