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GIEC : Robert Vautard succède à Valérie Masson-Delmotte

Le directeur de l’Institut Pierre Simon Laplace (IPSL) a été élu co-président du groupe du groupe du GIEC qui travaille sur l’évaluation scientifique du réchauffement planétaire. Il collaborera avec le nouveau président du GIEC, l’Écossais Jim Skea.

Le 28/07/2023 par Vincent Rondreux
Réchauffement GIEC
Un nouveau bureau a été élu au GIEC, pour des prochaines années cruciales. Crédit: VR
Un nouveau bureau a été élu au GIEC, pour des prochaines années cruciales. Crédit: VR

Changement de bureau au Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) qui va débuter un nouveau cycle de travail, le 7ème depuis les années 1990. D’un côté, le professeur d’énergies renouvelables écossais Jim Skea remplace l’économiste coréen Hoesung Lee à la tête de l’institution. De l’autre, un Français est à nouveau co-président du groupe 1 après Valérie Masson-Delmotte. Un groupe chargé de l’évaluation scientifique du réchauffement planétaire.

Il s’agit de Robert Vautard, directeur de l’Institut Pierre Simon Laplace (IPSL). Robert Vautard sera accompagné par le Chinois Xiaoye Zhang, spécialiste de la chimie et la physique de l’atmosphère. Et qui a également été élu co-président de ce groupe de travail. Valérie Masson-Delmotte avait précédemment annoncé qu’elle quittait ses fonctions au GIEC et retournait à ses recherches.

Jim Skea: un collaborateur du GIEC depuis 30 ans

Jim Skea, 69 ans, a été élu avec 90 voies sur les 195 gouvernements membres du GIEC. Cet enseignant du prestigieux Imperial College London était opposé à Thelma Krug, ancienne chercheuse à l’Institut national de recherche spatiale du Brésil (69 voies). Thelma Krug était jusqu’alors vice-présidente du GIEC. Elle est également conseillère scientifique de la Commission du dépassement de 1,5°C de réchauffement.

Tous deux avaient précédemment devancé le climatologue belge Jean-Pascal van Ypersele, et la biogéographe sud-africaine Debra Roberts. Jamais une femme n’a encore réussi à présider le GIEC. Néanmoins, les femmes autrices y sont passées de 8 à 33 % en trois décennies, selon l’organisme Carbon Brief.

Jim Skea. Crédit: IPCC

Jim Skea cumule les collaborations avec le GIEC depuis les premiers rapports de cet organe scientifique des Nations-Unies. En 2017, il avait été nommé vice-président du groupe 3, consacré aux moyens d’atténuer le réchauffement. Un groupe comprenant notamment économistes, ingénieurs…

Après l’expert en énergies indien Rajendra Pachauri en 2002 et Hoesung Lee en 2015, c’est le troisième président consécutif issu de ce groupe de travail.

Les deux premiers présidents du GIEC étaient quant à eux respectivement météorologue et chimiste de l’atmosphère. Il s’agit du Suédois Bert Bolin, co-fondateur en 1988, et du Britannique Robert Watson, qui lui a succédé en 1997.

Jim Skea promet « inclusivité », « intégrité scientifique » et « pertinence politique des rapports ». Mais sa tâche s’annonce délicate: diriger les travaux du GIEC pour le reste de la décennie. Des années durant lesquelles l’humanité devra inverser la courbe des émissions de gaz à effet de serre… Si elle désire conserver l’espoir de limiter le réchauffement planétaire. Une « menace existentielle pour notre planète », a déjà prévenu la nouvelle figure de proue du GIEC. Tout en ayant souligné avant son élection : « Nous devons envisager la possibilité de dépasser 1,5 ºC. »

Robert Vautard, expert des répercussions régionales des changements climatiques

Élu de son côté à la tête du groupe du GIEC qui rassemble en particulier climatologues et autres experts de l’atmosphère, Robert Vautard a remplacé en 2019 Hervé Le Treut à la direction de l’IPSL, institut français spécialisé dans l’étude du système terrestre. Auteur ou co-auteur de plus de 200 publications internationales, Robert Vautard s’est imposé comme un expert de l’influence du changement climatique sur la météorologie régionale et les événements extrêmes.

Robert Vautard. Crédit: IPSL

Après plusieurs collaborations avec le GIEC, il a notamment co-coordonné le chapitre 12 du dernier rapport du groupe 1, publié en 2021: « Informations sur les répercussions régionales des changements climatiques et l’évaluation des risques ». Ce travail montre en particulier que certaines régions, comme la Méditerranée, sont très exposées.

« Nous avons aujourd’hui un ensemble d’éléments pour dire que le climat a déjà changé à peu près partout, dans toutes les régions du monde. » Pour dire également « que dans un avenir proche, une vingtaine d’années, nous aurons des changements encore plus forts », avait-t-il commenté. En s’attendant par exemple à ce « que les 40 °C soit dépassés tous les ans, voire largement parfois », en France. Ou en confirmant que le manque d’eau par endroits est « un phénomène assez irréversible ». Parce que « l’histoire est déjà un peu écrite pour les vingt ans qui viennent ». Il s’agit donc maintenant de travailler pour « savoir si le climat de la fin du XXIème siècle sera réchauffé de 1,5-2 °C ou de 4 °C », prévient-il.

« Une nouvelle reconnaissance de l’expertise scientifique française« 

Robert Vautard est en plus un expert des techniques de détection et d’attribution au réchauffement des événements extrêmes. Il coordonne actuellement le projet européen Xaida. Objectif : « Mieux prédire l’influence du changement climatique sur les événements météorologiques et climatiques extrêmes en utilisant de nouveaux outils d’intelligence artificielle. »

Ce directeur de recherche du CNRS reprend donc pour la France le flambeau porté depuis 2015 par la paléoclimatologue Valérie Masson-Delmotte. Elle-même avait pris le relais de son confrère Jean Jouzel, ancien vice-président du groupe 1.

« Cette élection est une nouvelle reconnaissance de l’expertise scientifique française sur l’enjeu de notre siècle qu’est le changement climatique et plus largement sur les enjeux de transition écologique et de développement soutenable », a commenté le ministère de Transition énergétique et de la Cohésion des territoires.

La capacité de Robert Vautard « à diriger de grandes équipes scientifiques est avérée, de par ses responsabilités  passées (…) Son attachement constant à rendre les résultats scientifiques utilisables par la société sera un atout pour les missions du GIEC », avait précédemment fait valoir la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher. C’était dans la lettre de candidature adressée par le Gouvernement français à l’organe onusien. Un Gouvernement par ailleurs prêt à « héberger l’Unité de soutien technique (TSU) de ce groupe de travail 1. »

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