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Des apéros Skype pour apprendre à changer le monde (et de vie)

Depuis le premier confinement, l’association Makesense organise des apéro-coaching en ligne pour devenir acteur du changement : aider les séniors isolés, les sans-abri, ou décrocher un job qui a du sens. Une formule qui cartonne, auprès des jeunes notamment. Notre journaliste a suivi un programme sur l’alimentation de demain.

Le 30/11/2020 par Alice Pouyat
MakeSense
Les participants se retrouvent trois fois par semaine sur Zoom pour se motiver et échanger des conseils.
Les participants se retrouvent trois fois par semaine sur Zoom pour se motiver et échanger des conseils.

“Ladies and gentlemen, mimez le légume que vous allez cuisiner !”. Il est 19h ce soir de confinement quand une trentaine de personnes connectées à Zoom aux quatre coins de l’Hexagone se mettent à imiter courges, navets ou aubergines. Toutes participent à un « apéro Skype” décalé mais néanmoins engagé : « Ré-Action Alimentation”, l’un des programmes de coaching « pour changer le monde joyeusement et collectivement » imaginés par l’association Makesense. “Merci de votre présence, vous êtes au top !”, poursuit Garance, l’animatrice de la réunion.

Fondée il y a 10 ans, l’association Makesense aide citoyens, entrepreneurs ou entreprises à mener des actions durables et solidaires. Dès le premier confinement, elle rebondit sur internet. Très vite, elle lance une Web-TV ou des programmes de coaching pour soutenir les plus touchés par la crise : les soignants, les personnes âgées isolées, les sans-abri, les réfugiés, les agriculteurs. « Beaucoup veulent se rendre utile sans forcément savoir comment, l’idée est de se motiver à plusieurs”, explique Garance. Le concept fait un carton : plus de 8 000 personnes se sont inscrites à ces programmes « Ré-Action” depuis mars. Lors du re-confinement, l’association met aussi sur pieds des programmes pour « Quitter la ville” ou « Faire un job du Monde d’après”.

Dix jours de défis pour « alimenter le changement »

Tourte aux légumes anciens, rutabagas, panais, épinards, pommes de terre d’Adeline.

C’est donc le programme pour une alimentation durable que je vais suivre pendant dix jours. Chaque matin, un nouveau défi me cueille au réveil dans ma boite mail : acheter local, cuisiner de saison, jardiner, rencontrer des agriculteurs, signer une pétition, s’engager dans une organisation, mobiliser autour de soi… Pour nous aider, une multitude de ressources en ligne sont envoyées, documentaires, podcasts, tutos, listes d’associations locales, cartes participatives de magasins éthiques

Ma promo échange aussi en continu sur un groupe Whatsapp et trois fois par semaine en petit groupe lors d’apéros Zoom de 30 minutes animés par Garance, notre “super-mob” (mobilisatrice), chargée de motiver et d’aiguiller les troupes. Un programme très connecté donc, qui s’adresse surtout aux jeunes même s’il est ouvert à tous. Les participants ont entre 20 et 40 ans en moyenne. Beaucoup sont étudiants, au chômage ou simplement en quête de sens en ces temps confinés. 

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Légumes anciens et poissons de saison

En dix jours seulement, difficile de changer de vie. Mais les encouragements de Garance et le partage d’initiatives challengent le groupe. Pendant ces dix jours, Adeline a cuisiné une tourte aux légumes anciens, Céline une pizza sans gluten au chou-fleur, Morgane un butternut farci. Marie a réussi à twister des salsifis. Vanille a collecté des semences pour commencer son potager. David a fabriqué des jardinières en palettes de recup’, Camille fait repousser des poireaux dans l’eau. D’autres encore ont participé au défi #nettoietonkm. Ou sont allés glaner des fruits abandonnés. 

Certains en resteront là. “Chacun son rythme mes lapins, n’ayez pas peur !”, rassure Garance. D’autres vont déjà plus loin. 

Comme Garance, certains ont relevé le défi #nettoietonkm, marcher 1 km en ramassant des déchets.

Pauline, ingénieure, à décidé de développer une appli pour connaître d’un coup d’oeil non seulement les fruits et les légumes, mais aussi les fromages, les poissons et les fleurs de saison. Pour l’aider, une nouvelle boucle Whatsapp est lancée.

Depuis sa création en mars dernier, le programme “Ré-action alimentation” a poussé 143 personnes a rejoindre une Amap, 91 une association. Dans ma “promo”, certains sont allés aider les Restos du coeur ou Le Chaînon manquant qui récupère et distribue des invendus alimentaires aux plus démunis. Adeline a décidé de se présenter dans son Conseil du quartier pour peser sur les décisions locales en matière d’alimentation. Quelque 15 projets ont été incubés, 24 réseaux de distribution ont été créés, 302 pétitions signées pour la sauvegarde des abeilles ou Pour une autre PAC….

5000 coups de fils à des séniors isolés

Tchin tchin, l’heure du dernier apéro Zoom a sonné : dans une ambiance de séminaire de start-up avec musique et powerpoint, tous les groupes se connectent en même temps. Tous avec un beau bilan : le programme de soutien aux personnes âgées isolées affiche 5 000 coups de téléphone passés et de nombreux services rendus. Celui d’aide aux sans-abri a collecté plus de 6 000 produits de première nécessité. Avec un effet boule de neige. Dans chaque groupe, les “mobilisateurs”, comme Garance, presque tous bénévoles, transmettent le flambeau aux participants qui le souhaitent pour animer les prochaines sessions de coaching. En ligne pendant le confinement ou, tous l’espèrent, avec un verre à la main lors de vrais apéros. 

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