Il veut dépolluer l’océan grâce à un entonnoir géant

Boyan Slat fait de la plongée sous-marine en Grèce lorsqu’il se rend compte qu’autour de lui, « il y a plus de déchets plastiques que de poissons », raconte-t-il dans une interview au journal Le Matin. Le simple constat d’un jeune homme de 16 ans est depuis devenu un projet d’envergure. Il a réussi à développer sa propre méthode de récupération des déchets, respectueuse des fonds marins. 

Son idée ? Un « entonnoir géant », statique, qui utilise les courants marins pour capter les déchets près des zones de forte concentration. « J’ai pensé à installer des bouées disposées en V, attachées au fond de l’océan. Ce dispositif attrape et ramène passivement les déchets vers le centre, tout en permettant à la faune marine de passer librement par-dessous. Au milieu de ce V, là où tous les déchets sont concentrés, une plate-forme alimentée par l’énergie solaire récolte les plastiques. » Un procédé beaucoup moins dommageable pour les écosystèmes marins que le dragage.

Tout cela semble réaliste et réalisable. C’est en tout cas la conclusion d’une étude de faisabilité, dont les auteurs estiment que la moitié des déchets qui polluent l’océan Pacifique pourraient être extraite en moins de 10 ans, ce qui représente 70 millions de kilos. À titre de comparaison, le capitaine Charles Moore, découvreur du « 7ème continent de plastique », avait estimé à la fin des années 1990 qu’il faudrait 79 000 ans pour nettoyer l’océan Pacifique avec des filets conventionnels. 

En cas de succès, le projet de Boyan pourrait également être rentable : selon Slate.fr, le recyclage des matières plastiques pourrait rapporter 500 millions de dollars. La plate-forme pourrait être opérationnelle dans les trois prochaines années s’il arrive à collecter les 2 millions de dollars nécessaires à la fabrication.

L’association qu’il a fondée en 2013 pour développer le projet, The Ocean Cleanup, fédère une centaine de chercheurs et de volontaires qui souhaitent passer rapidement de la théorie à la pratique. La campagne de financement participatif lancée par cette équipe est originale : les montants investis sont évalués en fonction du kilo de déchets qu’ils permettront de traiter. Pour contribuer à l’extraction d’un kilo, il faudra débourser 4.60€.

 

S’il nourrit de grandes ambitions pour son projet, Boyan Slat reste lucide : « Les déchets plastiques ne sont qu’une partie du problème. Il y a également l’acidification, la surpêche […] et il faudrait également penser à un moyen pour empêcher le plastique d’arriver dans l’eau. »

Elisabeth Denys  
Journaliste We Demain 
Twitter : @ElissaDen

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