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L’homme qui métamorphose les sacs plastique en fleurs

Artisan d’art, William Amor entend dénoncer le gaspillage et la pollution, tout en aidant des personnes sans emploi à se réinsérer socialement. Ses créations sont à découvrir dans le IIIe arrondissement de Paris.

Le 20/12/2015 par WeDemain
Artisan d'art, William Amor entend dénoncer le gaspillage et la pollution, tout en aidant des personnes sans emploi à se réinsérer socialement. Ses créations sont à découvrir dans le IIIe arrondissement de Paris.
Artisan d'art, William Amor entend dénoncer le gaspillage et la pollution, tout en aidant des personnes sans emploi à se réinsérer socialement. Ses créations sont à découvrir dans le IIIe arrondissement de Paris.

Dans la vitrine de Front de mode, un magasin de créateurs du IIIe arrondissement de Paris, on peut admirer une fleur pas comme les autres. La particularité de cette clématite baptisée « clematis petroliferus azurea » ? Avant d’être une fleur, c’était un sac plastique ! Elle doit son existence au  principe de « l’upcycling », une activité qui consiste à transformer les déchets pour les valoriser.

« Quantité hallucinante de sacs plastiques dans les rues »

Cela fait six ans que William Amor , un communiquant de 35 ans reconverti en artisan d’art, récupère les sacs plastique pour en faire des fleurs. Elles sont désormais à vendre dans cette échoppe et sur son site internet. Une façon d’agir, à son échelle, face à la pollution en ville. « Quand je suis arrivé à Paris, j’ai été frappé par la quantité hallucinante des sacs qui jonchent les rues », se souvient-il.

Pour fabriquer ses fleurs artificielles, William Amor procède par étapes, à l’aide d’un chalumeau. En chauffant les sacs d’épicerie, de supermarché ou les emballages plastiques, il créé les pétales. Pour les pistils et les étamines, les organes reproducteurs des fleurs, il utilise des cordes de bateaux, des filets de pêches, des plumeaux ou même des perruques. Il les assemble ensuite sur des branches d’arbres, trouvées dans les parcs parisiens, qu’il a vernies au préalable. L’artisan a déjà plusieurs centaines de créations de ce type à son actif.
 

 » J’ai décidé de passer à la vitesse supérieure début 2015, afin de pouvoir les vendre. Depuis, je multiplie les styles : J’adore les orchidées, mais c’est très difficile à réaliser à partir de matières plastiques. Je créé donc souvent mes propres variétés, quand je ne fabrique pas des coquelicots, des branches de cerisier ou des fleurs de pruniers. »

« Interroger notre rapport à la nature »

C’est dans un salon envahi de fleurs, qui lui sert de domicile et d’atelier, près de la gare de l’Est, que William Amor travaille. Pendant qu’il effectue les dernières touches sur une future branche de cerisier en plastique, il poursuit :
 

 » J’ai toujours détesté les fleurs artificielles. Je n’essaye pas de reproduire une fleur à la perfection : Je m’inspire de l’esthétique des fleurs de saison. L’objet final évoque certes les fleurs, mais aussi le plastique. L’objectif est d’interroger notre rapport à la nature et à la matière plastique qu’on produit. »

« Un vrai projet social »

Les fleurs de William Amor se vendent 15 euros l’unité. Et pour s’offrir l’une de ses branches, comptez entre 15 et 250 euros : « Je sais que ce n’est pas donné. Mais ces objets d’art sont ultra résistants et me prennent beaucoup de temps. Vous pouvez les lavez à la machine, les parfumer… Mes fleurs ont la même durée de vie que le plastique avec lequel elles sont constituées – plus de 450 ans !  Et puis, il y a un vrai projet social derrière. »

Car, en partenariat avec l’association Contramundo, William Amor entend à présent former des personnes démunies ou sans emploi, afin de les aider à se réinsérer socialement. D’ici fin 2016, il espère pouvoir enseigner son métier à cinq personnes et confectionner ainsi plus de fleurs.

Des ateliers dans les écoles

Pour éveiller les consciences, William Amor espère que ses fleurs toucheront le plus grand nombre : « C’est un objet de communication qui va permettre d’impliquer les institutions, les municipalités, les grandes surfaces et les entreprises productrices de plastiques. »  Prochaine étape : l’organisation d’ateliers dans les écoles, « pour éveiller les enfants aux problématiques du gaspillage du plastique ».

L’artiste souhaite enfin lancer collection avec un créateur de renom, « qui aurait une vision écologique, pour toucher le plus de gens possibles ». Si ses ambitions sont élevées, William Amor n’en reste pas moins réaliste : « J’ai commencé à vendre mes fleurs il y a deux semaines seulement. Je sais que ça ne changera pas le monde, mais c’est déjà un joli premier pas. »

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