Partager la publication "Première semaine de la COP26 : déjà « un échec » ?"
Alors que les négociateurs de la COP26 se sont accordés ce dimanche un jour de repos, c’est la rue qui a pris la parole dès samedi avec plus de 200 marches pour le climat et rendez-vous à travers la planète. Ils étaient initiés par COP26 Coalition, regroupement de multiples mouvements écologiques et sociaux. Les banderoles donnaient l’ambiance: « Assez de bla-bla, de la vraie action climatique maintenant »… « Pas de nature, pas de futur »... « La COP26 lave plus vert »... « Festival de “greenwashing”… « Le capitalisme tue la planète »... « Abolissez les riches pour sauver la planète »…« Inaction climatique = crime contre le vivant »… Retour sur une semaine de COP26.
Des promesses arrivées bien tard
Alors que les États devaient revoir leurs copies de 2015 pour 2020 selon l’accord de Paris, près de la moitié d’entre eux, occupés par la pandémie, n’avaient encore rien envoyé à la fin juillet 2021. Bon nombre ont finalement transmis leurs promesses en dernière ligne droite, dans les semaines ou dans les jours qui ont précédé la COP, voire même pendant la COP.
Des engagements concrets trop faibles
Les promesses de « neutralité carbone » des pays, en 2050 ou 2060 ou 2070, ont semblé prendre le pas en début de conférence sur les engagements concrets à plus court terme (horizon 2030), manifestement incapables de mettre l’humanité sur une trajectoire de moins de 2°C de réchauffement.
Des négociateurs arrivés à la COP26 en jet privé
En marge des négociations, la presse britannique révèle que de nombreux négociateurs sont venus en Écosse en avions privés. Pas moins de 400 jets sont en effet prévus à Glasgow durant le COP26. Ce qui n’est pas très bon ni pour le bilan carbone ni pour l’image… Des milliers d’experts ne peuvent pas quant à eux assister aux négociations du fait des restrictions d’accès. Drôle d’ambiance.
Un déferlement d’accords
Face aux rapports désespérants sur l’état du climat terrestre, sur la permanence du soutien aux énergies fossiles ou encore sur le puissant rebond des émissions de CO2 en 2021, de multiples accords, « inattendus » selon le quotidien Le Monde, ont été signés.
Environ 110 pays (dont la Chine, la Russie et le Brésil) représentant 85 % des forêts de la planète s’engagent à stopper la déforestation d’ici à 2030.
Plus de 100 pays officialisent un accord pour réduire d’au moins 30 % leurs émissions de méthane d’ici 2030, notamment celui qui s’échappe dans l’air lors de l’exploitation du pétrole, du gaz et du charbon.
Environ 450 acteurs financiers de 45 pays représentant quelque 130 000 milliards de dollars d’actifs s’engagent à atteindre la « neutralité carbone » d’ici à 2050.
Plusieurs dizaines de pays dont le Canada, l’Égypte, l’Ukraine, le Vietnam et le Chili, s’allient pour sortir du charbon à partir de 2030…
Une vingtaine de pays, dont les États-Unis et le Canada, ainsi que des banques, promettent de mettre fin à leur financement des énergies fossiles à l’étranger à partir de 2023.
« La compensation carbone ? Du greenwhashing ! »
Ces initiatives sont saluées d’un côté. Elles sont même « historiques » selon le Premier ministre britannique Boris Johnson. Mais les commentaires militants fusent d’un autre côté. « La promesse de la déforestation n’a déjà pas été tenue ces dernières années »… « L’Indonésie ne veut du reste pas être intégrée à ce projet pour les forêts ».… « S’il est si facile que ça de stopper les fuites de méthane, pourquoi ne s’y prennent-il que maintenant? »… « La compensation carbone ? Du greenwhashing !« …« Si tout le monde pollue et « compense », il va falloir plusieurs planètes pour planter des arbres! »… « Et avant 2030 ? on construit des centrales à charbon !? »… « Fin du financement des énergies fossiles à l’étranger ? Oui, sauf si… elles mettent les mains dans la géo-ingénierie ! »
« La COP26 est un échec » selon Greta
Greta Thunberg a même fini par claquer la porte d’une table ronde de la COP26 sur les crédits carbone des entreprises, où intervenait entre autres un représentant du pétrolier Shell. Une « arnaque », lance-t-elle. « Shell, BP & StanChart sont ici à Glasgow pour essayer d’intensifier la compensation et donner aux pollueurs un laissez-passer gratuit pour continuer à polluer », commente-t-elle sur son compte Twitter. Et de lancer vendredi, lors de la manifestation de Glasgow, devant des milliers de jeunes: « Ce n’est pas un secret que la COP26 est un échec ». La COP26, c’est une « célébration du business ‘as usual’ et du blabla ».
Suite et bilan final la semaine prochaine…