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Pourquoi les abeilles vivent deux fois moins longtemps qu’il y a 50 ans

Une espérance de vie de 17,7 jours aujourd’hui, qui a été divisée par deux en un demi-siècle ? C’est ce qu’affirme une nouvelle étude sur les abeilles, qui avance plusieurs causes à cette évolution dramatique.

Le 15/11/2022 par Florence Santrot
abeilles

L’avenir des abeilles inquiète. Pour essayer de mieux comprendre ce qu’il se passe et les raisons de la chute dramatique du nombre d’abeilles dans le monde, deux chercheurs ont voulu comprendre ce qui se tramait et sont partis de chiffres objectifs pour en tirer une modélisation mathématique. Dans un article paru dans les Scientific Reports de Nature, Anthony Nearman et Dennis vanEngelsdorp de l’université du Maryland (États-Unis) affirment que la durée de vie des abeilles s’est réduite de 50 % en seulement 50 ans.

Alors qu’ils souhaitaient à l’origine étudier l’impact de l’apport en eau ordinaire ou eau sucrée auprès d’abeilles vivant dans des cages en laboratoire, ils en sont venu à étudier l’évolution de la durée de vie moyenne d’une abeille sur un demi-siècle. « Nous avons observé que la durée de vie médiane des abeilles occidentales ouvrières en cage diminue aux États-Unis depuis les années 1970, passant d’une moyenne de 34,3 jours à 17,7 jours », notent les deux auteurs dans leurs conclusions.

Une plus faible espérance de vie et c’est un tiers de la colonie en moins

Les deux scientifiques de l’université du Maryland ont trouvé un lien entre cette tendance à une espérance de vie plus courte et un déclin dans la production moyenne de miel par les colonies d’abeilles aux États-Unis sur les cinq dernières décennies. Cela a aussi un impact plus global sur la biodiversité puisque ces insectes pollinisateurs ont un rôle essentiel dans les écosystèmes.

En outre, la modélisation de cette réduction de 50 % de la durée de vie des abeilles individuelles entraînerait un taux annuel de perte de colonies de 33 %. Ce même chiffre a été constaté par les apiculteurs qui constatent des taux de perte annuels et hivernaux de l’ordre de 30 et 40 %.

La pollution… mais aussi la génétique en cause pour expliquer le déclin des abeilles

Pour expliquer le déclin global des abeilles, on a longtemps – et avec raison – pointé du doigt l’usage des pesticides en agriculture, la réduction de l’habitat par la destruction de la nature, la progression de l’urbanisation ou encore le réchauffement climatique.

Cette étude vient ajouter un nouveau critère pour expliquer ce déclin : la génétique. Selon Anthony Nearman, « La plupart du temps, les abeilles sont considérées comme du bétail par les apiculteurs commerciaux. Donc les éleveurs procèdent souvent à une reproduction sélective à partir de colonies présentant des caractéristiques souhaitables, comme la résistance aux maladies. Il est possible que, lors de cette sélection, et par mégarde, les éleveurs aient conservé majoritairement des abeilles ayant une durée de vie réduite. »

Et d’ajouter : « Des abeilles à la durée de vie plus courte réduiraient la probabilité de propagation des maladies, de sorte que les colonies avec des abeilles à la durée de vie plus courte sembleraient en meilleure santé. » Cette étude en appelle d’autres. Il est prévu d’étudier la durée de vie des abeilles dans différentes régions des États-Unis et du monde, afin de pouvoir comparer l’impact relatif des facteurs génétiques et environnementaux sur l’espérance de vie de ces insectes si cruciaux pour la biodiversité.

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