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Le gaz et le nucléaire, des énergies vertes ? Le tour de passe-passe du Parlement européen

Suite à un vote le 6 juillet 2022, le nucléaire et le gaz sont désormais classés au rang des énergies vertes. Ils bénéficieront désormais du « label vert » de l’Union européenne.

Le 07/07/2022 par Florence Santrot
parlement européen
Le parlement européen siège à Strasbourg. Photo : Botond Horvath / Shutterstock.
Le parlement européen siège à Strasbourg. Photo : Botond Horvath / Shutterstock.

Les États-Unis ont eu la pizza classée comme légume par le congrès américain. L’Europe a désormais le gaz et le nucléaire considérés comme des énergies vertes. A l’occasion d’un vote en séance plénière au parlement européen le 6 juillet 2022, les députés se sont prononcés contre l’objection d’inclure le gaz et le nucléaire dans la taxonomie verte européenne. La réclamation avait été faite après le dépôt d’un texte, le 31 décembre 2021, soutenant l’inclusion du gaz et du nucléaire parmi les énergies durables.

Plusieurs pays étaient à l’origine de ce projet de classification. Parmi eux, on peut citer la France, qui possède un important parc nucléaire, et l’Allemagne, très dépendante au gaz. Mais aussi la Pologne, la Bulgarie et la République tchèque, qui doivent remplacer leurs centrales à charbon très polluantes. Le texte a été adopté par 328 voix contre 278 voix pour les opposants (écologistes, socialistes et extrême gauche). 33 députés se sont abstenus.

Un « verdissement » de deux énergies polluantes

Le gaz et le nucléaire sont donc désormais admis en tant qu’« énergie de transition », sous certaines conditions et pour une période limitée. Il faudra par exemple que le gaz remplace le charbon, plus polluant. Désormais, les deux énergies bénéficient du label vert de l’Union européenne. Et ce, au moins jusqu’en 2030 pour le gaz et 2045 pour le nucléaire. Ce label vert facilite le financement d’installations contribuant à lutter contre le changement climatique.

« Comment pouvons-nous demander aux autres pays de réduire leur utilisation des énergies fossiles si nous les classifions comme vertes ? Cela va nuire à l’accord de Paris« , s’est insurgé mardi 6 juillet le Néerlandais Bas Eickhout (Verts) lors de la plénière. Sur Twitter, Emma Wiesner députée écologiste suédoise, s’est elle aussi exprimée : « Un ‘investissement vert’ en Europe peut ainsi contenir de l’énergie fossile. Une trahison historique du climat. Tellement tragique ! ». Pour sa part la jeune activiste Greta Thunberg a regretté que « cela retarde désespérément la transition vers des énergies véritablement durables et renforce notre dépendance en gaz russes. L’hypocrisie est saisissante, mais hélas peu surprenante. »

Énergies vertes : un recours en justice à venir

« C’est de la politique sale et un résultat scandaleux », a affirmé Ariadna Rodrigo de l’ONG Greenpeace. Et de d’ajouter : « On essaie de détourner des milliards d’euros qui étaient destinés aux renouvelables ». L’association dénonce dans un communiqué « le plus grand exercice de greenwashing de tous les temps » et « une tentative de hold-up ».

Greenpeace, tout comme les gouvernements autrichiens et luxembourgeois, a indiqué qu’ils avaient l’intention de porter cette décision en justice. La seule alternative pour faire obstacle à l’application de ce vote est en effet de saisir la Cour de justice de l’Union européenne.

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