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Né sans avant-bras, il se construit une prothèse en Lego

À l’école, on l’appelait « le gars sans bras ». Sur la toile et bien avant la sortie du dernier opus de Star Wars il est devenu Hand Solo. Des milliers d’internautes suivent au fil de ses vidéos les progrès techniques de ses prothèses, construites par ses soins, en Lego.

Le 05/06/2018 par Paola De Rohan-Csermak
(Crédits : Pau Fabregat, National Geographic Spain)
(Crédits : Pau Fabregat, National Geographic Spain)

Cet élève du lycée Sant Ermengol d’Andorre ne se pose plus de question sur sa voie professionnelle. À dix-neuf ans, David Aguilar Amphoux, alias Hand Solo (un clin d’œil à son handicap, il est manchot), était le plus jeune des participants de Viva Technology qui a rassemblé à Paris, fin mai, plus de 100 000 personnes.

Aux côtés de sommités scientifiques comme Moran Cerf, un ex-hacker aujourd’hui professeur de neurosciences et de management ou Ernesto Martinez Villapando, chercheur en  biomécatronique, surnommé le “Leader of the Bionic Age”, l’adolescent a livré sa vision des prothèses du futur, exemple à l’appui : la prothèse de bras qu’il a conçue et fabriquée lui-même, en Lego Technic.

« Oh ! Tu es intelligent ! »

David Aguilar Amphoux est né en Andorre en 1999 avec le syndrome de Poland, sans muscle grand pectoral et sans avant-bras droit. Victime de regards appuyés, de moqueries parfois, de questions sans réponse comme « Pourquoi tu n’as pas de bras ? », il trouve refuge dans sa chambre ; assis au milieu d’une mer de Lego il crée son propre univers où des voitures et des motos volent près d’un avion « grand comme l’univers » – ce sont ses mots d’enfant.

Un jour – il a neuf ans – il se construit un bras avec ses jouets favoris, une prothèse rudimentaire qui se fixe à l’épaule avec une lanière. Neuf ans plus tard, il a l’idée de convertir les 1 042 pièces d’un hélicoptère « qui prenait la poussière sur une étagère » en une prothèse de bras qui aurait une fonction pratique. En une semaine, il réalise un modèle emboîtant, articulé au niveau du coude et prolongé par une main minimaliste à deux doigts qui peut attraper et soulever des objets légers, « grâce à un système de piston relié à un petit câble qui actionne les pinces ». Il l’appelle MK1, en référence à la première armure d’Iron Man.

Cette fois, il porte sa prothèse à l’école et la présente sur les réseaux sociaux. Le succès médiatique est instantané et il devient le super héro de dizaines de milliers de personnes. « Mes copains se sont mis à me regarder différemment. Ils m’ont dit : oh ! tu es intelligent ! » confie-t-il sur sa dernière video. En janvier 2018, il perfectionne sa prothèse, et réalise MK2, « plus fonctionnelle que la première ; elle attrape des objets plus lourds et elle est un peu plus souple. Une batterie remplace le muscle du bras »,explique-t-il, à Viva Tech.

La prothèse de David Aguilar a coûté quelque 100€, quand une prothèse bionique coûte entre 35 000 et 90 000€ environ en Europe, selon le laboratoire ProtUnix. Cet écart de prix a motivé le projet professionnel du jeune homme : se perfectionner en bio-ingénierie pour offrir aux personnes auxquelles il manque un membre des prothèses à la fois simples, « pas trop inconfortables » et peu coûteuses. Il pense notamment aux jeunes victimes de la maladie ou de la guerre. De grandes universités lui ont proposé une bourse pour étudier au sein de leur établissement, il a accepté l’offre de l’Université Internationale de Catalogne, à Barcelone.

Des perspectives encourageantes durant les révisions du baccalauréat ; pour Hand Solo les épreuves débutent samedi 2 juin.

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