Partager la publication "Présidentielle 2022: une « Primaire populaire » pour unir gauches et écolos"
L’union des gauches à la présidentielle 2022 est-elle encore possible ? Pour l’heure, les bataillons sont divisés. Mais des citoyens veulent encore y croire. Le collectif « La primaire populaire » lance un pré-scrutin pour faire émerger dès l’automne 2021 un candidat unique défendant les valeurs « sociales, écologiques et démocratiques ». Seule façon selon lui de déjouer un duel Macron-Le Pen.
À l’origine de ce collectif, beaucoup de jeunes et des membres de la société civile. Ils sont aussi soutenus par des personnalités comme le réalisateur Cyril Dion, la sociologue Dominique Méda ou la représentante des Gilets jaunes Priscillia Ludosky.
Mathilde Imer, porte-parole du collectif, revient sur le principe et les enjeux de cette « primaire pop ».
- WE DEMAIN : Comment va se dérouler cette primaire populaire ?
Mathilde Imer : Le collectif va sélectionner d’ici le mois d’août des personnalités susceptibles d’être candidates. Comme Nicolas Hulot, Jean-Luc Mélenchon, Anne Hidalgo, Eric Piolle… Les citoyens « parraineront » ceux qu’ils veulent voir participer et pourront proposer d’autres noms s’ils le souhaitent. On conservera les 10 noms les plus soutenus : cinq hommes, cinq femmes. Un débat sera alors organisé, puis un vote aura lieu fin octobre. Il se fera au « jugement majoritaire » (avec des mentions allant de « excellent », à « insuffisant », ndlr). Le gagnant sera celui qui est globalement le mieux évalué. De quoi éviter le vote utile, et créer une équipe sur la base des vrais rapports de forces.
Mélenchon, Hidalgo, Jadot… qui pour jouer le jeu ?
- Mais cette union ne semble pas encore évidente. Comment convaincre les candidats de s’effacer ?
La réponse est dans l’élan populaire. Si on a suffisamment de citoyens qui croient en un tel processus, qui ont envie de faire émerger une candidature gagnante à la présidentielle 2022, alors les partis politiques suivront. On voit bien qu’ils sont de moins en moins forts. La plus grosse base militante est celle de Jean-Luc Mélenchon avec 200 ou 250 000 soutiens sur « Je vote pour ». Si on a plus, si on a 300 000 personnes par exemple avant l’été, nous aurons des arguments pour les convaincre. Et nous espérons même avoir 2 millions de participants à la primaire populaire. Aujourd’hui, les partis politiques créent de la défiance. Ils ne peuvent s’en sortir sans la société civile.
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- Quels candidats sont prêts à jouer le jeu ?
Jean-Luc Mélenchon est clair : il n’est pas intéressé. Il dit « Je suis déjà candidat », s’il y a un rassemblement, c’est derrière moi. À l’opposé, on a Sandrine Rousseau, qui est candidate à la primaire écolo, qui dit « si je la remporte, je participe à la primaire populaire ». On a aussi la bienveillance d’Eric Piolle et Yannick Jadot. Anne Hidalgo ne veut pas de primaires PS, ni de primaire écolo élargie, mais semble plutôt favorable à une primaire plus large. Pareil pour Arnaud Montebourg. Mais les partis ne se prononceront vraiment qu’à la rentrée 2021. Pour l’heure la présidentielle 2022 n’est pas dans l’esprit des Français.
70 % d’idées communes parmi ces acteurs politiques
- Toutefois, vous avez déjà établi une liste de 10 propositions communes avec divers partis et personnalités. Qu’est-ce qui les rassemble ?
Avec ces mesures de rupture écologiques, sociales, démocratique, l’idée est de montrer qu’il y a 70 % de commun à tous ces acteurs politiques. On s’est beaucoup inspiré des revendications des mouvements sociaux ces dernières années, comme le Pacte du pouvoir de vivre, Plus jamais ça, La rencontre des Justices. L’idée c’est que tous les candidats puissent les endosser. Bien sûr, on sait que sur les sujets chauds sur les questions d’identité, la constitution, l’Europe, par exemple, ils ne sont pas tous d’accord. Mais l’idée est d’éviter les déboires de 2017 en rappelant qu’il y a plus de points communs que de divergences. Surtout quand on regarde ce qu’il y a en face.
- Et si cela marche, vous pensez qu’ils arriveraient à gouverner ensemble ?
Tout à fait. Mitterrand et le PCF, ce n’était pas non plus le grand amour. Ils ont réussi à le faire. Joe Biden a composé avec Bernie Sanders et l’aide gauche radicale du Parti démocrate. Il y a des exemples dans l’histoire et dans d’autres pays qui montrent que cela fonctionne.
- Mais comment mobiliser 2 millions de Français, créer l’élan populaire dont vous parlez, au-delà de petits cercles parisiens ?
Déjà nous avons dans notre équipe et parmi les signataires une grande diversité d’acteurs, entre quartiers populaires zones rurales, dans toute la France. Ensuite, il y aura un vote en ligne et un vote physique pour permettre à tous de participer à ces primaires. Et l’on sait que le relais des bureaux de vote locaux est l’une des clés pour exister sur l’ensemble du territoire.