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VIDÉO – Paolo, le pêcheur toscan qui oppose l’art aux bulldozers des mers

Comment empêcher les chalutiers de venir pêcher – illégalement – au plus près de la côte toscane ? Un pêcheur italien, désireux de protéger la biodiversité, a eu l’idée de créer un musée sous-marin.

Le 10/08/2023 par Florence Santrot
Paolo Fanciulli
Le pêcheur Paolo Fanciulli, à l'origine du musée sous-marin au pied de Talamone, en Italie. Crédit : Lars Jacobsen / Patagonia
Le pêcheur Paolo Fanciulli, à l'origine du musée sous-marin au pied de Talamone, en Italie. Crédit : Lars Jacobsen / Patagonia

La soixantaine, Paolo Fanciulli, prend chaque jour la mer sur son petit bateau de 13 mètres. Avec son second, Baba, le pêcheur va relever son filet de 1,5 km à quelques dizaines de mètres de la côte toscane. Sa méthode de pêche, douce, l’y autorise. En revanche, les gros chalutiers et leurs énormes filets, qui ravagent les fonds marins tels des bulldozers, n’ont pas le droit de cité à moins de 6 kilomètres des côtes. Du moins, telle est la théorie.

Dans les faits, Paolo Fanciulli se bat depuis le début des années 90 contre le chalutage de fond. Une pratique qui abîme l’écosystème marin autour de la petite ville de Talamone, dont il est originaire. Après quelques heurts violents et de nombreuses patrouilles de nuit en se faisant passer pour la police pour tenter de décourager les chalutiers industriels, Paolo a eu une autre idée. Totalement pacifique celle-là. Il a commencé à noyer de gros blocs de bétons au fond de l’eau. Des blocs suffisamment gros pour déchirer les filets des chalutiers qui viendraient à passer.

Regardez la vidéo « L’art de l’activisme », réalisée par Patagonia dans le cadre de sa campagne de sensibilisation contre le chalutage de fond :

L’idée fortuite d’un musée sous-marin

Tout a basculé lorsque pêcheur a rencontré, par hasard, le propriétaire d’une carrière de marbre de Carrare. Lors d’une discussion, il lui demande s’il serait possible de lui donner un ou deux blocs à immerger. Son souhait sera largement exaucé : ce sont pas moins de 100 blocs de marbre que lui offre Franco Barattini. De ce cadeau, naît une idée un peu folle. Avant de déposer ces énormes blocs de 10 tonnes sur les fonds marins de Maremme, pourquoi ne pas les sculpter ?

Une nouvelle oeuvre en marbre qui sera immergée à la fin de l’été 2023. Crédit : Lars Jacobsen / Patagonia.

Avec l’aide de la région Toscane, qui finance une partie du projet, son rêve a commencé à prendre forme. Une vingtaine de sculptures a déjà été plongées à une petite dizaine de mètres de profondeur. Elles sont visibles au pied du fort qui domine Talamone. D’une part, ce musée sous-marin est une attraction touristique. D’autre part, il protège la zone des chalutiers, à l’instar des blocs de béton. Les sculptures sont le fruit d’artistes italiens et internationaux, sélectionnés sur dossier et qui viennent en résidence en Toscane leur donner vie.

Le rêve de Paolo le pêcheur voit peu à peu le jour… sous la mer

En mars dernier, une nouvelle promotion de jeunes artistes a eu un mois pour créer leurs oeuvres. Des réalisations qui doivent pouvoir s’admirer par le haut, depuis la surface ou presque. Elles seront immergées à côté des autres à la fin de l’été. Peu à peu, le musée de Paolo le pêcheur s’agrandit… et les oeuvres deviennent de nouveaux refuges pour la biodiversité, qui se fait à nouveau abondante.

oeuvre en marbre
Une des oeuvres sculptées en marbre qui a été plongée au pied de Talamone. La nature reprend peu à peu ses droits… Crédit : Butini / Casa de Pesci.

Retrouvez un reportage sur l’histoire de Paolo dans le prochain numéro de WE DEMAIN, à paraître début septembre 2023.

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