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Jean-Jacques Fasquel, artisan du compost

Parmi les 850 membres de Coopaname, des personnes ayant accompli un virage professionnel pour être en accord avec leurs valeurs. Ils exercent de nouveaux métiers et, grâce à cette coopérative, ils bénéficient (presque) du même statut qu’un salarié. Une nouvelle forme de travail, voire… de démocratie. Portraits de ces explorateurs d’un nouveau monde. Premier volet de notre série avec Julie-Lou Debreuil, bergère urbaine.

Le 06/09/2018 par Emmanuelle Vibert
Jean-Jacques Fasquel (Crédit : Anne-Lore Mesnages)
Jean-Jacques Fasquel (Crédit : Anne-Lore Mesnages)

Cet article est le deuxième d’une série de trois portraits disponibles dans le numéro 23 de la revue We Demain en septembre 2018.

Le premier à avoir créé un compost collectif en pied d’immeuble à Paris, c’est lui, Jean-Jacques Fasquel, 53 ans.

C’était il y a dix ans, dans sa résidence HLM du 12e arrondissement de Paris. Ce communicant de formation avait quitté son poste de directeur du centre commercial Bercy Village trois ans plus tôt, avec le rêve de travailler dans l’écologie. En 2007, le voilà devenu consultant en développement durable au sein de Coopaname. L’année suivante, il crée le fameux compost qui va réorienter sa vie.

Il apprend d’abord sur le tas, au fond de son jardin, puis devient maître composteur après une formation en Belgique, suivie entre 2009 et 2010. Depuis, il donne des formations et des ateliers sur le compost, anime des sites internet dédiés au sujet, écrit des livres (Composter en ville, Rustica éditions, avril 2018)… 

Coopaname ? C’est pour lui « un projet politique fort, de solidarité, de coopération, alors que d’autres coopératives d’emploi ne sont que des coquilles techniques dont les valeurs s’approchent du capitalisme. » Il en a fait l’expérience.

Au bout de ses quatre premières années à Coopaname, il est parti pour s’inscrire dans une autre coopérative. « Je trouvais la gestion de Coopaname pas assez rigoureuse. Mais je suis revenu après cinq ans, en 2016. Dans l’autre coopérative, on versait des dividendes aux associés, on sélectionnait les candidats… Ce n’est pas le cas chez Coopaname. » 

Depuis, le maître composteur se sent bien là où il est. « C’est le bon statut pour moi qui n’ai aucune velléité de grandir ou d’embaucher. Je veux rester un petit artisan qui fait du bel ouvrage, avec du temps pour moi et un salaire décent. Je gagne 2 000 euros net par mois et ça me va. La moitié de mon chiffre d’affaires va dans les charges et dans le projet collectif, je trouve ça cohérent. »

Le maître composteur peut par ailleurs tester de nouvelles activités au sein de la coopérative : initiation à l’apiculture ou accompagnement à la gestion de jardins partagés.

« Je n’ai pas de plan de carrière, je travaille dans ce qui me passionne.« 

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