L’agroécologie, respecteuse de la ressource en eau

Et si demain, la terre mourrait de soif ?
 
Un rapport de l’UNESCO tirait déjà la sonnette d’alarme en 2018, augurant que 32 ans plus tard, en 2050, 5 milliards de personnes pourraient faire face à des pénuries d’eau.
 
Car si cette ressource est vitale à tous les êtres vivants, elle fait parfois défaut lors de sécheresses intenses provoquées par le réchauffement climatique, encouragé lui-même par des pratiques agricoles intensive polluant massivement l’eau d’engrais azotés et de pesticides. Une production continue responsable, d’après l’association UFC/Que Choisir, de 70% des pollutions liées aux pesticides, jusque dans les nappes phréatiques.

Canicule oblige, cette année le gouvernement a déclenché un dispositif de calamité agricole et promis « un milliard d’euros » pour les cultivateurs et les éleveurs français. 
 
Mais d’autres dénouements moins catastrophistes existent pour attaquer le problème d’eau à la source. Basé sur le respect de l’équilibre des écosystèmes ainsi que sur la complémentarité entre faune et flore, l’agroécologie est – selon France Nature Environnement notamment – le système agricole à adopter d’urgence.
 

Usage raisonné et dépollution de l’eau

Adapter les variétés cultivées au climat local, diversifier les cultures, planter des arbres dans les champs pour absorber le CO2… Pour les adeptes de l’agroécologie, développement agricole et protection de l’environnement sont indissociables.

Ce modèle d’agriculture repose sur la création de milieux naturels domestiqués, fonctionnant sur un usage cohérent et raisonné des ressources – notamment celle de l’eau.

En suivant ce principe systémique, toutes les pratiques agroécologiques (comme de permaculture) concourent à améliorer la capacité de rétention en eau des sols et à optimiser sa collecte au niveau du champs comme les abords des exploitations.

Il existe quatre phases de gestion de l’eau en agroécologie :

  • La mobilisation des ressources : cela englobe toutes les pratiques de collecte d’eau de pluie, de drainage ou encore les aménagements créés pour mieux mobiliser cette ressource.

 

  • L’usage optimisé dans le champs : en somme, adapter les systèmes d’irrigation aux cultures

 

  • La conservation de l’eau du sol au niveau de la parcelle : par l’apport de fumure organique, de paillage et d’autres pratiques visant à réduire l’évapotranspiration comme l’agroforesterie, cette technique qui consiste à planter des arbres dans les mêmes parcelles que les cultures.
Ceci permet notamment de limiter l’évaporation de l’eau – les racines des arbres freinant l’écoulement – tout en faisant descendre la température et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre.

 

  • La protection de l’eau contre les pollutions émanant de l’agriculture et d’autres activités industrielles : grâce à l’utilisation de fertilisants organiques, de produits naturels de traitements phytosanitaires, ainsi que les pratiques de gestion durable de l’eau d’élevage, par exemple.

À la fin du cycle, l’eau n’est pas polluée, puisque l’agroécologie (comme l’agriculture biologique et la permaculture) n’utilisent ni engrais ni pesticides , préservant ainsi les sols et l’eau.

Un système qui pourrait nourrir l’Europe en 2050

Si ce modèle agricole est plus respectueux de l’environnement, certains révoquent sa capacité à surpasser ou à égaliser les rendements des cultures industrielles.
 
Pourtant, une étude du 13 septembre 2018 – publiée par l’Institut du développement durable et des relations internationales – affirme que l’agroécologie pourrait nourrir l’Europe en 2050, sans nuire à la planète.  
 
En remplaçant l’agriculture intensive – ni saine, ni durable – ce modèle induirait une diminution de 40 % des émissions de gaz à effet de serre mondiales ainsi qu’une reconquête de la biodiversité, selon le rapport.
 
Du côté des cultivateurs, l’agroécologie ne fait pas l’unanimité car sa pratique provoquerait une baisse des rendements de 10 à 15 % en fonction de la nature des cultures.
 
Un second argument est parfois employé pour décrier ce modèle, mais il est contestable : en bannissant les pesticides et les engrais de leurs champs, certains cultivateurs redoutent de devoir financer plus de main d’œuvre, ce qui pourrait augmenter les coûts de productions. Mais on peut aussi voir les choses d’un autre angle, en considérant que ce budget serait compensé par la disparition des coûts liés à l’achat d’intrants.

Chaque année, 1,3 milliard d’euros sont octroyés par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation aux entreprises agricoles pour les pousser, parmi d’autres objectifs, à adopter des pratiques agroécologiques ou biologiques.

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