Partager la publication "Mieux comprendre la vague de chaleur qui arrive en France"
Des chaleurs avoisinant les 40 degrés sont attendus dans le Sud pour la fin de la semaine. Entre jeudi 16 juin et samedi 18 juin, la France devrait connaître un pic d’intensité avec, sans doute, un épisode caniculaire. C’est-à-dire des températures qui ne redescendent que très peu durant la nuit. Nous ne sommes pourtant qu’à la mi-juin et ce genre de pic de chaleur a généralement lieu plus tard dans la saison estivale.
Mais le réchauffement climatique pèse de tout son poids en cette année 2022. Après un mois de mai qui a été le plus chaud et le plus sec jamais enregistré en France, voilà que juin risque fortement de présenter, lui aussi, des anomalies météorologiques inquiétantes. En France, on appelle « vague de chaleur », un épisode météorologique où : « l’indicateur thermique au niveau national atteint ou dépasse 25,3°C et qu’il reste élevé pendant au moins 3 jours. » Comme le souligne Christophe Cassou, climatologue et un des principaux auteurs du 6e rapport du GIEC, la précocité inquiétante de ce pic est à mettre en relation direct avec le réchauffement climatique.
Des « anomalies » démultipliées par le réchauffement climatique
La probabilité d’avoir à vivre une « vague de chaleur » a été « multipliée par 30 par le réchauffement climatique« , rappelle Françoise Vimeux, climatologue et directrice de recherche à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), à franceinfo. Cela peut être « des vagues de chaleur qui se répètent, qui sont plus fréquentes, qui sont aussi plus intenses comme en 2019 et ou en 2003 ». Ce sont « des canicules particulièrement intenses et qui peuvent être plus précoces ».
Vagues de chaleur, sécheresses de plus en plus fréquentes ou, à l’inverse, des pluies torrentielles (à l’instar de ce qu’a pu connaître la vallée de Roya en octobre 2020) vont devenir de plus en plus fréquents dans l’Hexagone. Ce mardi 14 juin 2022 et demain, mercredi 15 juin, les températures devraient flirter largement avec les 32 à 35 °C sur toute la partie sud du pays. Et elles ne devraient pas descendre sous les 16 à 20 °C durant la nuit, selon les dernières prévisions météo.
Un épisode caniculaire en vue
Il fait actuellement 42 °C à Séville. Il fait aujourd’hui plus de 40 °C à Toulouse, 41 °C à Bordeaux… et cela devrait empirer entre jeudi et samedi. Avec une vague de chaleur qui pourrait toucher les 3/4 du pays et des températures qui ne redescendent que très peu durant la nuit.
Ainsi, il pourrait faire au moins 26 °C à Perpignan une fois le soleil couché. Ces températures qui ne descendent sont un vrai risque pour la santé des plus fragiles qui ne peuvent pas bénéficier d’un peu de « repos » et faire baisser leur température corporelle naturellement. Il faut savoir qu’une hausse de 2 degrés de la température (entre 42 et 44 °C par exemple) équivaut à augmenter le risque de mortalité de 100 %.
Une « bulle de chaleur » qui remonte de l’Afrique
Cette vague de chaleur qui va toucher une partie de l’Europe, trouve ses origines dans les fortes chaleurs qui remontent de Mauritanie et d’Afrique du Nord. C’est une dépression actuellement située au large du Portugal qui « aspire » en quelque sorte les masses d’air torride du continent africain pour les faire se propager en Europe.
Un phénomène qui devrait se réitérer de plus en plus souvent et monter en puissance. Selon les statistiques météorologiques, les sept dernières années ont été les plus chaudes jamais enregistrées. Et il s’avère qu’il y a eu quatre vagues de chaleurs en 45 ans, entre 1960 et 2005, que sur les vingt dernières années (2005-2020). Pire, nous avons enregistré près d’une trentaine de phénomènes de ce type (26 vagues !) depuis 2000.
Une adaptation nécessaire des villes
Bétonisation, suppression des espaces verts et des arbres en ville, climatisation à go go… ce n’est pas un hasard si les habitants des centres urbains souffrent particulièrement de la chaleur. D’ailleurs, le gouvernement a annoncé ce mardi 14 juin qu’il mettait en place un plan pour aider les villes à créer des « îlots de fraîcheur » et renaturer des villes et centres-villes.
« Face à cette vague importante, forte, précoce, inédite, (…) le gouvernement déploie des mesures d’accélération de la préparation aux conséquences du dérèglement climatique. Les métropoles sont particulièrement touchées par la perception d’une chaleur intense, par conséquent le gouvernement va favoriser le développement d’îlots de fraicheur en ville », a déclaré la porte-parole du gouvernement Olivia Grégoire.
Pour lutter contre les îlots de chaleur, l’idée est de revégétaliser des espaces en replantant des arbres, des plantations et créant de nouveaux espaces verts. Cela peut aussi passer par des forêts verticales sur les immeubles ou sur une partie d’immeuble. La modification des types de revêtements muraux et routiers peuvent aussi permettre de mieux absorber la chaleur. Enfin, en créant de nouveaux points d’eau, cela permet aussi de faire baisser la chaleur en ville.