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« Envisager la droite et la gauche comme logiciels de pensée de l’écologie est d’un autre âge »

Julien Vick, ancien EELV, et adjoint au maire Les Républicains de Metz en charge de la transition écologique et énergétique, défend une écologie à l’allemande, capable de nouer des alliances en fonction des projets. L’un des siens : faire revivre un haut lieu de l’écologie urbaine.

Le 17/12/2020 par Paola De Rohan-Csermak
Julien Vick
Julien Vick adjoint au maire de Metz, devant le cloître des Récollets, qu'il souhaite transformer en haut lieu de l'écologie urbaine. (Crédit : Julien Vick)
Julien Vick adjoint au maire de Metz, devant le cloître des Récollets, qu'il souhaite transformer en haut lieu de l'écologie urbaine. (Crédit : Julien Vick)

Ancien Europe Écologie les Verts, Julien Vick s’est présenté sans étiquette aux élections municipales, comme beaucoup d’élus, pour mener une politique écologique au sein d’une mairie Les Républicains, à Metz. En charge de la transition écologique et énergétique et de la lutte contre le dérèglement climatique, il mène aussi le projet de faire revivre le cloître des Récollets, où fut créé l’Institut européen d’écologie (IEE). Interview.

WE DEMAIN : Pourquoi l’élu ex-EELV que vous êtes s’est-il mis au service d’une mairie Les Républicains, un parti qui n’est pas réputé mettre l’écologie en tête de son programme ?

Julien Vick : Ici, en Moselle – comme en Lorraine ou en Alsace –, on partage la culture des Grünen allemands, qui fonctionnent en mode projets. Pour les mener, ils s’allient soit à la CDU (l’Union chrétienne-démocrate) d’Angela Merkel, de centre droit, soit au SPD (Parti social démocrate), à gauche. Rappelez-vous aussi que le Mouvement écologiste indépendant (MEI) d’Antoine Waechter s’inscrit dans cette culture ; c’est un mouvement écologiste avant tout, pouvant s’allier aussi bien avec la droite qu’avec la gauche… en fonction des projets !

D’une manière générale, envisager la droite et la gauche comme logiciels de pensée de l’écologie est une conception d’un autre âge, et une erreur. Le Grenelle de l’environnement, en 2007, cadre majeur de pensée pour l’écologie au sein des politiques publiques, a été porté par Jean-Louis Borloo et Nathalie Kosciusko-Morizet sous une présidence de droite !

À Metz, nous pouvons avancer car nous formons une majorité de projets, pas de parti, aux côtés de François Grosdidier, maire LR engagé pour la défense de l’environnement – il s’est battu, par exemple contre les cultures OGM quand il était parlementaire.

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Au sein de la mouvance écologiste, on voit des nuances de vert différentes ; sont-elles réconciliables ?

À terme, il y aura, j’espère, un aggiornamento de l’écologie en France. Les trois-quarts des écologistes pragmatiques comme Leila Aïchi, Emmanuelle Cosse, Barbara Pompili ou François de Rugy, ont démissionné d’EELV en 2015. Je fus de cette vague de départ ! L’ambition initiale de Daniel Cohn-Bendit était de faire d’Europe Écologie un grand mouvement européen central. Ce projet a été vite dévoré par les vieux démons des Verts !

Que les écologistes soient réconciliables, je l’espère, mais je suis dubitatif au regard des positions hors sol et dogmatiques de certains pourfendeurs de l’écologie punitive…

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À Metz, comment se concrétise votre engagement ? Parlez-nous de votre projet de rénovation du cloître des Récollets

L’enjeu est de « décloîtrer ce cloitre » pour en ouvrir toutes les portes et les fenêtres. L’écologie urbaine a été inventée par Jean-Marie Pelt, biologiste, botaniste, pharmacien, écrivain, et maire-adjoint écologiste de Jean-Marie Rausch, maire de droite de Metz jusqu’en 2008, et par Roger Klaine. C’est là, sur la colline Sainte-Croix, que fut théorisée la préservation du patrimoine et la qualité de vie des habitants de Metz, à une époque où la norme était de casser et de construire sans se préoccuper d’empreinte environnementale. En faisant interagir sciences naturelles et sciences humaines, ils ont questionné, leur vie durant, les sujets de la place de la nature en ville et de la ville dans la nature, comme cela n’avait jamais été fait auparavant.

Ce lieu est symbolique : or il n’a pas été rénové depuis 30 ans, et a perdu sa vitalité. Les Messins et les Mosellans doivent se réapproprier les jardins de plantes médicinales et aromatiques, la terrasse avec une vue imprenable sur le vieux Metz. Au-delà de la rénovation bâtimentaire, on va réfléchir en février à une programmation, en co-construction avec les acteurs associatifs et institutionnels, pour avancer sur les questions d’écologie urbaine, avec les citoyens. C’est un projet passionnant qui rendra les Messins encore plus fiers de leur ville et de leur région, des joyaux qu’elle renferme.

Quelles sont vos autres missions et projets ?

Elles sont beaucoup plus techniques. Je préside l’Agence locale de l’économie et du climat (l’ALEC) du pays messin. Son équipe de conseillers accompagnent la rénovation énergétique des bâtiments et des logements, et l’expliquent aux citoyens. Régler ce problème contribuera à régler en partie celui de la qualité de l’air : les maladies respiratoires sont un vrai sujet et la pollution atmosphérique doit être réglée à l’échelle globale comme locale. En la matière, je compte œuvrer vers une plus grande transparence qui est d’ailleurs demandée, à juste titre, par nos concitoyens. Je suis également président du Syndicat des eaux de la région messine (SERM) en charge de la distribution d’eau potable. Enfin, je suis administrateur de l’UEM (Usine d’Électricité de Metz), où la ville est actionnaire majoritaire, et en tant qu’adjoint à la transition énergétique, je compte bien me servir de ce levier.

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