Inventer  > Recyclage : des masques chirurgicaux transformés en visière et en boîtes

Written by 14 h 49 min Inventer • 3 Comments

Recyclage : des masques chirurgicaux transformés en visière et en boîtes

Fabriqués à partir de microfibres plastiques, les masques chirurgicaux sont une source de déchets conséquente. Mais une entreprise de Nouvelle-Aquitaine a développé une méthode pour les recycler et les transformer en visière ou en boîte de rangement !

Le 21/08/2020 par Morgane Russeil-Salvan
Au lieu de finir dans une simple poubelle, vos masques pourraient bientôt alimenter une nouvelle filière. (Crédit : Shutterstock)
Au lieu de finir dans une simple poubelle, vos masques pourraient bientôt alimenter une nouvelle filière. (Crédit : Shutterstock)

Depuis le déconfinement, il est courant de retrouver des masques à usage unique sur la chaussée, dans les parcs ou dans les caniveaux. Ces déchets sont à la fois dangereux – ils peuvent potentiellement transmettre la Covid-19 – et polluants : composés de microfibres de polypropylène, une matière plastique, les masques chirurgicaux ne sont pas biodégradables.

Plusieurs expérimentations ont vu le jour pour tenter de recycler ces masques jetables, comme nous vous l’expliquions dans cet article, début juin.

Depuis, la situation a évolué : une entreprise basée à Châtellerault, dans la Vienne, a perfectionné sa propre méthode de recyclage. Elle transforme désormais les masques usagés en ouvre-portes, en visières ou en boîtes de rangement.

Un secret industriel bien gardé

Avant la pandémie, la société Plaxtil était déjà spécialisée dans le recyclage et l’économie circulaire. Elle avait élaboré le Plaxtil, une alternative aux matières plastiques issues de l’industrie pétrolière fabriquée à partir de textiles non-recyclés.

Depuis la fin du mois de juin, ce ne sont plus des chutes de tissu qui entrent dans son atelier, mais des masques chirurgicaux. Tous sont récoltés un peu partout dans la commune, grâce à des bornes installées dans des lieux stratégiques.

“À l’origine, nous avons sollicité les pharmacies du Grand Châtellerault car cela nous semblait logique, raconte Olivier Civil, co-fondateur de l’entreprise, à We Demain. Ensuite, des grandes surfaces, des commerces et des cabinets médicaux ont souhaité participer à l’opération. Nous avons également intégré la centrale EDF de Civaux, car c’était une façon de démontrer l’adaptation de notre solution à une très grande entreprise.”

À lire aussi : Un masque biodégradable pour limiter la pollution plastique 

Grâce à la multiplication des points de collecte, la société Plaxtil a déjà recyclé plus de 50 000 masques depuis la fin du mois de juin. Mais sa technique de recyclage reste bien mystérieuse : “On passe les broyats aux UV intenses pour décontaminer complètement la matière, explique Olivier Civil. Le reste de notre procédé, c’est secret défense… et protégé.”

Une filière pleine de potentiel

Une fois recyclé, le plastique est utilisé pour fabriquer tous types d’objets grâce au moulage par injection. Le principe est simple : de la matière première est chauffée ou fondue puis injectée dans un moule en métal. Pour le moment, Plaxtil a principalement misé sur des produits utiles dans la lutte contre le coronavirus, comme les ouvre-portes ou les visières de protection. Mais les masques chirurgicaux auraient bien plus de potentiel. “Nous pouvons fabriquer tous les objets injectés, assure Olivier Civil. Le champs des possibles est infini…”

À ce titre, Plaxtil est en contact avec d’autres entreprises françaises, “principalement dans l’univers du textile et de la mode”. Les premières commandes de produits recyclés devraient tomber avant la fin de l’année.

Si l’entreprise tient à garder son procédé secret, elle n’exclut pas l’idée de l’employer à une échelle plus large. “L’idée était de démontrer que cette pollution qui suit la crise sanitaire n’est pas une fatalité, déclare Olivier Civil. Nous réfléchissons maintenant à la suite : généralisation nationale de notre solution, mise en place d’une filière de recyclage des masques avec les pouvoirs publics ou partenariat avec de grandes entreprises…”   

A lire aussi :