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Le sport, un « polymédicament »

CHRONIQUE – Jean-Paul Curtay, médecin nutritionniste, nous éclaire sur les bienfaits multiples du sport sur la santé dans le dernier numéro de WE DEMAIN N°38.

Le 07/06/2022 par Jean Paul Curtay
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Les sports cardio, comme la course à pied, sont particulièrement intéressants pour protéger le coeur. Photo : TuiPhotoEngineer / Shutterstock.
Les sports cardio, comme la course à pied, sont particulièrement intéressants pour protéger le coeur. Photo : TuiPhotoEngineer / Shutterstock.

Le sport joue un rôle majeur sur la santé. Il contribue à prévenir, voire à traiter la plupart des maladies. Il permet de brûler des calories, d’augmenter la masse musculaire, ce tissu qui, avec le cerveau, dépense le plus d’énergie. Le sport conduit à la multiplication des mitochondries. Ce sont les minicentrales énergétiques de nos cellules qui fournissent l’énergie nécessaire à la multiplication des anticorps et des globules blancs. Ils créent ainsi un rempart contre l’inflammation.

Lorsque nos muscles sont contractés, la combustion du sucre fait baisser le glucose en l’attirant par osmose dans les cellules. Ce puissant effet hypoglycémiant fait de l’activité physique LE premier médicament contre le diabète. L’étude finlandaise FDPPS montre que, chez des sujets en surpoids avec intolérance au glucose, le risque de diabète de type II est réduit de 58 % dans le groupe qui pratique un sport quotidiennement.

Le sport a des effet cardio-protecteurs

Les sports d’endurance, ou d’aérobie, ont non seulement des effets cardio-protecteurs, mais aussi thérapeutiques. Alors qu’autrefois on maintenait alitées des personnes qui venaient d’avoir un infarctus, aujourd’hui on les sollicite très vite après leur accident. C’est simple, le sport muscle le cœur et l’aide à dilater ses vaisseaux.

Ainsi, parmi 1 104 pompiers suivis entre 2000 et 2010 par une équipe de l’université Harvard, ceux capables d’effectuer au moins 40 pompes à une certaine fréquence avaient 96 % moins de risques de développer une maladie cardiaque en dix ans par rapport à ceux qui ne pouvaient en accomplir que dix ou moins. Et les personnes qui travaillent leur endurance régulièrement (marche rapide, course, vélo, ski de fond) ont au repos un pouls plus bas que les personnes non entraînées. Un cœur plus lent grâce au sport contribuerait donc à augmenter notre longévité. Le sport améliore aussi la qualité du sommeil, la période pendant laquelle notre énergie opère la maintenance : défenses anti-infectieuses, détoxification, évacuation des protéines pathogènes, réparation de l’ADN…

Retrouvez la chronique du nutrithérapeute Jean-Paul Curtay
dans chaque numéro de WE DEMAIN.

Des bénéfices anticancer

Le sport est un composant très important de la prévention et du traitement des cancers. L’effort physique intense déclenche l’hormésis dont la fonction est la neutralisation des carcinogènes,
la réduction des mutations et de l’initiation de cellules cancéreuses. Lorsque les cellules deviennent cancéreuses, elles consomment une grande quantité de glucose pour s’approvisionner en énergie.

Au contraire, un manque de glucose peut affaiblir leur fonctionnement, voire mener à leur suicide, comme l’a montré l’équipe de Serge Manié, du Centre de recherche en cancérologie de Lyon. Plus un cancéreux contracte ses muscles dans la journée, plus il vole du sucre à sa tumeur.
Le sport entraînant des pressions empêche la réduction de la masse musculaire. Entre 30 et 80 ans, nous perdons en moyenne un tiers de nos muscles. Or le muscle est important pour garder ses capacités de déplacement, éviter les chutes et les fractures. Il assure aussi notre capital glutamine, cet acide aminé qui participe à la fabrication de nos protéines tissulaires et constitue un carburant privilégié des globules blancs.

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Un facteur antistress et antidépresseur bien connu

De nombreuses études montrent que le sport présente une action plus durable en tant qu’antidépresseur que les médicaments. Le sport sert aussi de diversion sensorielle à l’hypermentalisation et à la rumination et améliore l’image de soi.

Il est un neuroprotecteur fondamental. Six mois d’activité physique chez des personnes saines sont suivis d’une augmentation des volumes de l’hippocampe et d’autres aires cérébrales à l’imagerie cérébrale. Une méta-analyse réalisée sur seize études comprenant 163 797 personnes montre que la pratique régulière d’activité physique réduit les risques de démence
de 28 % et de la maladie d’Alzheimer de 45 %
. Bouger chaque jour est donc un polymédicament peu coûteux qui rapporte gros.

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