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Cet été, YouTube va dans les quartiers pour apprendre aux jeunes à se raconter en vidéo

Depuis le 4 juillet et pendant 100 jours, des membres de la filiale de Google sont en tournée dans toute la France pour apprendre à produire des vidéos grâce à un portable. Une manière de démocratiser l’accès à la création de contenus en ligne, mais aussi de lutter contre les discours de haine omniprésents sur le web.

Le 19/07/2016 par WeDemain
Depuis le 4 juillet et pendant 100 jours, des membres de la filiale de Google sont en tournée dans toute la France pour apprendre à produire des vidéos grâce à un portable. Une manière de démocratiser l'accès à la création de contenus en ligne, mais aussi de lutter contre les discours de haine omniprésents sur le web.
Depuis le 4 juillet et pendant 100 jours, des membres de la filiale de Google sont en tournée dans toute la France pour apprendre à produire des vidéos grâce à un portable. Une manière de démocratiser l'accès à la création de contenus en ligne, mais aussi de lutter contre les discours de haine omniprésents sur le web.

Et s’il suffisait de posséder un smartphone pour devenir caméraman ? YouTube tente l’expérience cet été. Pendant 100 jours, la plateforme vidéo de Google rend visite aux maisons de quartier et associations de vingt-cinq villes de France. Ce projet, intitulé « Toi-même tu filmes », a pour but d’encourager les adolescents et jeunes adultes à créer leurs propres vidéos avec des appareils mobiles. Le tout à travers des ateliers animés par des professionnels de l’audiovisuel et des YouTubers expérimentés.
 
« On leur montre qu’ils peuvent réaliser beaucoup de choses par eux-mêmes. Pas besoin d’avoir du matos de dingue pour faire tout ça », assure Victor Buu, l’un des intervenants de cette tournée. YouTuber de 19 ans, il compte plus de 19 000 abonnés sur sa chaîne YellowTotor. « Avec des intervenants jeunes, ils peuvent s’identifier plus facilement à ce qu’on fait. Ils peuvent me parler comme à un pote », ajoute le vidéaste.

Ouvertes aux 16-20 ans, les formations ont lieu dans des grandes villes (Rennes, Montpellier, Lyon, Marseille, Avignon, …), mais aussi, pour un tiers d’entre elles, en banlieue parisienne : Sarcelles, Sevran, Clichy-sous-Bois… Les ateliers se déroulent sur deux jours, par groupe d’une dizaine à une vingtaine de jeunes. Certains ont lieu en collaboration avec les partenaires de la tournée : l’association Génération Numérique, le Mobile Film Festival et l’enseignante Sophie Mazet, auteure du livre Manuel d’autodéfense intellectuelle (éd. Robert Laffont).
 
Ces formations visent à initier à l’audiovisuel, mais aussi à lutter contre les discours de haine sur les réseaux. Le projet part d’un constat accablant établi par Google France à la fin du printemps, sur la base d’une étude commandée à l’institut CSA  : 70 % des internautes ont déjà été témoins de propos haineux sur Internet. Mais surtout, 45 % d’entre eux pensent que ce sont les grands acteurs d’Internet qui sont « les plus à même de leur apporter des informations utiles pour lutter contre ces discours ».

YouTube veut favoriser les « contre-discours »

En mai, YouTube et d’autres grands groupes du web avaient déjà été critiqués par des associations de lutte contre les discriminations, qui jugeaient laxiste leur politique de modération des contenus ouvertement xénophobes, homophobes ou antisémites. S’est alors posée la question, au sein de YouTube, du juste équilibre : comment modérer les contenus, sans tomber dans le laisser-faire ni entraver la liberté d’expression ?

Fin mai, Google, Microsoft, Facebook et Twitter signaient un « code de conduite » avec la Commission européenne pour réguler les discours haineux. Le 13 juin, en partenariat avec Facebook et Twitter, Google France présentait ses réponses à ce problème devant une quarantaine d’associations. Avec « Toi-même tu filmes », le groupe a expliqué vouloir aider les jeunes « à déconstruire les discours de haine sur Internet et leur proposer de créer des vidéos positives sur leur quotidien, leur quartier, leur histoire ».
 
À cette initiative s’ajoutent d’autres actions à destination des acteurs associatifs pour tenter de favoriser les « contre-discours » : la mise en avant de publicités ou l’accès pendant six mois au YouTube Space Paris. Ouvert en octobre 2015 dans les locaux de Google France, cet espace de 350 m² est habituellement ouvert aux YouTubers comptant plus de 1 000 abonnés. Il comprend un studio de tournage, une salle de montage ou encore de projection. Les visiteurs peuvent y échanger avec des professionnels pour perfectionner leurs techniques de réalisation de vidéos.

Vidéo de présentation de YouTube Space Paris à son ouverture.

Former pour mieux régner : la tactique YouTube

La stratégie de formation de YouTube n’est pas nouvelle. Face à la concurrence de Dailymotion ou de Facebook, la filiale de Google mise sur ce volet pour fidéliser ses créateurs mais aussi pour professionnaliser leurs contenus. Sur le site de vidéos en ligne, un espace intitulé YouTube Creator Academy promeut des méthodes pour faire d’une chaîne une véritable entreprise : construction d’une marque, animation d’une communauté, processus de création…
 
Les participants de « Toi-même tu filmes » n’en sont pas encore là. « Ce n’est pas une formation très corporate, elle touche à l’audiovisuel en général », estime Victor Buu. Néanmoins, les jeunes participants à la tournée estivale de YouTube pourront présenter leurs vidéos à un concours permettant de gagner des formations au YouTube Space de Paris, voire de Los Angeles pour le premier d’entre eux.
 
Ces efforts qualitatifs ne risquent-ils pas de donner lieu à des contenus d’aspects trop professionnels, voire institutionnels à l’heure où filmer avec son téléphone portable devient un geste quotidien et spontané dans la société ? Peu à peu, les vidéastes amateurs se tournent en effet vers les applications mobile Facebook Live ou Periscope, qui favorisent la diffusion en direct. Une tendance de plus à laquelle YouTube va devoir s’adapter.

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