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NFT : les mèmes rapportent maintenant des fortunes

Imaginez une photo de vous qui devient accidentellement célèbre et se met à être détournée par des milliers d’internautes. C’est le quotidien de nombreuses personnes apparaissant sur des mèmes. Des images ou vidéos qui, du jour au lendemain, commencent à tourner sur le web. 

Depuis quelques mois, de plus en plus de « figurants » de ces mèmes décident de reprendre leur image en main en les vendant sous forme de NFT. Ces mises aux enchères atteignent parfois des dizaines de milliers d’euros.  

Pour rappel, les NFT, « non-fungible tokens » (« jetons non fongibles »), sont une sorte de certificat qui permet d’authentifier une oeuvre numérique, une photo ou une musique par exemple. Les NFT apposés sur une oeuvre se transforment ainsi en une source de revenus. Les jetons étant échangés contre des cryptomonnaies

Un mème vendu plus de 600 000 euros

Les figurants des mèmes se sont donc emparés de cette technologie pour capitaliser sur leur notoriété, la plupart du temps subie. 

Dimanche 23 mai, c’est la vidéo devenue célèbre et postée en 2007 « Charlie Bit My Finger » qui a été vendue pour près de 761 000 dollars (623 000 euros). Si la vidéo originale devrait disparaitre de YouTube dans les prochains jours, les copies vont elles rester en ligne. 

C’est aussi le cas de Zoë Roth qui a mis en vente le 16 avril une des photos les plus connues du web, « Disaster Girl », sous forme de NFT. Cette dernière la montre enfant au premier plan, affichant un sourire et un regard espiègle, tandis qu’au second plan une maison est en flamme. La photo a été prise par son père en 2005. En 2007, il remporte un concours grâce à cette photographie. À partir de là, celle-ci a été détournée des milliers de fois. 

La jeune femme, aujourd’hui âgée de 21 ans, a choisi de la mettre aux enchères. Résultat, l’image a été vendue pour 180 Ether. C’est-à-dire près de 400 000 euros (à l’heure où nous écrivons l’article). 

La photo a été achetée par un studio de musique mystérieux baptisé @3FMusic. Zoë Roth conserve cependant les droits d’auteur et recevra 10 % des ventes futures.

Les NFT, la mise aux enchères du XXIe siècle

« Internet, c’est énorme. Que tu aies une bonne ou une mauvaise expérience, tu dois savoir en tirer profit », explique-t-elle au New York Times. Cet argent lui permettra notamment de rembourser son prêt étudiant, confie-t-elle. La vente de ce mème est aussi un moyen pour elle de reprendre le contrôle sur son image. De faire face à une situation dans laquelle elle se sentait impuissante depuis son enfance, commente-t-elle. 

Quelques jours avant l’achat de « Disaster Girl », le studio 3F avait déjà acquis un autre mème. Il s’agissait cette fois de la photographie « Overly Attached Girlfriend ». Celle-ci montre une jeune femme, Laina Morris, au sourire quelque peu effrayant, alors qu’elle parodiait la chanson « Girlfriend » de Justin Bieber. Cette dernière a vendu l’image 200 Ether, plus de 420 000 euros. 

La vente de mèmes devient donc une activité lucrative, comme le détaille Ben Lashes, premier « manager » spécialisé. Il gère la famille Roth et d’autres stars du mème. Notamment « Nyan Cat », « Grumpy Cat », « Doge », « Success Kid » ou encore « Ridiculously Photogenic Guy ». Selon ce gestionnaire de mèmes, ses clients ont cumulé plus de 2 millions de dollars de ventes de NFT. À lui seul, le fondateur de Nyan Cat a récolté plus d’un million de dollars en Ether en mettant aux enchères des NFT au cours des derniers mois. 

La liste de mèmes ayant rapporté gros est longue. Le média Wired cite encore « Bad Luck Brian« , qui a récolté début mars 20 Ether. Ou encore le gif « Leave Britney alone » qui s’est vendu pour 18,69 Ether mi-avril et « Scumbag Steve » qui a été échangé contre 30,2 Ether mi-mars.

Une certification numérique

À l’inverse d’une vente aux enchères classique, les acquéreurs ne deviennent pas propriétaire de l’œuvre. Ils achètent le certificat d’authentification. Quel intérêt pour des images utilisées et détournées par n’importe qui sur le web ? Les acheteurs citent des raisons variées, comme la fierté de « posséder » une image devenue iconique. La revente de ces NFT peut aussi s’avérer lucrative si l’oeuvre prend de la valeur.

Les NFT fleurissent ces derniers temps. Dans le monde de l’art, du sport, du jeux vidéo, de la mode… De nombreuses ventes aux enchères ont lieu chaque jour. Récemment nous vous parlions notamment du cas insolite d’une joueuse de tennis qui avait vendu mi-avril une partie de son bras en crypto-monnaie. Une nouvelle pratique qui fait donc de plus en plus d’adeptes.

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