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Les 10 plus belles photos 2020 de biodiversité

Le concours Wildlife Photographer of the Year vient de dévoiler sa sélection 2020. Découpage de chauve-souris sur un marché Indonésien, incendie en Amazonie, bitumisation des sols… Des clichés qui racontent l’actualité de l’année.

Le 15/09/2020 par Sofia Colla
© Charlie Hamilton James, Wildlife Photographer of the Year 2020
© Charlie Hamilton James, Wildlife Photographer of the Year 2020

Alors qu’un rapport publié par le WWF vient d’exposer les chiffres sur la disparition de la biodiversité en seulement dix ans, il est plus que jamais temps de la promouvoir. Après la victoire l’an passé du fameux cliché d’une marmotte et d’un renard en pleine confrontation au Tibet, le Wildlife Photographer of the Year dévoile sa sélection 2020 ayant reçu les félicitations du jury.

Le palmarès officiel de cette 56e édition sera annoncé le 13 octobre. Il sera ensuite exposé au Musée d’Histoire Naturelle de Londres, organisateur du concours, du 16 octobre au 6 juin 2021 et publié dans un ouvrage à paraître le 14 octobre aux éditions Biotope. Découvrez une première sélection de photos saluées par le jury.

1 – « L’Amazonie brûle » de Charlie Hamilton

© Charlie Hamilton James, Wildlife Photographer of the Year 2020

Un incendie échappe à tout contrôle dans l’état de Maranhão, au nord-est du Brésil. Un seul arbre reste debout « tel un monument à la stupidité humaine ». Charlie effectue un reportage sur la déforestation en Amazonie depuis 10 ans. Le feu avait probablement été allumé de manière délibérée pour brûler la forêt secondaire après l’abattage des grands arbres, pour passer ensuite à l’élevage.

En 2015 près de la moitié de la forêt primaire de cet État a été détruite par le feu suite aux abattages illégaux sur des territoires indigènes. Les incendies se sont poursuivis dans cet État, aggravés par la sécheresse, alors que les paysages étaient défrichés légalement ou illégalement. Ces dernières années la pénétration dans les réserves indigènes et naturelles par les bucherons et les éleveurs accapareurs de terres s’est accrue, encouragée par le président Jair Bolsonaro et sa volonté d’ouvrir l’Amazonie aux affairistes et à ses attaques en règle contre les indigènes.

2 – « Commerce dangereux » de Quentin Martinez

© Quentin Martinez, Wildlife Photographer of the Year 2020

C’est le marché de Tomohon, au nord du Sulawesi, en Indonésie. […] Depuis l’épidémie de COVID-19, suspectée d’être issue d’un marché chinois identique, il a été demandé la suppression de ce type de boucherie concernant les animaux sauvages en Indonésie. Là où de nombreuses espèces sont confinées dans des conditions inhumaines et sans hygiène puis abattues sur place, les opportunités qu’un virus passe la barrière des espèces sont idéales.

Mais il est très compliqué de réguler de tels marchés. Les Nations-Unis ont toutefois signalé que si la plupart des maladies infectieuses sont issues des espèces sauvages et que l’on « continue à empiéter sans relâche sur les milieux naturels et à dégrader nos écosystèmes, c’est nous même qui mettons en danger la santé humaine ».

3 – « Surprise ! » de Makoto Ando

© Makoto Ando, Wildlife Photographer of the Year 2020

Un écureuil roux, surpris par la découverte d’un couple de chouettes de l’Oural, s’enfuit en bondissant. Dans la forêt près de son village, sur l’île d’Hokkaido, Makoto avait passé trois heures dans le froid, caché derrière un tronc, espérant que ce couple de chouettes s’activerait et poserait pour lui. Soudain, l’écureuil apparut du faîte de l’arbre.

« C’était extraordinaire de les voir sur le même tronc » car les chouettes de l’Oural se nourrissent de petits mammifères dont les écureuils. […] Plutôt que de s’enfuir, le rongeur curieux s’approcha et jeta un œil au sein de l’arbre, d’abord d’en haut, puis par le côté.

« Je pensais qu’il allait se faire capturer, mais les chouettes le fixaient, incrédules. » Le curieux écureuil réalisant soudain sa méprise, sauta sur la branche la plus proche et regagna la forêt au plus vite.

4 – « L’équipe de nuit » de Laurent Ballesta

© Laurent Ballesta, Wildlife Photographer of the Year 2020

La nuit tombe sur le récif corallien de l’Atoll de Fakarava, en Polynésie française, et les mollusques commencent à se mettre en mouvement. Ces grands coquillages atteignent 15 cm à leur base. Ils passent la journée dissimulés dans des crevasses entre les coraux, habituellement sur les parties externes des récifs exposées aux puissants courants et aux vagues.

À la nuit, ils émergent pour brouter les champs d’algues et les débris coralliens. Leur épaisse structure en forme de cône est incrustée d’algues. Ces coquillages furent tellement convoités pour faire des bijoux, des boutons de nacre et autres articles d’artisanat qu’ils devinrent à un moment les invertébrés les plus commercialisés au monde. […] Croisant derrière ces lents broutards, passe un des plus grands prédateurs de récifs, un requin gris de près de 2 m et pouvant atteindre 50 km/h.

5 – « Couple de macareux » d’Evie Easterbrook

© Evie Easterbrook, Wildlife Photographer of the Year 2020

Un couple de macareux en plumage nuptial pose près de son nid, sur les îles Farne. Chaque printemps, ces petites îles au large du Northumberland, attirent près de 100 000 couples d’oiseaux de mer. […] En période d’hivernage, alors qu’ils sont en mer, leur plumage est terne. Mais en période nuptiale leurs yeux sont ourlés comme par du rimmel, et les couleurs éclatantes de leur bec sont incomparables, réhaussées par une surbrillance sous l’effet des UV que peuvent percevoir les macareux. […] 

Les macareux vivent longtemps et forment de vrais couples, Evie se concentra sur celui-ci cherchant un portait de caractère. Leur population décline et ils sont vulnérables au changement climatique qui génère des tempêtes plus fréquentes et un réchauffement de l’eau réduisant la disponibilité en lançons, leur nourriture de base.

6 – « Mémorial aux albatros » de Thomas P. Peschak

© Thomas P Peschak, Wildlife Photographer of the Year 2020

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette mise en scène illustre un succès environnemental de l’Afrique du Sud. Elle montre un nombre décroissant d’oiseaux de mer, des albatros à nez jaune et des pétrels à cape blanche, capturés par des palangres japonaises destinées à la pêche aux thons. Une ligne peut atteindre 80 kms avec des milliers d’hameçons amorcés.

Quand les petits oiseaux de mer plongent, ils ramènent les poissons appâts munis d’hameçon en surface, et les pétrels et les albatros qui leur volent leurs captures se retrouvent prisonniers à leur tour du crochet de métal et se noient.

Ces dernières années, une pêche écoresponsable lançant les lignes à la nuit, utilisant des hameçons lestés qui plongent rapidement et tractant des systèmes d’effarouchement pour les oiseaux ont fait chuter radicalement les captures accidentelles. Elles se comptent maintenant en centaines et non en dizaines de milliers en Afrique du Sud. Pourtant, sur la planète, chaque année ce sont plus de 300 000 oiseaux de mer dont 100 000 albatros qui sont encore victimes des palangres.

7 – « Oiseaux dans le vent » d’Alessandra Meniconzi

© Alessandra Meniconzi, Wildlife Photographer of the Year 2020

Malmenée par le vent, dans le haut massif de l’Alpstein dans les Alpes suisses, Alessandra tenait à peine debout. Mais les chocards à bec jaune, eux, étaient dans leur élément. Ces oiseaux de montagne grégaires nichent dans les ravins et les falaises. Ils vivent avec leur partenaire tout au long de l’année. En été, ils se nourrissent essentiellement d’insectes et en hiver ils recherchent les baies, les graines et les détritus en fouillant audacieusement dans les poubelles des stations de ski.​

8 – « L’oeil de la sécheresse » de Jose Fragozo

© Jose Fragoso, Wildlife Photographer of the Year 2020

Toutes les trois à cinq minutes, un œil apparaissait dans la mare de boue alors que l’hippopotame émergeait pour respirer. Pour Jose, assis dans son véhicule, le défi était de capturer cet instant fugace.

Depuis plusieurs années, Jose observe les hippopotames de la réserve nationale de Masai Mara au Kenya, ici au niveau d’une portion asséchée de la rivière Mara. Les hippopotames passent leur journée immergés pour conserver une température constante et échapper aux rayons du soleil qui blessent leur peau.

À la nuit, ils sortent de l’eau pour brouter sur les plaines inondables. Sur toute leur aire de distribution africaine, cette espèce est menacée par les effets combinés de l’exploitation de l’eau et du changement climatique. Ils contribuent aux écosystèmes aquatiques et des prairies avec leurs déjections qui apportent de nombreux nutriments aux poissons, aux algues et aux insectes. Mais en cas de sécheresse, l’excès de bouse réduit l’oxygène de l’eau et tue la faune aquatique.

9 – « Bien à l’abri » de Dhritiman Mukherjee

© Dhritiman Mukherjee, Wildlife Photographer of the Year 2020

Attentif, un grand mâle de gavial du Gange, long de quatre mètres, offre à sa nombreuse progéniture un support sécurisé. C’est la saison des naissances dans le parc national de Chambal, dans l’Uttar Pradesh, au nord de l’Inde et ce crocodile habituellement timide semble respirer la confiance. Son nom en hindi « Ghara », vient de boule, celle qui termine le museau des mâles adultes. Elle servirait à amplifier les sons et les chapelets de bulles émis pendant la saison des accouplements.

Il en existait probablement 20 000 au sud de l’Asie mais le siècle dernier vit un déclin dramatique des populations. Cette espèce est maintenant en danger critique avec une population estimée à 650 adultes. 500 vivent dans ce sanctuaire. 

10 – « Un monde de bitume » de Garth Lenz

© Garth Lenz, Wildlife Photographer of the Year 2020

Le crépuscule tombe sur les sables bitumineux d’Alberta et tout le paysage prend une teinte pétrole. Cette vaste étendue, initialement une forêt boréale, n’est qu’une petite partie de l’extraction de bitume du lac de Mildred, elle-même faisant partie des nombreux gisements qui représentent la troisième réserve mondiale de pétrole.

Mais ces bitumes pauvres en pétrole sont obtenus par l’extraction et la séparation des couches superficielles de sable, de calcaire et de bitume. Pour y arriver, on utilise une énergie impressionnante et des procédés chimiques polluants. […] Actuellement la majeure partie du bitume est envoyée diluée via des pipelines vers des raffineries américaines pour être traitée.

L’impact environnemental de ces opérations se fait en trois temps : premièrement ces mines ont été créées en détruisant la forêt boréale, un écosystème riche et un puits à carbone essentiel, deuxièmement l’extraction de ce pétrole bas-de-gamme consomme énormément d’énergie et, selon les peuples indigènes, constitue une source importante de pollutions, troisièmement l’exploitation de cette source énergétique relâchera dans l’atmosphère d’énormes quantités de carbone accentuant les émissions globales, qui selon les scientifiques qui étudient le climat nous empêcheront de rester dans les 2°C de réchauffement global, le niveau nécessaire pour éviter une catastrophe climatique.

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