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Assemblée citoyenne des imaginaires : et si on se créait un futur désirable ?

À quoi ressemblera notre avenir ? Pas forcément aux films catastrophes et séries dystopiques qui fleurissent actuellement. L’Assemblée citoyenne des Imaginaires veut relever le défi de réenchanter le futur.

Le 03/04/2023 par Florence Santrot
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Que peut-on lire dans notre livre magique, véritable porte ouverte sur le futur ? Crédit : Vitalii Bashkatov / Shutterstock
Que peut-on lire dans notre livre magique, véritable porte ouverte sur le futur ? Crédit : Vitalii Bashkatov / Shutterstock

Même si on connaît déjà les solutions à adopter pour réussir la transition écologique, personne ne sait vraiment à quoi pourrait ressembler une société post carbone… Partant de ce constat, l’Assemblée citoyenne des imaginaires invite le grand public à imaginer une nouvelle vision de l’avenir. Une vision positive des années qui s’annoncent. Loin du pessimisme ambiant, rendre le futur désirable est l’objectif de cette expérience inédite qui aboutira sur des projets audiovisuels.

L’autrice et réalisatrice Valérie Zoydo s’est associée à l’Ademe, le festival Atmosphères et Bluenove pour organiser ce grand atelier d’écriture qu’est l’Assemblée citoyenne des imaginaires. Bluenove est une plateforme spécialisée dans l’intelligence collective et la démocratie participative. Elle va s’occuper de récolter les idées auprès du grand public.

1 000 citoyens pour participer à l’Assemblée citoyenne des imaginaires

« Nous recherchons un véritable éclectisme dans les participants, explique Valérie Zoydo. Tout le monde peut s’inscrire en remplissant un questionnaire avec des questions du type : ‘qu’est-ce qui est important aujourd’hui dans vos vies’, ‘à quels héros vous identifiez-vous’, ‘quelles émotions sont votre moteur’, etc. Le but est, ainsi, d’écouter les citoyens. Les rejoindre là où ils sont et pas là où on voudrait qu’ils soient. Nous voulons d’abord faire un état des lieux du rapport au réel, à l’imaginaire et à l’émotionnel. »

La première étape, qui dure du 28 mars au 30 avril, vise à donner la parole au grand public et de collecter leurs témoignages via un formulaire qui nécessite 15-20 minutes à remplir. L’étape suivante sera de décrypter et de sélectionner quelque 1 000 idées, des histoires qui s’adressent au plus grand nombre, avec l’aide des scénaristes. Ceux-ci sont au nombre de huit, qui travailleront en quatre binômes.

Ensuite, du 11 mai au 30 juin, ce sera la phase de la formation, via des ateliers en ligne et en présentiel, pour co-écrire de nouveaux récits. « Il faut leur donner des billes pour écrire leur récit. Nous avons l’intention de faire venir des experts de l’environnement pour leur expliquer les défis actuels et les solutions. Le but, derrière, est d’avoir un aperçu crédible d’un monde où les humains respectent le vivant », précise Valérie Zoydo.

Des scénaristes en résidence pour imaginer différents récits et formats

Sur la base des idées soumises par les citoyens, les scénaristes choisiront de s’emparer de certaines idées pour travailler en résidence de juillet à septembre. « Là encore, de la pédagogie sera faite auprès d’eux, sans contraindre l’acte créateur, afin que les idées de la transition écologique fassent tâche d’huile dans les scénarios », indique Valérie Zoydo.

Une fois les synopsis aboutis, des allers-retours seront faits avec les citoyens pour les retravailler et les améliorer. « Quatre synopsis seront enfin présentés lors du festival Atmosphères (11-15 octobre). Les citoyens pourront alors décider du format : programme court, série diffusée sur une plateforme, long métrage… Nous aimerions dans l’idéal avoir des formats différents pour chaque synopsis et des histoires complémentaires », note Valérie Zoydo.

Quatre fictions qui réenchantent le futur à venir… et bien plus encore

À la fin de l’été, TF1, partenaire principal du projet, sélectionnera parmi les scénarios celui ou ceux qui l’intéressent le plus. Les autres seront ensuite soumis à d’autres boîtes de production début 2024. Mais les quelque mille idées qui auront émergé de l’Assemblée citoyenne des imaginaires ne seront pas perdues pour autant. « Nous voulons mettre ces microfictions citoyennes en open-source afin que chacun puisse y puiser des idées et s’en servir pour créer de la littérature jeunesse, une BD, un jeu vidéo… », liste Valérie Zoydo.

Ce dispositif doit permettre de faire émerger des champs des possibles. Un peu à l’instar de la série Apple TV+ Extrapolations qui se révèle très bien documentée d’un point de vue scientifique. « Nous imaginons un peu nous rapprocher de Don’t look up, Avatar mais aussi Casa de Papel, qui en soit est très loin du sujet mais dont la base du scénario qui reprend le mythe de Robin des Bois a inspiré Extinction Rebellion« , pointe Valérie Zoydo.

Donner à voir concrètement une société compatible avec le vivant

La difficulté actuelle est que nous ne parvenons pas à prototyper à quoi ressemblera une société post-carbone. Un monde où les êtres humains vivent à l’intérieur des limites planétaires. « Nous avons toutes les clés. Les scientifiques savent comment faire en sorte d’arriver à une société compatible avec le vivant dans tous ses interstices. Mais personne n’est encore parvenu à modéliser cela. »

Et d’ajouter : « Dans l’idéal, il faudrait recréer ce monde de demain dans un tiers-lieu en faisant appel aux experts et scientifiques pour la crédibilité des sources. Notre travail avec les porteurs d’histoire nous permettra peut-être d’avancer dans cette direction. Et de ne plus nous cantonner à des dystopies ou utopies de fin du monde », conclut Valérie Zoydo.

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