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Diamants verts : en quête d’un luxe plus durable

À l’heure où le luxe durable devient une quête essentielle, les diamants de synthèse émergent. Mais la matière première existe aussi – et en quantité – au fond de nos tiroirs…

Le 29/03/2024 par Florence Santrot
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Des diamants éternels… mais surtout extrêmement polluants. Crédit : studiocasper / iStock.
Des diamants éternels… mais surtout extrêmement polluants. Crédit : studiocasper / iStock.

JEM, marque pionnière de la joaillerie éthique et engagée, était présente à l’événement ChangeNOW, qui s’est tenu à Paris du 25 au 27 mars. Elle fait partie de l’écosystème qui essaie de trouver de nouvelles pistes afin d’imaginer un luxe plus durable. Et dès lors qu’il est question de diamants, la transition écologique est absolument nécessaire. Lors d’un épisode de l’émission Sur le front, diffusé sur France 2 le 18 décembre dernier, Hugo Clément rappelait des chiffres éloquents.

Au Botswana, se trouve la plus grande mine de diamant au monde. Il s’agit d’un trou béant de 1,5 kilomètre de diamètre et, sur l’ensemble du minerai extrait, seul 0,00001 % est du diamant. Elle produit pourtant 9 millions de carats par an. Et pour extraire ces diamants, si cette mine n’utilise pas de produits chimiques (contrairement aux mines d’or), elle a soif. Très soif. Elle utilise quelque 50 millions de litres d’eau par jour. De l’eau pour partie réutilisée mais, dans une très large proportion, tirée de la savane environnante… Or, le Botswana est un pays semi-désertique.

Le diamant artificiel, une piste possible

« Le souci avec le secteur du vieux diamant, c’est qu’il est historiquement très opaque, explique Dorothée Contour, fondatrice de JEM (acronyme de Jewellery Ethically Minded). On a énormément de mal à avoir vraiment des informations sur la réalité des conditions d’extraction des diamants. Nous avons donc décidé de n’utiliser que des diamants formés en laboratoire. Des diamants qui, quand ils sont produits dans les bonnes conditions, ont quasiment un impact neutre en carbone aujourd’hui. »

Avec une différence indécelable à l’œil nu, le diamant de synthèse pousse forcément les grandes maisons et les diamantaires à réfléchir à cette alternative. En 2023, Fred, grande maison joaillière du groupe LVMH, a été le premier joaillier de la place Vendôme à dévoiler quatre créations – un collier, un bracelet, une bague et une paire de boucles d’oreilles – utilisant le diamant de laboratoire. Avantage, outre l’impact environnemental : ces diamants artificiels peuvent adopter des couleurs qui n’existent pas dans la nature

Naturel ou synthétique, le diamant a un poids environnemental majeur

Il faut beaucoup d’eau, beaucoup de diesel aussi pour faire tourner les engins. Mais il faut aussi prendre en compte les transports – le polissage de la très grande majorité des diamants du monde se fait en Inde. Au total, on obtient un total d’émissions de CO2 qui fait peur : 160 kg de CO2e par carat poli. Problème : ce bilan reste cependant trois fois inférieur aux émissions de CO2e générées par la fabrication d’un carat de diamant de synthèse… Car si certains arrivent à une production neutre en carbone dans certaines régions du monde grâce aux énergies renouvelables, la production de la majorité des diamants artificiels sont encore très émetteurs de gaz à effet de serre.

Pour créer un diamant de synthèse taillé d’un carat, il faut environ 400 KWh d’électricité. C’est l’équivalent de la consommation d’une famille française pendant un mois. Or, en Inde, là où se situe la plus grande usine de diamants de synthèse au monde, l’électricité est produite principalement à partir de charbon… Le diamant de laboratoire est certes mieux pour la planète – car il ne détruit pas les ressources naturelles – mais cela reste loin d’être idéal. Alors, comment rendre les diamants plus verts dans ces conditions ?

La solution du diamant de seconde main

Il faut comprendre qu’il y a bien assez de diamants déjà taillés, qui dorment dans nos tiroirs chez nous pour fabriquer des bijoux « neufs » sans avoir à en extraire de nouveaux ou à en fabriquer de manière artificielle. Les bijoutiers rachètent ces « réserves dormantes », soit directement ou via des salles de vente. C’est le cas d’Héloïse Shapiro, fondatrice de la marque Héloïse & Abélard, qui réimagine des bijoux dans l’air du temps à partir de matières premières d’occasion.

Mais il est aussi possible pour les particuliers de les acheter directement en ligne. Se pose bien évidemment la question de la vérification de l’authenticité d’une pierre précieuse ainsi que de la fixation de son prix. Une plateforme notamment, weprecious.com, s’efforce de proposer ses services en la matière et sert d’intermédiaire authentificateur à l’aide d’experts indépendants. Ces bijoux de « seconde main » sont vendus en moyenne 50 % moins chers par rapport à du neuf. Et cela reste encore la solution la plus écologique pour avoir un diamant à son doigt.

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