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Contraception connectée : “Nos grands-mères doivent se retourner dans leurs tombes ! »

À lire dans la revue Sympto, Period Diary, cyclefeminin.net… Les applications et les sites qui promettent le contrôle de la fécondité profitent du désamour de nombreuses femmes à l’égard de la pilule. Largement favorisé par le numérique, cet essor des méthodes “naturelles” ne fait pas l’unanimité mais tente de nombreuses femmes.

Le 29/06/2015 par WeDemain
[À lire dans la revue] Sympto, Period Diary, cyclefeminin.net... Les applications et les sites qui promettent le contrôle de la fécondité profitent du désamour de nombreuses femmes à l'égard de la pilule. Largement favorisé par le numérique, cet essor des méthodes “naturelles” ne fait pas l’unanimité mais tente de nombreuses femmes.
[À lire dans la revue] Sympto, Period Diary, cyclefeminin.net... Les applications et les sites qui promettent le contrôle de la fécondité profitent du désamour de nombreuses femmes à l'égard de la pilule. Largement favorisé par le numérique, cet essor des méthodes “naturelles” ne fait pas l’unanimité mais tente de nombreuses femmes.

La pilule n’a plus la cote ! En cause, le scandale des contraceptifs oraux de dernière génération. Le 14 décembre 2012, Marion Larat témoigne dans Le Monde de sa plainte contre le géant pharmaceutique Bayer, qui fabrique la pilule Meliane. La jeune femme la juge responsable de l’accident vasculaire cérébral qui l’a frappée six ans plus tôt, quand elle était étudiante à Bordeaux, et lourdement handicapée.

Dans la foulée, elle poursuit le directeur général de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) pour ne pas avoir demandé le retrait du marché de son contraceptif de troisième génération. Un reproche d’autant plus prégnant que la Haute Autorité de santé conseillait la même année de “préférer” les contraceptifs de première et deuxième générations.

La polémique se répand dans la presse. “Pourquoi il faut jeter sa pilule de dernière génération”, titre L’Obs en janvier 2013. Pour Marisol Touraine, ministre de la Santé, ladite pilule a du mal à passer et il faut agir vite. La sanction tombe trois mois plus tard et s’attaque au porte-monnaie des laboratoires : les contraceptifs de première et deuxième générations ne seront plus remboursés. Trop tard, le mal est fait.

Dans le sillage de Marion, une pile de nouvelles plaintes vient encombrer les tribunaux. après le sang contaminé, l’hormone de croissance, le Distilbène et le Mediator, un nouveau scandale sanitaire est né.

“Psychose”

En 2015, près d’une femme sur cinq déclare avoir changé de pratique contraceptive depuis la polémique de 2012. Si le stérilet (+ 1,9 point) et le préservatif (+ 3,2 points) comptent de nouvelles adeptes, les grands gagnants du “pilulegate” sont incontestablement les méthodes dites naturelles (+ 3,4 points), selon la publication de l’INED Populations & Société de mai 2014. à l’origine de cet essor : le numérique.
 

“Je me suis mise à la symptothermie [méthode d’auto-observation qui mêle plusieurs signes cliniques, ndlr] aux Caraïbes grâce au réseau Wi-Fi !” se rappelle Pryska Ducœurjoly.

Cette journaliste raconte avoir profité de ses vacances pour bûcher le manuel en accès libre sur le site de la fondation Symptotherm et télécharger l’application Sympto. “Partir à la découverte de mon corps tout en étant guidée par un support technique m‘ a permis de changer ma façon de gérer ma fertilité”, explique-t-elle.

Un témoignage qui n’étonne pas Marie-Cécile d’Ursel, présidente de la fédération francophone pour le planning familial naturel (PNF), dont le siège est en Belgique : “Internet est venu bouleverser la donne. Désormais, les couples qui cherchent une alternative aux hormones nous trouvent en quelques clics, quel que soit leur pays de résidence”. Pour faire face à l’afflux de nouveaux disciples, le PNF a dû se moderniser.

Après avoir acquis une URL et créé une messagerie électronique, il s’est enrichi d’un compte Skype. Objectif : accompagner les femmes qui habitent loin de Bruxelles durant leurs premiers cycles. il faut dire que, malgré son affiliation aux méthodes de planification naturelle, la symptothermie ne repose paradoxalement sur aucun réflexe naturel. Avant de s’envoler au septième ciel, il faut apprendre à déchiffrer la texture de sa glaire cervicale et repérer la position du col de son utérus.

“Nos grands-mères doivent se retourner dans leur tombe ! Elles qui se sont battues pour la pilule voient leurs efforts anéantis par la redécouverte de pratiques contraignantes et peu fiables dont elles ne voulaient plus. On nage en pleine régression”, se désole Vina Saha  ... Retrouvez la suite de cet article dans We Demain n°10.

Sandra Franrenet.

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