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Au Rwanda, des drones pour acheminer des produits d’urgence

Le projet Red Line vise à livrer des médicaments et du matériel d’urgence par voie aérienne. Dès 2016, des drones capables de transporter 10 kg de matériel sur 50 km pourraient effectuer la liaison entre différents « ports ».

Le 30/09/2015 par WeDemain
Le projet Red Line vise à livrer des médicaments et du matériel d'urgence par voie aérienne. Dès 2016, des drones capables de transporter 10 kg de matériel sur 50 km pourraient effectuer la liaison entre différents "ports".
Le projet Red Line vise à livrer des médicaments et du matériel d'urgence par voie aérienne. Dès 2016, des drones capables de transporter 10 kg de matériel sur 50 km pourraient effectuer la liaison entre différents "ports".

Le projet de l’architecte britannique Norman Foster ressemble à de la science-fiction. Avec le projet Red Line (lignes rouges), ce passionné d’aviation à l’origine de nombreux gratte-ciels et aéroports dans le monde veut créer des « voies aériennes pour des drones transportant des produits d’urgence et précieux, à grande échelle. » Le tout vers des zones reculées du Rwanda, où seront construits des « ports de drones », autrement dit des pistes d’atterrissage.
 

« Certains drones spécifiques peuvent transporter du sang ou d’autres produits pouvant sauver des vies dans un rayon de 100 km pour un coût minime et fournir une alternative abordable aux livraisons par la route », expliquent les concepteurs du projet.

Ce dernier, imaginé par le cabinet d’architecture Foster + Partners, l’École polytechnique fédérale de Lausanne (Suisse) et son laboratoire Afrotech de développement des hautes technologies en Afrique, vise à lancer d’abord une première flotte de drones. Ceux-ci ressembleront à des petits avions de 3 mètres d’envergure, avec une hélice placée à l’arrière. Ils seront capables d’emporter chacun 10 kg de cargaison médicale ou d’urgence sur 50 km, vers ces zones où les habitants manquent de fournitures médicales de base.

Station essence à énergie solaire

Dans ces zones, les ports de drones, ou « drones-ports », serviront de centrales d’accueil des cargaisons. Selon Bilan , un magazine économique suisse, ils seront « conçus comme des stations essence du XXIe siècle ultra-intelligentes (…), une sorte de croisement entre une station essence à énergie solaire, un grand marché africain et un laboratoire technologique ».

« En Afrique, le fossé entre la croissance de la population et celle des infrastructures se creuse de façon exponentielle, a expliqué Norman Foster lors du lancement du projet, début septembre. Le manque d’infrastructures au sol a un impact direct sur la possibilité de livrer des biens vitaux, dans des endroits où des choses aussi basiques que du sang ne sont pas disponibles rapidement. »

Les premiers drones des « lignes rouges » doivent décoller en 2016 et les trois « drone-ports » prévus au Rwanda, être achevés d’ici à 2020, permettant aux appareils de couvrir près de la moitié du territoire du pays. Le premier modèle du genre est prévu au bord du lac Kivu.

Le Rwanda, exsangue et traumatisé après le génocide de 1994, s’est rapidement reconstruit et a connu une croissance rapide, favorisée notamment par le développement des nouvelles technologies, téléphonie mobile et Internet en tête. Le pays rêve de devenir à court terme un carrefour régional pour les hommes d’affaires, les multinationales et les investisseurs.

Une solution peu coûteuse

Mais pour l’heure, l’accès à certaines zones du « pays des Milles Collines », au relief accidenté, reste compliqué et les drones peuvent offrir une solution peu coûteuse. « L’arrivée de drones peut s’ajouter aux nombreuses solutions déjà disponibles pour surmonter les problèmes d’infrastructures au Rwanda », s’est réjoui Junior Sabena Mutabazi dans le quotidien rwandais progouvernemental New Times
 

« Avec le projet de « drone-ports », il s’agit de faire plus avec moins, de tirer parti des récentes avancées dans la technologie des drones – habituellement associés à la guerre – afin d’avoir un effet immédiat et de sauver des vies en Afrique », a souligné Norman Foster.

 

Plutôt que de développer des infrastructures coûteuses, les promoteurs du projet appellent à sauter les étapes, en passant directement à une technologie de pointe, mettant en avant l’exemple de la téléphonie mobile désormais disponible dans les zones les plus reculées du monde, où tirer des lignes terrestres était bien trop cher ou compliqué.
 

« Comme les téléphones mobiles ont permis de se passer de câbles téléphoniques, les drones-cargos peuvent surmonter les obstacles géographiques tels que les montagnes, les lacs, les rivières non navigables, sans infrastructures physiques à grande échelle », peut-on lire dans le document de présentation.

Mais le projet ne s’arrête pas là : après ces « lignes rouges »  viendront, à l’horizon 2019, des « lignes bleues ». Ses drones de 6 mètres d’envergure, destinés au commerce, auront une capacité d’emport de 100 kg sur 100 km. Les fondateurs du projet veulent en faire une source d’importants profits.

Lara Charmeil (avec AFP)
@LaraCharmeil

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