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Réchauffement climatique : les océans rongés par l’acide

On connaissait les « climate stripes » pour le réchauffement climatique global et les biodiversity stripes » (ou rayures du toucan) pour mettre en lumière la perte de biodiversité. Voici aujourd’hui, les « acidification stripes », le graphique qui souligne l’acidification vitesse grand V des océans depuis 40 ans (1982-2022). Fruit du travail de chercheurs de l’École polytechnique fédérale de Zurich (ETH, Suisse), ces rayures montrent comment le pH des mers évolue à mesure que les températures de l’eau s’élèvent. Et un océan trop acide est un océan en souffrance.

À chaque fois le principe est le même : des bandes de couleurs illustrent une période de notre histoire et leur teinte évolue au fil du temps… et des effets du réchauffement climatique. Ce nouveau travail met cette fois en lumière l’impact net du dérèglement climatique sur les océans et leur acidification. Il établit que, entre 1982 et 2022, l’acidité des océans s’est accrue en moyenne de 18 %. Or, les océans recouvrent 72 % de la surface de la planète et représentent 97 % de l’eau sur Terre. 

https://twitter.com/ETH_en/status/1701564830337900670?ref_src=twsrc%5Etfw

Une conséquence directe des émissions de gaz à effet de serre

Inutile de tourner autour du pot et de se trouver des excuses, cette acidification est une fois de plus la conséquence directe des émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à l’activité humaine. Car non seulement les océans absorbent une partie de la hausse des températures mais ce sont aussi les véritables « poumons » de la Terre, devant les forêts. En effet, à eux seuls, ils stockent environ un tiers du CO2.

Or, ce stockage du CO2 provoque l’acidification des océans. Lors de la dissolution du dioxyde de carbone au contact de l’eau, de l’acide carbonique se forme. Et cela a des conséquences significatives sur la vie marine. En effet, davantage d’acide carbonique signifie que la valeur du pH des océans diminue. Une partie de cet acide carbonique réagit avec les ions carbonate présents dans l’eau de mer, provoquant une diminution de l’état de saturation de l’eau de mer en minéraux carbonatés comme l’aragonite (le matériau de construction des coraux).

Papier de test Litmus pour mesurer le pH. Crédit : H_Ko / Shutterstock.

Un océan plus acide, c’est un océan malade

L’acidification des océans a de graves conséquences sur la biodiversité sous-marine. Non seulement cela a un impact sur les récifs coralliens mais aussi sur certaines espèces de plancton ou encore de moules qui ne trouvent plus dans l’eau de mer les nutriments nécessaires à leur développement. « De nombreuses personnes ne sont pas conscientes de ce qui se passe dans nos océans », déclare Nicolas Gruber, professeur de physique environnementale à l’ETH Zurich. Le chercheur marin et son équipe veulent changer cela avec les « acidification stripes ».

De nombreux organismes marins, comme ici les moules, souffrent de l’acidification des océans. Crédit : Charlotte Bleijenberg / Shutterstock.

« Comme ces organismes sont souvent à la base de la chaîne alimentaire, ils sont essentiels pour de nombreux écosystèmes marins et donc également pertinents pour nous, les humains », précise Nicolas Gruber. Et son collègue, Dangling Ma, d’ajouter : « Nos résultats confirment que le pH et la saturation en aragonite ont diminué dans l’ensemble des océans de la planète et que ces tendances sont principalement dues à l’augmentation du carbone inorganique dissous provenant de l’atmosphère. »

ETH Zurich propose ses « acidification stripes » en accès libre. Il est possible d’avoir une vision d’ensemble mais aussi de se focaliser sur une des 60 régions océaniques isolées par les chercheurs pour visualiser les variations sur une zone donnée.

Ainsi pour l’océan Atlantique et le bassin qui concerne la France (située à la latitude 46° N), le graphique obtenu est le suivant :

Plus précisément encore, pour la zone du golfe de gascogne et du plateau celtique, voici les « acidifications stripes » :

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