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Écologie : les programmes d’Emmanuel Macron et Marine Le Pen en détail

Quels programmes écologiques pour les deux candidats encore en lice pour la plus haute fonction de l’Etat ? WE DEMAIN décrypte les idées d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen à quelques jours du second tour de la présidentielle 2022.

Le 11/04/2022 par Florence Santrot
drapeau français
Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont-ils impliqués dans la lutte contre le réchauffement climatique ? Décryptage.
Emmanuel Macron et Marine Le Pen sont-ils impliqués dans la lutte contre le réchauffement climatique ? Décryptage.

Alors que Marine Le Pen était invitée de l’émission « Elysée 2022 » sur France 2 le 31 mars dernier, seul 1 % du temps de parole a été consacré à l’environnement. Du côté d’Emmanuel Macron, le bilan environnemental de son mandat présidentiel n’est guère brillant. Après un début en fanfare avec sa tirade « Make Our Planet Great Again » en juin 2017, suite à l’annonce du retrait américain de l’accord de Paris par Donald Trump, l’engagement écologique du président Macron a bien vite montré ses limites. Et force est de constater que l’environnement comme le climat ne sont pas des sujets majeurs des programmes de cette campagne présidentielle 2022.

A l’issue du quinquennat d’Emmanuel Macron, il est clair que la France n’a pas respecté ses engagements climatiques pris lors de la COP21. Le 14 octobre 2021 l’État français a été reconnu coupable de « préjudice écologique ». Dans le cadre de l’Affaire du Siècle, quatre ONG – Notre Affaire à Tous, Greenpeace, Oxfam, Fondation Nicolas Hulot – ont obtenu du tribunal administratif de Paris un jugement historique. L’État a été condamné à réparer ses engagements climatiques non tenus d’ici le 31 décembre 2022. Si, depuis, le gouvernement s’est dit « pleinement conscient de ses obligations et de la nécessité de toujours accélérer l’effort climatique », bien peu d’actions ont été prises.

Mise à jour : Samedi 16 avril, Emmanuel Macron a annoncé une série de mesures en faveur de l’écologie s’il est élu pour un second mandat

Après le premier tour de la présidentielle – et avant le vote du dimanche 24 avril 2022 –, WE DEMAIN se penche sur les programmes des deux candidats encore en lice : Emmanuel Macron et Marine Le Pen.

Macron et Le Pen : leurs programmes à la présidentielle 2022 passés au crible

Sur la baisse des émissions de CO2 : des programmes qui manquent de mesures concrètes et rapides

Emmanuel Macron. Pour le candidat de La République En Marche (LREM), les ambitions sont grandes… mais éloignées dans le temps. Il vise la neutralité carbone en 2050 pour la France. Cela semble bien loin quand on sait que le GIEC a indiqué qu’il nous restait 3 ans. Nous avons jusqu’en 2025, pour atteindre un pic dans les émissions de gaz à effet de serre avant de les réduire de 43 % d’ici 2030 afin de respecter l’objectif d’une hausse moyenne de 1,5 °C. Emmanuel Macron souhaite que l’on soit « la première grande nation à atteindre la neutralité carbone ». Comment ? Par le « déploiement massif » d’énergies renouvelables (l’éolien en mer et du solaire sur terre), un nouveau plan de construction de réacteurs nucléaires et une réduction de la consommation.

Marine Le Pen. Du côté de la représentante du Rassemblement national (RN), elle promet que la France « appréciera chaque année sa trajectoire de réduction carbone, en fonction des trajectoires des autres pays et de la volonté des Français et de leur qualité de vie ». Elle ne s’engage donc pas sur des objectifs précis. Cependant, elle souligne que cette réduction carbone passera par le recours à l’énergie nucléaire, l’hydroélectricité et l’hydrogène. A contrario, elle souhaite un moratoire sur l’éolien et le solaire, qu’elle abhorre.

Sur le nucléaire : deux candidats en faveur de nouvelles installations

Emmanuel Macron. Le nucléaire est une source majeure d’électricité en France (environ 67 % de la production totale en 2020, selon RTE). Il n’est pas question pour Emmanuel Macron de réduire le parc nucléaire français. Au contraire, début 2022, le président sortant a initié la construction de six nouveaux EPR d’ici 2050 (+ huit optionnels). Il a aussi demandé la prolongation de la durée de vie de « tous les réacteurs qui peuvent l’être » (c’est-à-dire au-delà de 50 ans). C’est en rupture avec ses déclarations de début de mandat.

Marine Le Pen. Elle aussi se déclare en faveur de la construction de nouvelles centrales nucléaires. La candidate souhaite lancer « la construction de trois nouveaux EPR ». Les installations déjà en place seront, elles, révisées et modernisées au besoin. Elle a aussi annoncé que, si elle était élue, elle demanderait un moratoire sur le démantèlement de Fessenheim. Située dans le Haut-Rhin), cette centrale doit être démantelée à compter de 2025. Reste que, à l’arrêt depuis deux ans, des pièces ont d’ores et déjà été démontées. Il faudrait donc plusieurs années pour mettre la centrale aux normes et relancer la production…

Éoliennes : deux visions et deux programmes qui s’affrontent

Emmanuel Macron. L’éolien fait partie de son plan de « déploiement massif » des énergies renouvelables. En la matière, il privilégie l’implantation de mâts en mer. Pour rappel, la France est actuellement dotée de 8 000 mâts sur terre comme sur mer. Ceux-ci produisent 8 % de la production d’électricité globale. Le président souhaite voir se créer une cinquantaine de parc éoliens en mer d’ici 2050.

Marine Le Pen. Elle a une position opposée au président de la République en la matière. La candidate RN décrit les éoliennes comme des « horreurs qui nous coûtent une fortune ». Et critique l’utilité de ce genre d’« énergies intermittentes ». Marine Le Pen a donc promis de supprimer les subventions allouées à l’éolien (et au solaire à l’exception de l’outre-mer). Dans le programme de la candidate d’extrême droite, tous les chantiers en cours seront stoppés, voire même démantelés.

Passoires thermiques : des promesses bien différentes

Pour rappel, tout logement affichant une consommation d’énergie supérieure à 450 kilowatts-heure par mètre carré et par an est considéré comme une passoire thermique. À compter de 2023, il ne sera plus possible de les louer dans cet état. Quelque 5 à 8 millions d’habitations répondraient à ces critères en France. Un sujet majeur des programmes des candidats donc.

Emmanuel Macron. Au cours de son mandat, le président sortant s’était engagé à viser « la rénovation de la moitié des logements passoires des propriétaires les plus modestes dès 2022 ». Le but étant de diminuer ainsi les émissions de gaz à effet de serre. Mais aussi de faire baisser les charges (électricité, fioul, gaz). Las, Emmanuel Macron lui-même a reconnu courant mars 2022 ne pas avoir tenu sa promesse. « Le début du quinquennat n’a pas été marqué par des résultats. On a changé la logique. Nous avons réussi en 2021 à financer la rénovation de 650.000 logements. » S’il est réélu, il promet « 700 000 logements par an rénovés » au cours de son nouveau quinquennat. Un chiffre qui semble insuffisant, aux dires de l’association Réseau Action Climat.

Marine Le Pen. La candidate RN compte utiliser les 25 milliards d’euros récupérés dans les projets d’éoliennes en mer soumis à moratoire. L’objectif est de subventionner notamment le remplacement des chaudières au fioul. Autre idée présente dans son programme : un produit d’épargne nommé « logement vert ». Il permettrait de financer la rénovation d’un bien après son acquisition.

Bien-être animal : deux mauvais élèves

Emmanuel Macron. S’il souhaite « mieux assurer le recueil des animaux de compagnie abandonnés », il ne cache pas sa proximité avec les lobbies de la chasse. Il a d’ailleurs envoyé un courrier le 6 avril dernier au président de la Fédération nationale des chasseurs, Willy Schraen. Il promet des « financements exceptionnels » pour contrebalancer l’envolée des cours des matières premières. En outre, il a « demandé au gouvernement de reprendre des arrêtés » concernant la chasse de certains oiseaux qui ont été suspendus par le Conseil d’État. Ce dernier estimant qu’ils contrevenaient sans doute à la législation européenne…

Marine Le Pen. Pour sa part, elle souhaite accorder « une reconnaissance constitutionnelle au statut juridique des animaux ». Ainsi que renforcer les peines « sanctionnant les infractions commises envers les animaux ». Enfin, ne plus dénoncer de mauvais traitements sur des animaux deviendra un délit. La candidate d’extrême droite a également fait savoir que, si elle était élue, elle s’opposerait à l’abattage sans étourdissement. Une pratique qui relève des religions juive et musulmane. Enfin, elle veut augmenter les abattoirs « de proximité ». En revanche, elle ne s’oppose ni à la chasse à courre, ni aux élevages intensifs et en cages, ni à la pêche au chalut ou encore à la chasse en enclos…

LES PROGRAMMES EN INTÉGRALITÉ
Retrouvez le programme complet d’Emmanuel Macron ici.
Retrouvez le programme complet de Marine Le Pen ici.

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