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Des parlementaires s’allient à travers le monde pour faire reconnaître l’écocide

Dix parlementaires, dont la française Marie Toussaint, s’allient à travers le monde pour inscrire l’écocide dans le droit international.

Le 23/10/2020 par Pauline Vallée
Marie Toussaint (au centre) est au coeur du projet qui vise à promouvoir l'inscription de l'écocide dans le droit international. Crédit : Ecocide Alliance
Marie Toussaint (au centre) est au coeur du projet qui vise à promouvoir l'inscription de l'écocide dans le droit international. Crédit : Ecocide Alliance

Inconnu il y a encore quelques années, le crime d’écocide rencontre un écho grandissant dans la société civile. En juin dernier, la Convention citoyenne pour le climat inscrivait sa reconnaissance parmi les 149 mesures remises au gouvernement.

« Constitue un crime d’écocide, toute action ayant causé un dommage écologique grave en participant au dépassement manifeste et non négligeable des limites planétaires, commise en connaissance des conséquences qui allaient en résulter et qui ne pouvaient être ignorées », peut-on lire dans son rapport final.

Certains écologistes, dont la juriste Valérie Cabanes, militent pour l’inscrire dans le droit pénal français et international. Une nouvelle étape vient d’être franchie ce vendredi 23 octobre, avec la création de la première Alliance parlementaire internationale pour la reconnaissance de l’écocide.

Cet organisme regroupe pour le moment dix parlementaires, parmi lesquels le Brésilien Roberto Agostinho, le Belge Samuel Cogolato, la Phillipine Eufemia Cullamat, la Suédoise Rebecka Lemoine, la Britannique Caroline Lucas, les Australiennes Janet Rice et Larissa Waters, l’Espagnole Ines Sabanes, l’Américaine Lindsey Schromen-Warwin, et l’eurodéputé française Marie Toussaint, cofondatrice de l’association Notre affaire à tous et instigatrice de la campagne l’Affaire du siècle, à l’origine du projet.

Front uni contre les crimes environnementaux

“L’écocide nous tue tous petit à petit, les écosystèmes dans lesquels nous vivons, et malheureusement ces écosystèmes n’ont pas les moyens de se défendre, alerte Marie Toussaint. Il nous incombe de rédiger de nouvelles lois pour défendre les droits humains et ceux de la nature.”

La coalition parlementairedéfend notamment la reconnaissance de l’écocide comme un crime à l’échelle internationale, soutenant la démarche des Maldives et du Vanuatu qui ont demandé à la Cour Pénale Internationale de reconnaître l’écocide en décembre dernier.

“Il faut donner une nouvelle dimension aux crimes environnementaux, souligne le député Rodrigo Agostino. Au Brésil, ceux qui détruisent la forêt ne sont pas pénalisés. Ils n’ont aucun compte à rendre.”

“Aux Etats-Unis, la plupart des lois se concentrent davantage sur le fait d’autoriser les préjudices environnementaux plutôt que les punir”, appuie l’avocat Lindsay Schromen-Wawrin, membre du conseil de la ville américaine Port Angeles.

Plus concrètement, l’Alliance parlementaire internationale pour la reconnaissance de l’écocide entend “partager des savoirs, compétences, expertises” pour faire évoluer la législation à l’échelle européenne, mais aussi nationale et locale.

Un travail de lobbying qui fournira également un support matériel et moral aux activistes les plus menacés. “Des militants sont assassinés tous les ans au Brésil, conclut Rodrigo Agostino. Ce groupe va leur permettre de se battre et de créer une nouvelle dimension de lutte.”

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