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Vincent de Montalivet veut « adapter le troc au XXIe siècle »

Avec Myrecyclestuff.com, il a lancé un réseau social spécialisé dans le troc. La plate-forme permet d’organiser les échanges entre les membres, selon un système circulaire à base d’algorithmes.

Le 18/11/2013 par WeDemain
Vincent de Montalivet. Crédits : Anaà¯d de Dieuleveult
Vincent de Montalivet. Crédits : Anaà¯d de Dieuleveult

Un « réseau social de troc circulaire », en quoi cela consiste ?
 

Myrecyclestuff.com est un réseau social qui fonctionne en connectant des profils individuels. Chacun peut y créer sa page et choisir les univers de troc dont il se sent proche : High-tech, déco, voyage, etc. On y trouve également des pages ressources (objets ou services proposés à la communauté), des murs pour interagir avec les autres et des groupes qui rassemblement les membres par communauté d’intérêts.

 
Le site propose des alternatives à l’échange direct entre deux personnes. Nous avons créé une place de marché qui permet de lier les besoins de plusieurs utilisateurs dans une chaîne circulaire : A donne à B qui donne à C qui donne à A.
 
Des algorithmes pour faire du troc… c’est un projet rétro-futuriste ?
 

Si vous mettez 100 personnes dans une pièce avec chacun des objets et des besoins différents, il faudra plusieurs jours au meilleur des mathématiciens pour proposer un système d’échange qui satisfasse chacun. Deux années de travail ont été nécessaires pour créer ces algorithmes qui permettent de récolter et connecter l’ensemble des propositions et des besoin exprimés sur le site. Mathématiquement, cela revient à résoudre un graphe en trouvant les plus courts chemins entre différents points. Une fois par semaine, les membres se voient proposer des offres de troc qui permettent de faire circuler objets et services dans la communauté. La valeur d’un objet est estimée grâce à des correspondances entre mots clés : un euro symbolique, un sandwich, une place de cinéma… Grâce à cette plate-forme, nous pouvons contrecarrer les problèmes de non-coïncidence entre besoins bilatéraux. Et ainsi adapter le troc au XXIe siècle.

Comment expliquez vous l’engouement citoyen pour ces nouvelles formes de consommation non monétarisées ? Est-ce seulement l’impact de la crise sur les porte-monnaie ?
 
La semaine dernière est sortie une étude qui affirmait que la moitié des français utilisaient les nouvelles formes de consommation collaborative. Achat vente, prêt, troc, dons entre particuliers sont en pleine hausse. Il y a effectivement une nécessité économique à cela : les astuces et les bons plans permettent de pallier les fins de mois difficiles.

Mais cette nouvelle économie répond également à des enjeux sociaux, en facilitant la mise en relation des individus. Par exemple, nous organisons régulièrement des trocs-parties durant lesquels les membres peuvent se rencontrer et chiner ensemble. Il y aussi une dimension environnementale : l’économie collaborative permet de réutiliser des biens qui ont déjà été achetés par d’autres.
 
Sur quel modèle économique repose la plate-forme et quelles perspectives offre-elle ?
 
C’est simple : nous avons un contrat avec un partenaire logistique qui permet à l’utilisateur de payer moins cher ses expéditions tout en nous laissant une marge. Nous sommes en train de concevoir comment cette technologie pourrait être appliquée à d’autres marchés que le troc entre particuliers, comme l’échange de matériel inter-entreprises ou l’échange d’espaces publicitaires entre éditeurs. À l’échelle d’un territoire, on pourrait aussi imaginer de relier les déchets des uns aux besoins des autres pour favoriser les réseaux d’économie circulaire. Une telle plate-forme permettrait une allocution des ressources plus efficiente.
 

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