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Written by 11 h 18 min Déchiffrer, Sante

Pizzas Buitoni, chocolats Kinder… peur sur l’assiette

Deux enfants sont morts pour avoir mangé de la pizza Buitoni contaminée à l’Escherichia coli. Kinder, Lactalis, Findus, IKEA… retour sur une longue série de scandales alimentaires.

Le 08/04/2022 par Gilles Luneau
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Des pizzas surgelées de la marque Buitoni sont suspectées par les autorités sanitaires d’être à l’origine de contaminations gravissimes d’enfants à la bactérie Escherichia coli. Photo : Shutterstock.
Des pizzas surgelées de la marque Buitoni sont suspectées par les autorités sanitaires d’être à l’origine de contaminations gravissimes d’enfants à la bactérie Escherichia coli. Photo : Shutterstock.

En quelques jours, l’assiette fait à nouveau peur. Dernièrement, des pizzas Buitoni-Nestlé assaisonnées aux bactéries Escherichia coli ont provoqué diarrhées sanglantes et insuffisances rénales. Sur la cinquantaine de personnes touchées, majoritairement des enfants. Deux en sont morts et d’autres sont encore dans le coma. Peu de temps aupravant, des œufs et bonbons en chocolat Kinder ont faity l’objet d’un rappel. Chargés en salmonelles, ils risquaient de transmettre une gasto-entérite carabinée voire, pire, une typhoïde. Autre alerte : des fromages Lactalis-Graindorge truffés aux bactéries listeria. Une contamination pouvant causer septicémie ou méningite. De quoi couper l’appétit.

Le site officiel RappelConso, qui dépend de la DGCCRF, publie quotidiennement de nouvelles alertes sur des produits non conformes. Depuis 2021, elle a recensé près de 4 400 signalements, concernant principalement des laitages et de la viande. Un coup d’œil dans le rétroviseur de la cuisine permet d’analyser et de relativiser la succession des grands scandales alimentaires de ces dernières décennies.

Une longue histoire de scandales alimentaires

En 1980, le syndicat Paysans-Travailleurs alerte les consommateurs sur la production de veau aux hormones dans les élevages français. Cette pratique sera interdite par l’UE en 1988. L’année suivante, en Espagne, ce que l’on pense être au départ de l’huile frelatée fait plus de 20 000 victimes. Parmi elles, plus d’un millier de personnes est morte et d’autres resteront handicapées à vie. En fait, l’empoisonnement provient d’un pesticide organochloré épandu sur des tomates. Entre 1986 et 2000, la « maladie de la vache folle », causée par l’introduction de farines animales dans la nourriture des herbivores, est responsable de la mort de 223 personnes et de 190 000 bovins. En 1990, des traces de benzène dans le Perrier (un problème de filtre) déclenchent le rappel de 280 millions de bouteilles et ruinent la marque.

En 1993, c’est la listéria de rillettes vendues chez Leclerc qui tue trois personnes et en fait avorter quatre autres. Six ans plus tard, en 1999, l’Union européenne alerte sur la circulation de poulets et d’œufs belges contaminés par de la dioxine (et des PCB) contenue dans leur alimentation. Le scandale de ces aliments frelatés touche la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, la France. La même année, plus de 300 personnes sont intoxiquées en Europe par du Coca-Cola contenant un fongicide. 90 millions de litres sont détruits. En 2003, la grippe aviaire asiatique à Hong-Kong, gagne l’Asie puis le monde entier et sévit toujours.

Lait en poudre contaminé, lasagnes de cheval… Buitoni n’est que le dernier d’une longue liste

En 2005, en France, du lait en poudre de chez Lactalis contenant des listerias contamine 140 nourrissons. En 2008, en Chine du lait en poudre infantile est additionné de mélamine pour faire croire à sa richesse en protéines. Résultat :  94 000 malades. Toujours en 2008, une quarantaine d’entreprises (italiennes, britanniques, allemandes, autrichiennes) sont impliquées dans un scandale sanitaire. Elles ont recyclé 11 000 tonnes de fromages périmés dans de nouveaux produits fromagers. En 2011, un lot de graines germées en provenance d’Égypte, porteuses de Escherichia coli déclenche une épidémie de gastro-entérite et de syndrome hémolytique et urémique en Europe. La même bactérie, la même année, est retrouvée dans des steaks hachés vendus par Lidl. Une quinzaine d’enfants est touchée, dont un décèdera des suites quelques années plus tard.

2013, voit l’affaire des lasagnes de bœuf (Findus, Picard) à la viande de cheval. Et la même année, éclate le scandale des tartes au chocolat d’Ikéa abritant des bactéries coliformes (vivant dans les matières fécales). 2017 est l’année des œufs au fipronil (traitement acaricide) en Europe, celle aussi du retour des salmonelles chez Lactalis, 38 bébés malades. En 2020, la Belgique alerte l’UE sur des graines de sésame en provenance d’Inde, traitées à oxyde d’éthylène (interdit en agroalimentaire). 

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L’industralisation a changé l’échelle des intoxications alimentaires

L’histoire de l’alimentation humaine est truffée d’indispositions, de maladies, d’empoisonnements, dus à la nourriture. Le risque d’ingurgiter un poison ou un met avarié a toujours existé. Mais l’industrialisation de la production alimentaire a changé l’échelle des dégâts. Problème d’hygiène, accident de fabrication, erreur humaine, fraude avérée par appât du gain, si le produit est local et artisanal, l’identification du problème est rapide.

Pour réduire les risques l’industriel multiplie l’asepsie souvent au détriment de la qualité gastronomique. Enfin, les progrès de l’hygiène et de l’automation ont été si importants que nos concitoyens acceptent de moins en moins l’idée qu’ils puissent tomber malade en mangeant. 

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