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Des vélos sur-mesure et haut de gamme conçus dans un village des Pyrénées-Orientales

L’entreprise Caminade s’est lancée il y a 8 ans dans la construction de vélos sur-mesure à Ille-sur-Têt, dans les Pyrénées. Une relocalisation de la fabrication qui permet aussi de dynamiser la vie de village. Des emplois et un tiers-lieu ont vu le jour.

Le 25/03/2021 par Sofia Colla
Caminade
L’entreprise Caminade commercialise des vélos haut de gamme et sur-mesure fabriqués dans les Pyrénées-Orientales. (Crédit : Caminade)
L’entreprise Caminade commercialise des vélos haut de gamme et sur-mesure fabriqués dans les Pyrénées-Orientales. (Crédit : Caminade)

Dans le petit village d’Ille-sur-Têt, dans les Pyrénées-Orientales, deux passionnés de VTT ont décidé de relancer la production de vélos made in France. Après 8 ans d’existence, l’entreprise Caminade compte 6 salariés et produit près de 200 vélos haut de gamme et sur-mesure chaque année. 

« Aujourd’hui en France, 99 % des cadres sont fabriqués en Asie », rapporte Gabriel Tronche, en charge de la communication. « Le combat de Caminade était de montrer que l’on pouvait fabriquer des vélos en France, que l’on avait ce savoir-faire, et que l’on pouvait avoir un business modèle qui fonctionne. » 

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Des vélos en circuit court

La petite entreprise fabrique les cadres de vélo en titane, qui sont soit soudés, soit collés. Aujourd’hui, la plupart des vélos sont construits en carbone ou en aluminium, des matériaux moins résistants et plus difficilement réparables. « Le titane est aujourd’hui peu utilisé car il faut un vrai savoir-faire artisanal pour être capable de le souder et de le travailler, donc c’est difficilement industrialisable », explique Gabriel Tronche. « C’est un matériau inaltérable, qui dure dans le temps et qui est aussi réparable. »

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Si Caminade commande le titane chez un fabricant italien, sa provenance n’est pas tracée. Le titane vient le plus souvent des États-Unis, de Chine ou de Suède. L’entreprise entreprend cependant des démarches pour privilégier le titane suédois et ainsi favoriser une fabrication plus locale. Il en va de même pour les composants qui s’ajoutent aux cadres fabriqués par Caminade : « Nous faisons attention à mettre des éléments principalement made in France ou made in Europe, même s’il y en a encore certains qui viennent d’Asie », avoue l’ingénieur. 

Le prochain objectif de l’entreprise est d’ailleurs de fabriquer son premier vélo à assistance électrique 100 % made in France. « Nous allons nous occuper de faire le cadre et d’assembler les pièces, et nous allons faire des partenariats avec des constructeurs qui fabriquent en France pour le reste », détaille Gabriel Tronche. « On espère pouvoir le lancer en janvier 2022 », confie-t-il. 

Il s’agira d’un modèle de ville : « Nous sommes contre le VTT à assistance électrique qui permet de faire ses loisirs plus rapidement. Par contre, si le vélo à assistance électrique permet de remplacer la voiture et de booster les déplacements en ville, là, cela nous intéresse ! »

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Du sur-mesure qui a tout de même un prix : 2 800 euros pour l’entrée de gamme ! Un tarif qui reste concurrentiel par rapport « à des gammes équivalentes chez des marques qui construisent dans les mêmes matériaux mais en Asie », assure Gabriel Tronche. Après avoir passé commande, il faudra également être un peu patient. En effet, il faut compter entre 2 et 6 mois avant de recevoir son vélo made in Pyrénées. 

Des vélos qui dynamisent la vie locale dans les Pyrénées

Pour pouvoir proposer des modèles à plus bas coût, et toujours pour développer la pratique du vélo, Caminade est en train de mettre en place une recyclerie. Elle recupérera des vélos destinés à la casse dans des déchèteries locales partenaires, qui seront remis en fonctionnement. « Nous voulons aussi créer un partenariat avec un lycée voisin pour qu’il y ait des apprentis qui viennent se former et utiliser notre outil de production à la recyclerie », détaille-t-il. 

En plus de l’espace vélo, Caminade a développé un réel tiers-lieu dans le village des Pyrénées, dont Gabriel Tronche est en charge. Accueil de coworkers, bar – avec bientôt de la limonade maison et de la bière brassée sur place -, marché de producteurs locaux hebdomadaires… « L’idée est aussi de montrer que l’on peut redynamiser les villages et créer des emplois heureux et intéressants en dehors de la ville », confie-t-il. 

Caminade
Le marché des producteurs locaux. (Crédit : Caminade)

Heureux, les salariés de l’entreprise semblent l’être. Ici, exit la gouvernance pyramidale : « Nous avons tous la même rémunération, que ce soit le soudeur ou les ingénieurs. Chaque personne se responsabilise dans sa tâche et les décisions sont prises collectivement », rapporte Gabriel Tronche. 

Un modèle qui a fait ses preuves. Voilà trois années de suite que l’entreprise réalise une augmentation de 40 % de son chiffre d’affaires et deux années de suite qu’une nouvelle personne est embauchée. Et Caminade compte bien ajouter une nouvelle tête à l’équipe en 2021, en dépit de la crise: « Avec la situation sanitaire, les gens se sont encore plus rendu compte que le vélo était un outil formidable qui avait tout son intérêt dans le quotidien ».

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