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Les clubs de rugby se dotent de « Covid managers »

Dans le « monde d’après » le Covid-19, voici un nouveau métier. Chargé de faire respecter les règles sanitaires, le « Covid manager » est déjà un rouage essentiel dans l’univers du sport collectif, et particulièrement du rugby amateur.

Le 19/06/2020 par Sofia Colla

Luce s’est lancée il y a trois ans dans la pratique du rugby à 5, une version plus accessible du rugby traditionnel. Comme tous les Français, elle a du mettre cette activité sur pause pendant le confinement. Bonne nouvelle : son club, dans la ville d’Antony (92), devrait prochainement rouvrir…  avec une nouveauté : la mise en place d’un « Covid manager ». 
 
Kesako ? Une personne en charge de faire respecter les nouvelles normes d’hygiène, aussi bien pour les éducateurs que les adhérents. 
 
Fin mai, le Ministère des Sports a mis à disposition un guide des bonnes pratiques pour la reprise des sports collectifs, de combat et en salle, élaboré en collaboration avec les fédérations. 
  


Pour le football, le handball ou encore le hockey, cette feuille de route prévoit la mise en place d’une personne garante du protocole sanitaire ou d’un référent Covid. Pour le football américain et de rugby, cette personne prend le nom de  « Covid manager ». Un nouveau métier dans le monde du sport ?  

Un sport de contact… Sans contact

Le rôle concret de ces nouveaux acteurs ? « Il s’agit d’un réseau de personnes, aussi bien à la Fédération qu’au plus près de chaque club, qui échangent des infos, s’assurent que les directives du gouvernement sont respectées et qui peuvent répondre aux différentes questions de chacun », explique Didier Retière, directeur technique national de la Fédération Française de Rugby (FFR), qui gère les clubs de rugby amateurs.
 
Depuis mi-mars, nous ne cessons d’entendre des messages pour nous inciter à garder nos distances, à ne pas toucher à tout et à bien se laver les mains. Les sports collectifs ne répondent pas vraiment à ces critères. La mise en place d’un Covid manager au niveau de la ligue, du département et des clubs est l’une des solutions qui a permis la réouverture progressive des clubs de rugby depuis le 15 mai.  
 

« Au sortir du confinement, les gens avaient beaucoup d’interrogations et d’inquiétudes, il nous fallait un réseau de proximité qui nous permette de répondre aux clubs et aux adhérents », développe le directeur technique. 

 
« J’ai été nommé Covid manager par mon président, raconte Khalid El Bibouji, manager général sportif du Rugby Club de Courbevoie. Pendant trois semaines, il a fallu sensibiliser les joueurs, le staff, avec beaucoup de préparation en amont, de réunions pour mettre en place les nouveaux protocoles, les règles de distanciation… Nous avons travaillé main dans la main avec la mairie pour pouvoir rouvrir. » 
 
Les règles de bases sont communes à la plupart des disciplines sportives : pas de vestiaires, les joueurs doivent arriver directement en tenue, chacun a une zone définie pour déposer ses affaires et ne doit pas toucher à celles des autres, des sens de circulations ont été installés dans les bâtiments et différents stades de reprise ont été instaurés avec, au début, des cours sans ballon pour aller progressivement vers un retour à la normal.
   

« Le club de Courbevoie est une structure qui regroupe plus de 800 adhérents. Même si tous ne sont pas encore revenus aujourd’hui, c’est l’adhésion des uns et des autres qui a pu faire en sorte que ça marche. Car mettre en place tout cela seul, je vous assure que c’est très compliqué », commente le Covid manager. 

Nouveau poste à long terme ?

« Nous avons eu un retour positif, les clubs ont vraiment eu la sensation d’être accompagnés. Notre réseau est très actif et nous avons beaucoup d’échanges. Aujourd’hui, nous sommes environ à 50 % de reprise sur le territoire », se réjouit David Retière.
 
Si les Covid managers semblent être une solution post-confinement pour les clubs de rugby, celle-ci pourrait être pérennisée. « Nous ne garderons sûrement pas le même nom, mais c’est un vrai besoin dans nos clubs et pour la fédération d’avoir un référent en terme de bien-être des pratiquants », détaille le directeur technique.
 
« Nous pensons à mettre en place quelqu’un qui serait missionné pour lutter contre les addictions, les violences sexuelles, le harcèlement… Pour nous, c’est fondamental. L’une des mission première des clubs est aussi d’apporter cette dimension de cohésion sociale à la vie locale. » 

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