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Comment les jeunes de 16-34 ans voient-ils l’avenir ?

Manger des insectes, faire confiance à son gouvernement, arrêter de prendre l’avion ou consommer local… Lancé en mai 2020, l’enquête « Il est temps » a déjà collecté 30 000 000 réponses à travers le monde. Analyse des premiers résultats.

Le 23/07/2020 par Sofia Colla

Seriez-vous prêt à ne plus prendre l’avion ? Pensez-vous que dans 20 ans nous ne mangerons plus de viande ? À qui devrions-nous ouvrir nos frontières ?… Arte et le service public japonais NHK ont lancé le 27 mai dernier une grande enquête internationale baptisée « Il est temps », dont We Demain est partenaire. 
  

Ce formulaire de 130 questions mis au point par des sociologues et diffusé dans plus de 30 pays grâce à des partenaires médias, parmi lesquels We Demain, donne la parole à tous, en particulier à la génération des 16-34 ans, et questionne sur l’état du monde. L’enquête se clôturera courant novembre par trois soirées spéciales sur Arte, avec des documentaires exclusifs présentant les résultats. 

272 700 personnes ont déjà participé et près de 30 000 000 réponses ont été collectées. Voici les premières tendances qui se dégagent. 

Comment mangera-t-on demain ? Le débat est encore ouvert

Faut-il arrêter de manger de la viande ? Un grand débat qui anime régulièrement les conversations en famille ou entre amis. Parmi les répondants, 42 % se considèrent « flexitariens » et 43 % estiment qu’il faut arrêter de manger des produits d’origine animale.

Pourtant, lorsqu’on leur demande d’imaginer à quoi ressemblera notre régime alimentaire dans vingt ans, seulement 18 % des sondés pensent que l’humanité sera devenue végane. Les insectes (30 %) convainquent davantage que les pilules (4 %) ou la viande de laboratoire (15 %), mais la majorité des participants ne préconise aucune de ces alternatives. 

En revanche, concernant l’élevage industriel, la réponse est claire : 93 % des sondés le considèrent comme une « dérive problématique »

« Par conviction écologique », la consommation (80 %), l’alimentation (74 %), les déchets (64 %) et les transports (42 %) sont perçus comme les principaux leviers de changement. Plus de huit participants sur dix assurent vérifier la provenance des fruits et légumes qu’ils achètent, et six sur dix consomment bio « régulièrement » . Ils sont aussi convaincus (à 68 %) que, « tôt ou tard, il nous faudra tous produire une partie de notre nourriture ».  

​Oui à la mobilité verte… sous certaines conditions

Sur le front de la mobilité, les sondés envisagent volontiers une vie sans avion (80 %) ou voiture individuelle (78 %), à condition de proposer des alternatives accessibles. 

71 % d’entre eux considèrent l’avion comme un moyen de transport « à raréfier sans [se] l’interdire » , tandis que 17 % l’estiment carrément « incompatible avec [leurs] valeurs »

La plupart des participants s’accordent sur la nécessité de « taxer davantage le kérosène des avions pour changer les comportements ». La question est en revanche moins tranchée concernant le carburant. Seule une courte majorité (51 %) se prononce en faveur d’une hausse des taxes sur « le carburant des voitures pour changer les comportements ».

Au moment de passer à l’acte, le prix reste néanmoins le premier facteur de décision : 43 % avouent choisir le moyen de transport le moins cher pour partir en vacances, contre 23 % qui optent pour « le moins polluant »

​Un modèle politique à revoir

Le questionnaire souligne un manque de confiance criant envers les institutions et les modes de gouvernance traditionnels. À la question « pour résoudre les problèmes du monde, je fais surtout confiance à… », la réponse qui arrive en tête est « aux citoyens » (33 %), contre seulement 3 % pour « à mon gouvernement » ou encore 19 % « à personne ».

Une conviction qui semble s’affirmer avec l’âge : la tranche 18-25 ans fait un peu plus confiance aux experts (30 %) qu’aux citoyens (27 %), alors que 39 % des 45 ans et plus considèrent les citoyens comme la meilleure réponse aux problèmes actuels. Tout âge confondu, 63 % pensent que le gouvernement n’en fait pas assez en matière d’écologie et 32 % qu’il ne fait rien. 

L’Union européenne affiche plutôt une bonne cote : 43 % des sondés la considèrent comme « une construction nécessaire » et 76 % ne veulent pas en sortir. 

Concernant les institutions nationales, 19 % ne font pas du tout confiance à la police, 24 % pas du tout à l’armée et 31 % n’ont aucune confiance envers les médias. Un tiers d’entre eux ne font aussi pas confiance à l’école. À la question « le système éducatif donne sa chance à tous », 64 % répondent par la négative. 

En revanche, 56 % font plutôt confiance aux ONG et 40 % aux syndicats. De manière générale, 67 % des sondés ne seraient pas prêts à se battre pour leur pays.

Un avenir plutôt noir

Les participants se montrent généralement pessimistes quant à leur futur et celui de la planète. 55 % d’entre eux pensent que leur avenir sera « plutôt pire » que la vie menée par leur parents. Un chiffre d’autant plus élevé (61 %) chez les jeunes actifs entre 26 et 34 ans. 59 % considèrent que le monde sera « moins bien » en 2040 et 63 % estiment qu’on ne « tirera aucune leçon » du Covid-19. 

Les deux tiers considèrent les générations précédentes comme responsables des difficultés rencontrées aujourd’hui par les jeunes. Une idée validée à 69 % par « la génération climat » (les 16-17 ans et les 18-25 ans), en particulier chez les jeunes Français : 73 % pour les 16-17 ans et 72 % pour les 18-25 ans. 

Une note positive tout de même : ils sont 78 % à considérer qu’il est possible de construire « une société durable où personne n’est laissé pour compte »

Attention toutefois, il s’agit de résultats provisoires et les participants à cette enquête ne sont pas représentatifs de la société. Ce premier bilan montre ainsi que la majorité des sondés vivent dans un bon cadre familial, se situent à gauche (37 %) voire très à gauche (14 %), et terminent le mois sans problème financier (51 %). La majorité des répondants sont Français, âgés de 16 à 34 ans et vivant en zone urbaine (36 % en Ile-de-France). Les résultats complets ne seront connus qu’en novembre, après avoir été analysés par le collectif de sociologues Quantité critique. D’ici là, le questionnaire reste ouvert.

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