« Le climat, une menace aussi sérieuse que la guerre nucléaire »

Il faut accorder la même importance aux conséquences du changement climatique qu’à la prolifération des armes nucléaires dans le monde. C’est ce que révèle le rapport « Changement climatique : une évaluation des risques », commandé par le bureau britannique des affaires étrangères, qui l’a rendu public lundi 13 juillet.

Réchauffement « incontrôlé »
 
Ce rapport, écrit par plusieurs experts britanniques, américains, chinois et indiens, fait le point sur les risques et dangers auxquels nous confronterait un « réchauffement de la planète incontrôlé ». À six mois de la Conférence des Nations unies sur le changement climatique à Paris (COP21 ), ses auteurs ont voulu démontrer que ces risques doivent être évalués « de la même manière que ceux liés à la sécurité nationale [d’un pays], la stabilité financière ou la santé publique ».

Selon la baronne Joyce Anelay, ministre d’État à l’Office du Commonwealth et des Affaires étrangères (Foreign and Commonwealth Office, FCO), les « impacts indirects » du réchauffement de la planète, tels que la détérioration de la sécurité internationale, pourraient être beaucoup plus importants que ses effets « directs », comme les inondations.
 
Parmi les effets « indirects », quatre conséquences majeures sont mises en avant dans le rapport :
  • Des risques majeurs liés à une insécurité alimentaire globale, dont celui de voir tripler les prix des denrées alimentaires.
  • Des vagues migratoires sans précédent débordant l’assistance internationale.
  • Un risque croissant de montée du terrorisme, lié à un échec des États à l’endiguer.
  • Des vagues de chaleur mortelles, même dans les lieux ombragés.

Pour justifier ces prévisions alarmantes, le rapport explique que « les humains ont une tolérance limitée aux extrêmes pics de chaleur » :
 

« Déjà actuellement (…), les conditions de travail en période de pics de chaleurs dans les pays chauds sont dépassées, allant jusqu’à causer des décès. »

Mais c’est bien le manque d’eau, engendré la par l’explosion démographique (9 milliards d’êtres humains en 2050, contre 7,3 milliards aujourd’hui), qui demeure la cause première de ce présage funeste. Selon le rapport, au milieu du XXIe siècle, le nombre de personnes exposées à une pénurie d’eau devrait doubler.

Cette croissance démographique, poursuit l’étude, doit être accompagnée d’une « réduction spectaculaire de [nos] émissions de carbone ». Si les politiques environnementales ne changent pas « drastiquement » – à commencer par les mesures limitant à 2 degrés le réchauffement climatique par rapport à l’ère préindustrielle – les pénuries d’eau pourraient s’accompagner d’une série de catastrophes systémiques.

Parmi ces catastrophes à redouter, une sécheresse extrême des terres agricoles dans le monde entier, en particulier en Afrique du Sud, aux États-Unis et en Asie du Sud. Parallèlement, les bassins hydrographiques comme ceux situés autour du Gange et de l’Indus, en Inde, ou du fleuve Jaune en Chine, pourraient connaître des inondations tous les trois ans, soit dix fois plus souvent qu’aujourd’hui.

Insécurité globale

Des catastrophes naturelles qui, conjuguées à la crise agricole,  provoqueraient « inéluctablement » une montée globale de l’insécurité :

conflits et flux migratoires massifs, comme le précise le rapport.

« Dans certaines régions, la migration deviendra plus une nécessité qu’un choix (…) – la capacité d’accueil de la communauté internationale s’en retrouvera submergée. (…) le risque de déliquescence des États [pourrait toucher] plusieurs pays, jusqu’à menacer ceux considérés comme développés et stables. [Ces facteurs conduiront à] l’expansion de territoires non gouvernés, qui favoriseraient la montée du terrorisme ».

La bataille serait-elle perdue d’avance ? « Une évaluation honnête des risques n’est pas une raison [d’être] fatalistes », assurent au contraire les auteurs de ce rapport, qui voient une seule façon de prévenir de telles catastrophes : le passage à l’action. « Nous avons la capacité de faire face », assurent-ils.

Une thèse partagée par un grand nombre d’activistes environnementaux, à l’image de l’essayiste Naomi Klein. Dans son dernier ouvrage Tout peut changer, capitalisme et changement climatique, l’altermondialiste canadienne soutient que l’urgence climatique peut déboucher à « un réveil civilisationnel ». Et que ce dernier est loin d’être impossible. Rendez-vous en décembre pour commencer à en juger.

Lara Charmeil
Journaliste à We Demain
@LaraCharmeil

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