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Comment devenir un « influenceur écolo » au bureau ?

Avoir un compost, manger moins de viande, limiter sa consommation d’énergie… De plus en plus de Français changent leur mode de vie afin de réduire leur impact sur la planète. Mais au bureau, il n’est pas toujours facile de supprimer dosettes à café ou impressions multiples. Certains salariés, toutefois, se mobilisent pour faire évoluer les pratiques. 

Des « transféreurs ». C’est ainsi que les appellent les sociologues Gaëtan Brisepierre et Anne Desrues, qui ont consacré une étude  en 2018 aux individus désireux d’exporter leurs habitudes écolos au bureau. 

Quels sont leurs actions, leurs conseils ? WE DEMAIN a consulté ses lecteurs et vous avez été nombreux à nous confier des  expériences inspirantes. Voici quelques pistes à suivre pour devenir vous aussi un « influenceur écolo au bureau ».

Réflexe N°1 : encourager le covoiturage et les transports doux

S’il est difficile de choisir le fournisseur d’électricité ou de chauffage de votre bureau, il est dans votre pouvoir de choisir le moyen de vous y rendre. Vous êtes d’ailleurs nombreux à soutenir le covoiturage ou l’utilisation du vélo. C’est par exemple le cas de Yacine Aouabed, du ministère de la Défense à Bordeaux :

« Le gros défi que j’ai mis en place c’est le covoiturage. Avant que j’arrive il y a un an, personne ne le faisait. Maintenant, plusieurs collègues le font au quotidien. J’ai aussi poussé pour que mes collègues utilisent plus le vélo. Tous les vendredis je fais l’aller-retour de 25 km à vélo entre chez-moi et le bureau. J’en ai vendu un à un de mes collègues qui habite à 1 km du travail, mais il ne l’utilise jamais ! Mais je continue à essayer ».

Malgré quelques réticences, son « lobbying » commence à porter ses fruits : « Sur notre site, nous sommes 1 300 personnes », poursuit-il. « En interne, le nombre de personnes qui font du covoiturage ou des ‘déplacements doux’ (trottinette, vélo ou transport en commun) a évolué de 3 %. Le prochain gros projet est d’agrandir le parking à vélo, qui est complètement saturé ».

Cette initiative vous inspire ? Les employeurs peuvent instaurer une indemnité kilométrique pour les salariés se rendant sur leur lieu de travail à vélo. Cette indemnité est facultative. Mais les entreprises mettant à disposition une flotte de vélos pour leurs employés peuvent bénéficier d’une réduction d’impôt. Un argument de plus pour promouvoir la mobilité douce au sein de votre entreprise.

Réflexe N°2 : bannir le plastique

Impossible de fermer les yeux sur le fléau écologique que représente le plastique : plus de 10 tonnes de plastique produites dans le monde chaque seconde, 1,5 million d’animaux tués chaque année à cause du plastique, jusqu’à 52 000 microparticules   ingérées chaque année par notre organisme… 

Au bureau, la pause café est un moment de détente privilégié. Mais, bien souvent, les machines conventionnelles fonctionnent avec des gobelets en plastique, accompagnés de petites touillettes, elles aussi en plastique. Des habitudes qui peuvent facilement être modifiées !

« Aujourd’hui je ne peux pas regarder en silence les gens auxquels je tiens, amis comme collègues, mener des pratiques à risque pour leur santé et notre environnement. Je ne laisse jamais un collègue boire un café dans un gobelet en plastique inadapté, j’invite également tout le monde à s’acheter une gourde. Je n’appellerais pas cela de l’influence écolo mais simplement de la bienveillance. »

Caroline Darthout, responsable marketing et communication

Elle n’est pas la seule à batailler sur ce sujet : « Nous faisons la guerre au plastique : aux pailles, aux gobelets… Notre machine à café est maintenant équipée d’un détecteur de gobelet, on peut donc y mettre notre tasse à café. Nous n’utilisons plus de dosettes métalliques, mais des dosettes en papier et nous cherchons une alternative biodégradable », explique Yacine Aouabed, du ministère de la Défense.

À lire aussi : Compostables, réutilisables, DIY… 3 alternatives aux dosettes à café jetables 

Le plus simple est peut-être de repasser à la bonne vieille cafetière, comme l’a fait Youna Zerrouki, de l’entreprise Ethic Advisor à Paris : « De la même manière que l’application Yuka, notre entreprise juge l’aspect éthique des produits du quotidien. Pourtant, dans nos locaux, rien n’est organisé pour l’écologie. Nous avons râlé pour les gobelets en plastique et avons installé une simple cafetière, pour ne plus devoir aller à la machine ».

Réflexe N°3 : organiser des activités ludiques

Organiser des ateliers ou des activités, comme par exemple une Fresque du Climat, peut aussi être un moyen de montrer qu’il est possible de changer de mode de vie, de façon ludique, sans forcément l’imposer. Créer des groupes pour agir et se motiver à plusieurs est également une bonne idée.

Antoine Gilles, responsable marketing aux éditions Eni à Nantes, raconte par exemple qu’une de ses collègues a organisé pour la rentrée une « clean walk » pendant la pause déjeuner. Une dizaine de collègues se sont portés volontaires, « malgré la pluie » pour ramasser les déchets autours du bureau. « Nous avons plusieurs sites, l’idée est d’envoyer un défi aux autres sites pour qu’ils s’organisent également », ajoute-t-il.

L’employée est devenue une référente pour toutes les questions écologiques au sein de l’entreprise. Elle est notamment à l’initiative d’un groupe baptisé « un geste pour la planète » sur le réseau social interne. Certaines entreprises soutiennent même ces « influenceurs » de façon formelle, allant jusqu’à créer des postes dont l’objectif est de réduire l’empreinte carbone de la société.

« Je suis vegan, je suis connue pour être ‘l’extrémiste’ de l’équipe' », s’amuse pour sa part Youna Zerrouki d’Ethic Advisor. « J’aime bien faire découvrir à mes collègues une autre manière de consommer et de manger. On essaie donc de faire au maximum des repas vegan lorsqu’on mange à l’extérieur. Et nous allons nous organiser pour qu’une personne fasse à manger pour tout le monde, à tour de rôle, une fois par semaine. »

Et chez WE DEMAIN ?

La rédac a testé le lombricompostage au bureau et les capsules à café compostables. Nous trions nos mails pour limiter notre pollution numérique et nous avons bien entendu banni les gobelets en plastique en les remplaçant par des éco-cup, des mugs et des gourdes. Prochaine étape : nous allons calculer notre empreinte carbone pour voir dans quelle mesure nous pouvons la réduire. 

En attendant, merci à tous pour vos conseils et témoignages !

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