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Roumanie : à l’aide des 200 000 oubliés de l’électricité

Retrouvez l’intégralité de ce reportage dans le numéro d’automne de We Demain, disponible en kiosque et sur notre boutique en ligne.

Se laver à l’eau chaude, téléphoner ou écouter la radio… Ce qui nous paraît une évidence ne l’est pas pour 52 000 logements roumains privés d’accès à l’électricité, selon les chiffres du ministère roumain de l’Énergie. Vivant pour la plupart dans des villages reculés à l’extrême nord du pays, ces 200 000 habitants sont loin d’être une priorité du gouvernement.

Le bucarestois Iulian Angheluta a décidé de réagir. Armé de panneaux solaires, ce quadragénaire arpente les routes de son pays depuis 2012 pour éclairer ces foyers plongés dans le noir. Le travail de son association Free Miorita a déjà permis d’illuminer quatre écoles, deux églises et près de 200 maisons. We Demain l’a rencontré dans l’une de ses tournées. Extrait.

Les infrastructures défaillantes constituent la principale cause de cette carence en électricité. 76 % des maisons sans courant se situent à plus de deux kilomètres du réseau, ce qui rend impossible tout raccordement. Se pose aussi la question de la pauvreté.

« Beaucoup vivent dans des maisons en argile, avec les toilettes à l’extérieur. Ils ne peuvent pas payer l’électricité, qui coute 45 lei par mois [9 euros] ou s’acheter une lampe à pétrole à 6 lei [1,20 euro] », explique Iulian Angheluta.

D’autres ont les moyens de s’éclairer avec des batteries, comme c’était parfois le cas chez Larisa. « Mais on ne pouvait pas les recharger donc on devait en racheter en permanence », souligne-t-elle. Une problématique écologique à laquelle Iulian souhaite sensibiliser les populations : « Ils jettent tout dans a nature et ne connaissent rien sur le recyclage des déchets. C’est difficile de leur en parler. Ils essaient juste de survivre. »

Et même s’ils étaient raccordés, les factures d’électricité pourraient difficilement être payées. Alors qu’à Bucarest, la capitale, le salaire moyen net avoisine les 680 euros par mois, « les familles les plus pauvres que l’on rencontre ont des revenus d’environ 80 euros par mois », constate Ionut Vlad, bénévole chez Free Miorita depuis 2014.

Sans compter qu’une demande de raccordement coute environ 550 euros et que posséder l’acte de propriété est indispensable. Or, « très peu de gens qui habitent à la campagne possèdent ce papier. Cela coute très cher à obtenir, et la plupart du temps, plus cher que ce que vaut la maison, poursuit Ionut. Selon la taille du terrain, le prix peut grimper jusqu’à 600 euros. »

Vivre sans la fée électricité pose des problèmes qu’on n’imagine guère. « Rien que pour contacter la police, les pompiers ou les secours, comment faire ? », relève Iulian Angheluta. Difficile aussi d’accéder à l’information, à la connaissance ou même de trouver la motivation pour faire ses devoirs à la bougie. Le décrochage scolaire est plus fréquent. Dans ce milieu très rural, les enfants ont plus l’habitude d’aider leurs parents à s’occuper du bétail que de lire des livres, trop coûteux et rares dans les foyers. L’inclusion dans la société est quasi-impossible.

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