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Quatre initiatives qui vont vous changer la vie au bureau

Le monde du travail n’échappe pas à l’évolution des modes de vie. Généralisation du travail à distance, incitation à la sieste au bureau… Tour d’horizon de ce que pourrait devenir la journée de travail de demain, à travers quatre expériences déjà testées par certaines entreprises.

Le 18/07/2014 par WeDemain
Les halls de gare sont devenus des bureaux mobiles pour de nombreux employés © Nicola since 1972
Les halls de gare sont devenus des bureaux mobiles pour de nombreux employés © Nicola since 1972

Selon une récente étude de l’université britannique de Warwick, être heureux au travail augmenterait de 12 % notre productivité. Mais comment, pour un chef d’entreprise, faire en sorte que ses salariés s’épanouissent davantage dans leur environnement professionnel ? En installant des tables de ping-pong, comme dans toute agence de pub qui se respecte ? Des baby-foot, une salle de relaxation avec massages et cocktails ? Ou encore en réaménageant les emplois du temps et ainsi prendre en compte les possibilités offertes par Internet ? Sur le sujet, la France est encore frileuse – pas sur le baby-foot, ni sur le ping-pong, mais sur la réorganisation des journées dans l’entreprise. Elle amorce tout juste la transition vers de nouvelles recettes de productivité, importées pour la plupart des pays anglo-saxons. We Demain a imaginé ce à quoi pourrait ressembler vos journées de travail demain, à partir des initiatives et expériences menées aujourd’hui.

Le télétravail : vers la fin du présentéisme ?

Le matin, vous échapperez aux bouchons en restant travailler chez vous. Dans de nombreux secteurs, les tâches sont déjà réalisables à distance, grâce à la prolifération des téléphones portables, des mails et messageries instantanées. « Le travail n’est plus un lieu où l’on se rend mais quelque chose que l’on fait, peu importe le lieu et le moment », résume doctement le magazine Management. Et peu importe la façon dont il est fait non plus, seul le résultat compte. Cette autonomie totale accordée aux employés a été théorisée par Cali Ressler et Jody Thompson : c’est la méthode ROWE (que l’on peut traduire par « Environnement de travail axé uniquement sur les résultats » ). Cette stratégie managériale permet à l’employé d’être jugé sur ce qu’il fournit plutôt que sur la manière dont il l’accomplit. L’employeur, de son coté, peut se concentrer sur la gestion des résultats plutôt que sur celle de ses employés.

En France, seuls 12 % des salariés travaillent régulièrement à distance (contre 20 à 35 % pour les pays anglo-saxons et scandinaves). Pour inciter les entreprises à le développer, le gouvernement a lancé un « Plan France numérique 2012 », qui a consacré le statut de télétravailleur en l’inscrivant au Code du travail. La France entend néanmoins continuer à protéger ses salariés du risque de burn-out : un accord récent prévoit un droit à la déconnexion pour les cadres du numérique, postes où les travailleurs ont rarement des horaires fixes. Cette obligation de décrocher s’appuie sur le respect de la durée légale de repos minimal, à savoir 11 heures entre la fin et la reprise du travail. Cet accord fait l’objet de railleries dans les pays anglo-saxons, une journaliste du Guardian n’hésitant pas à affirmer, avec une once de mauvaise foi, que les Français « viennent de rendre le travail après 18h illégal ». 

Des tiers-lieux pour réduire les déplacements

Vous pourrez aussi opter pour un « bureau » près de chez vous. A l’usage, les gares, aéroports et cafés sont devenus des bureaux temporaires pour les travailleurs qui n’ont besoin que d’une connexion Wifi pour être productifs. L’essor du travail à distance a également contribué à faire émerger ces « tiers-lieux », des espaces intermédiaires entre le bureau et le domicile. Ces espaces concilient deux besoins majeurs des travailleurs : réduire le temps perdu dans les embouteillages et répondre au désir de sociabilité lié à la présence des collègues, pour les travailleurs exerçant en free-lance.

Des entreprises ont décidé de fournir des espaces de travail flexibles à ces employés connectés. La SNCF va ainsi installer des bureaux près des gares de six grandes villes françaises : « L’idée est de capter des flux, notamment ceux des « navetteurs  », en leur proposant des espaces de bureau de courte durée. In fine, l’idée serait de créer un réseau européen destiné aux commerciaux et aux travailleurs », explique Frédéric Bleuse, directeur général de Regus, société qui offre des solutions de bureaux mobiles aux entreprises. 

« J’habite PaLyLoBru (Paris, Lyon, Londres, Bruxelles)… L’espace-temps a rétréci […] La France est devenue une ville dont le TGV est le métro. […] L’homo sapiens est devenu l’homo mobilis »
Michel Serres, philosophe

Le développement de l’intrapreneuriat

Vous pourrez consacrer une matinée à n’importe quelle autre activité que celle pour laquelle vous serez payés. Quelques sociétés hébergent déjà des « universités d’entreprise » internes pour permettre aux employés de développer des projets dans des domaines connexes, voire éloignés de leur activité d’origine. Les avantages de l’intrapreneuriat sont doubles. Pour l’employé, c’est une façon de s’épanouir en développant des projets personnels et en diversifiant ses tâches quotidiennes. Pour l’entreprise, c’est un moyen de mobiliser et de valoriser les talents internes afin de les garder dans son escarcelle. C’est aussi un facteur d’innovation important qui aide l’entreprise à se réinventer.

Google l’a bien compris. L’entreprise permet à ses employés de consacrer 20 % de leur temps de travail à d’autres projets. C’est sur ce « temps Google » que David Coz a développé le masque de réalité virtuelle dont nous vous parlions dernièrement. Dans les entreprises françaises aussi, l’idée fait son chemin. La société Poult, par exemple, a créé la Poult Académie, une sorte d’incubateur / institut de formation pour ses employés. C’est dans ce cadre que Karine Gollnhofer, contrôleuse de gestion, a développé un concept de légumerie ambulante. 

La sieste au bureau bientôt normalisée ?

Après le déjeuner, vous pourrez vous reposer… pour mieux continuer. En France, la sieste reste mal vue. S’endormir au bureau reste synonyme de paresse et d’inefficacité. Mais les nombreuses études positives sur le sujet commencent à faire évoluer les mentalités. Une enquête réalisée en 2013 pour le cabinet Robert Half nous apprend que 47 % des directeurs et responsables interrogés seraient plutôt favorables à l’instauration d’une sieste quotidienne de moins de vingt minutes. Par le repos qu’elle procure, la sieste améliore la concentration et la mémorisation. Google, encore lui, a ainsi aménagé un espace de relaxation dans ses locaux. A coté de la table de ping-pong et du baby-foot ?

 

Elisabeth Denys  
Journaliste web / We Demain  
@ElissaDen

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