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Alimentation : le coronavirus dope les circuits courts

Par peur d’aller au supermarché, par solidarité avec des producteurs locaux en manque de débouchés, ou par envie de mieux manger, de plus en plus de Français se tournent vers les circuits courts en cette crise sanitaire. Une tendance durable ?

Le 03/04/2020 par Sofia Colla
Depuis le début du confinement, les ventes en circuit court sont en augmentation. (Crédit : Shutterstock)
Depuis le début du confinement, les ventes en circuit court sont en augmentation. (Crédit : Shutterstock)

Manque de travailleurs agricoles, ralentissement des transports causant une augmentation du gaspillage alimentaire… La pandémie de coronavirus ébranle notre système alimentaire. Les présidents de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), de l’OMS (Organisation mondiale de la santé) et de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) se sont même inquiétés d’une possible « pénurie sur le marché mondial »

« Les incertitudes liées à la disponibilité de nourriture peuvent déclencher une vague de restrictions à l’exportation », expliquent-ils dans un communiqué commun, diffusé le 1er avril.

En France, pour l’heure aucune pénurie ni problème d’approvisionnement international ne sont à constater, mais d’ores et déjà les modes de consommation évoluent. La demande de produits locaux est en plein boom depuis le début du confinement.    

En France, l’explosion des circuits courts

Par peur d’aller au supermarché, par solidarité avec des agriculteurs ayant perdu des débouchés dans la restauration, ou simplement par envie de manger des produits frais de qualité, de plus en plus de Français se tournent vers les circuits courts. 

« On a vraiment eu une très grosse augmentation du nombre de commande », commente Natacha Gan, responsable communication et développement chez Kelbongoo, qui propose des produits d’agriculteurs basés en Picardie dans trois magasins parisiens. « Nos commandes ont augmenté de 30 à 40 %, le trafic sur le site a été multiplié par 5 et le panier moyen est en hausse de 40 % »

Le réseau La Ruche qui dit Oui! observe le même engouement : « Depuis un mois, nous avons enregistré une hausse de 70 % de notre chiffre d’affaires, une augmentation de taille de 30 % du panier moyen », détaille Grégoire de Tilly, le président de l’entreprise, à Libération.

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Des conditions sanitaires à respecter

La vente directe est autorisée tout comme la livraison de paniers, si certaines conditions sanitaires sont respectées.

Par respect de ces consignes, Kelbongoo a par exemple organisé des créneaux de retrait pour les clients, faisant passer en priorité les personnes à risque et le personnel soignant. L’entreprise teste aussi la livraison à domicile. 

« Notre boutique rue du Borrégo, à Paris reçoit actuellement  400 commandes en une heure contre 2 ou 3 jours d’habitude. Nous allons donc essayer de développer la livraison la semaine prochaine pour l’ensemble de nos clients avec la coopérative de livreurs à vélo Olvo.« 

Des débouchés bienvenus pour les producteurs

Pour les producteurs, la vente directe devient aussi essentielle, leurs marchandises ne pouvant être écoulée auprès des restaurateurs. La Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB) et la Confédération paysanne ont d’ailleurs mis en ligne la liste des outils et d’initiatives permettant aux paysans d’organiser leurs ventes en ligne. 

Si La Ruche qui dit Oui ! a vu son nombre de fournisseurs bondir de 30 %, Kelbongoo, un réseau de taille plus modeste, préfère s’appuyer sur son réseau habituel ( car plus modeste). 

« Nos producteurs actuels ont vraiment besoin de nous. Beaucoup travaillent d’habitude sur des marchés ou avec la restauration scolaire, donc ils prennent la crise de plein fouet », explique Natacha Gan. 

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Un boom à court terme… Mais après ?

Ces nouvelles habitudes de consommation se maintiendront-elles après la crise ? C’est ce qu’espèrent les entreprises. 

« C’est évident, on va en perdre en route », prévoit Natacha Gan. « Mais j’espère que cette crise va ouvrir les yeux sur le système alimentaire actuel. Que les gens vont se rendre compte que derrière leur acte d’achat, il y a toute une chaîne économique. » 

L’entreprise enregistre environ 3 000 commandes par semaine, contre 2 000 habituellement, l’occasion pour elle de développer ses capacités et de se préparer à la suite. 

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« L’enjeu pour les circuits courts aujourd’hui va être de sortir de la petite échelle, de démocratiser le système avec des prix accessibles », conclut-elle.

Vous aussi, vous aimeriez acheter plus local ? La Fédération Départementale des CIVAM du Gard a créé une cartographie participative des circuits courts fermiers. Lancée le 20 mars, elle recense déjà plus de 500 points de vente.

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