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COP28 : comprendre les enjeux du sommet pour le climat en 5 minutes

À partir du 30 novembre, les diplomates issus de 197 pays se réunissent à Dubaï, ville et émirat des Émirats arabes unis, dans le cadre de la COP28 organisée par les Nations unies. Ils seront entourés d’acteurs du monde associatif mais aussi de lobbyistes du monde entier afin de discuter des méthodes et solutions à mettre en place pour lutter contre le réchauffement climatique et ses effets délétères tant sur la planète que sur tous les êtres vivants qui la peuplent. Au total, quelque 70 000 personnes devraient participer à la conférence, dont 36 000 délégués officiels, négociateurs et médias.

À l’issue de cette COP28, dont la clôture a été fixée au 12 décembre, l’objectif est de s’être mis d’accord sur un nouveau un plan visant à accélérer la transition mondiale vers l’abandon des combustibles fossiles, qui sont des contributeurs majeurs au réchauffement climatique. L’an passé, en 2022, la COP27 s’était tenue en Égypte et avait notamment abouti sur un accord afin de créer un fonds pour aider les pays pauvres et vulnérables à faire face aux catastrophes climatiques qui se multiplient en raison des gaz à effet de serre (GES) rejetés dans l’atmosphère par les pays industrialisés. En revanche, la réduction des émissions avait été laissée de côté. La COP28 devrait s’attaquer à ce sujet… mais rien n’est moins sûr.

La COP28, une conférence sous les feux de la critique

Avant même d’avoir commencé, la COP28 fait l’objet de nombreuses critiques et même d’appel à boycott. En cause, non seulement le choix du lieu de l’événement – Dubaï n’est pas spécialement connue pour sa sobriété – mais aussi et surtout le curriculum du président de la conférence pour le climat. C’est le sultan Ahmed al Jaber qui dirigera cette COP28. Désigné par les Émirats Arabes Unis, pays organisateur, il est le PDG de l’entreprise publique Abu Dhabi National Oil Company (Adnoc), mastodonte du marché des énergies fossiles mondiales. On a vu mieux comme preuve d’un engagement réel et profond envers la réduction des émissions de GES (et donc l’abandon progressif des énergies fossiles).

Des lobbys pétroliers qui seront d’ailleurs très présents dans les allées de la COP28 mais qui, selon les révélations de la coalition Kick Big Polluters Out (KBPO), sont déjà très présents. Et depuis longtemps. Selon KPO, des délégués travaillant directement ou indirectement pour les plus grandes sociétés pétrolières et gazières du monde ont assisté à des négociations sur le climat au moins 7 200 fois au cours des 20 dernières années. Un long travail de sape en somme.

Pour cette COP28, ce lobbying en faveur des énergies fossiles risque bien de se faire non plus en coulisse mais en plein soleil à Dubaï. D’ores et déjà, Adnoc prévoit d’investir 150 milliards de dollars dans l’expansion de ses capacités pétrolières et gazières au cours de cette décennie alors même que le GIEC a clairement stipulé que tout nouveau projet d’énergies fossiles est incompatible avec l’objectif de 1,5 °C de la COP21.

Quel est l’objectif de cette conférence pour le climat ?

Cette COP28 va s’ouvrir avec trois grands objectifs en ligne de mire. Le premier, et non des moindres, est d’établir un bilan mondial. À savoir de réaliser une évaluation formelle afin de savoir quels pays sont sur la bonne voie pour atteindre l’objectif de la COP 21 (Paris en 2015) avec une limitation de l’augmentation des températures mondiales moyennes à 1,5 degré Celsius au-dessus des niveaux préindustriels. Un objectif qui semble s’éloigner à mesure que le temps passe. La planète s’est déjà réchauffée de 1,2 degré et les émissions qui sont à l’origine de ce changement augmentent au lieu de diminuer.

Le deuxième objectif est de finaliser le travail entamé l’an dernier en Égypte afin de créer un fonds de « pertes et dommages » pour les pays les plus pauvres, qui sont aussi bien souvent en première ligne du réchauffement climatique. Il s’agira de répondre à deux questions cruciales : qui cotisera au fonds et qui aura accès à l’argent.

Enfin, le troisième objectif de cette COP28 est aussi le défi le plus ambitieux. Il s’agit de trouver un accord politique visant à remplacer les combustibles fossiles polluants par des énergies propres telles que l’énergie éolienne et solaire. Ce plan de réduction de l’utilisation des énergies fossiles sera-t-il accepté par suffisamment de pays, et dans des proportions significatives, ou de nombreuses réserves seront-elles soulevées ? Au regard du pays organisateur, du président de la COP28 et de la présence très prononcée des lobbies du pétrole et du gaz à cette conférence pour le climat, le pessimisme est de vigueur à l’heure actuelle. Nous aurons la réponse mi-décembre.

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