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Plastique : jusqu’à 144 produits chimiques toxiques dans nos corps

CHRONIQUE. Le plastique ne cesse de s’amonceller dans nos organismes… jusqu’à celui des bébés avant leur naissance ! Jean-Paul Curtay, nutrithérapeute et auteur, relate les dernières et glaçantes découvertes scientifiques sur le sujet.

Le 27/04/2021 par Jean Paul Curtay
santé plastique
On retrouve du plastique même dans le placenta des femmes enceintes. (Crédit : Shutterstock)
On retrouve du plastique même dans le placenta des femmes enceintes. (Crédit : Shutterstock)

Nous absorbons chaque jour des particules de plastique. Il y en a dans l’air que nous respirons, dans nos aliments, particulièrement ceux issus de la mer… Il y en a aussi dans tous les liquides que nous buvons (surtout s’ils sont dans des bouteilles en plastique).

La stérilisation des biberons (à 76 % en polypropylène en France), à elle seule, est un problème. Elle entraîne en moyenne la formation de 4 millions de microparticules de plastique par litre de lait, selon des chercheurs de l’Université de Dublin.

Cet chronique a initialement été publié dans WE DEMAIN n°33, disponible en kiosque et sur notre boutique en ligne. Retrouvez la chronique du nutrithérapeute Jean-Paul Curtay dans chaque numéro de la revue.

Plusieurs travaux récents démontrent la présence de ces particules dans nos corps. Une étude de 2020 coordonnée par Charles Rolsky, de l’Université de l’Arizona, les localise un peu partout. Ils étaient dans les poumons, les reins ou encore le foie de la totalité des corps humains analysés. Cette invasion précèderait même la naissance ! C’est ce que démontre une étude menée par Antonio Ragusa, chercheur au département d’obstétrique d’un hôpital de Rome et parue en janvier dans Environment International. Dans le placenta de fœtus, du côté de la mère comme celui de l’enfant, il a identifié des particules de polypropylène porteuses de douze colorants chimiques différents. 

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Jusqu’à 144 produits toxiques

Quels risques pour la santé ? En 2019, l’OMS a demandé que les chercheurs se mobilisent sur la question. En l’absence de données, les autorités de santé publique se sont tout d’abord voulues rassurantes. Jusqu’à de récents travaux, comme le rapport « Plastiques, santé et perturbateurs endocriniens », présenté en décembre 2020 par l’Endocrine Society. Les personnes étudiées recèlent jusqu’à 144 produits chimiques toxiques relargués par le plastique. Soit ces produits étaient initialement présents dans le plastique, soit ils ont été concentrés par ce dernier.

Les microplastiques de taille supérieure à 150 microns ne sont pas censés passer des bronches ou du tube digestif à notre sang. En réalité, du fait de la pollution et des hydrocarbures eux-mêmes inflammatoires qui les composent, ainsi que des produits chimiques qui s’y attachent, les muqueuses bronchiques et digestives subissent une inflammation qui permet le passage dans le sang de particules de cette taille, et encore plus de nanoplastiques. Ces formes les plus petites dans lesquels les microplastiques se décomposent n’ont aucun mal à pénétrer ensuite n’importe quel organe. 

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Dans le ventre des mères

Or toutes ces particules peuvent perturber l’immunité de notre corps. Les hydrocarbures des plastiques (chlorure de vinyle, tétrachlorure de carbone, trichloréthylène, dibromure d’éthylène…) sont des substances non seulement inflammatoires, mais toxiques pour le foie, les reins, le cerveau et facteurs de cancers. Les additifs du plastique sont pour la plupart des perturbateurs endocriniens. Certains désormais interdits dans les emballages alimentaires – comme le bisphénol A et les phtalates, mais aussi les retardateurs de flamme, le PCB, le DDT, les dioxines… Ils sont facteurs de malformations sexuelles, de puberté précoce, d’infertilité, de cancers hormonaux dépendants, en particulier du sein et de la prostate, mais aussi de surpoids, de diabète et de maladies cardiovasculaires. 

Tout cela est d’autant plus préoccupant que l’on sait maintentant que ces substances atteignent les enfants dans le ventre de leur mère. En effet, ces dernières s’opposent aux effets promoteurs des hormones thyroïdiennes sur le développement cérébral et sont estimées responsables d’une baisse mondiale de QI. Les colorants retrouvés dans le placenta, quant à eux, sont pro-oxydants et inflammatoires. S’ajoutent à ces polluants chimiques des métaux lourds (mercure, plomb, cadmium…) qui se lient facilement au plastique. Ils ont aussi des effets délétères, en particulier neurotoxiques.

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Pour couronner le tout, les microplastiques servent de radeau à toutes sortes de bactéries. Des chercheurs néerlandais ont mis en évidence que des milliers de types de bactéries, dont l’agent du choléra, naviguent sur les milliers de milliards de particules qui voguent dans rivières, lacs et océans. Ils ont appelé cela la « plastisphère ». Un nouvel écosystème qui a envahi tous les organismes… y compris le nôtre. 

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