Partager la publication "Purifier l’air dans les salles de classe réduit l’absentéisme de plus de 10 %"
Et si la qualité de l’air changeait tout à l’école ? C’est une des plus vastes études européennes sur la qualité de l’air intérieur en milieu scolaire. Menée par le Politecnico di Milano, l’Université Polytechnique de Milan, elle a suivi pendant plusieurs mois près de 2 000 élèves répartis dans 95 salles de classe, au sein de cinq écoles primaires de Milan, en Italie. L’objectif ? Évaluer l’impact de l’installation de purificateurs d’air sur la santé et la présence des élèves. Parmi ses classes, l’équipe de Stefania Renna a installé des purificateurs d’air portables de haute qualité (HEPA) dans 43 salles de classe choisies au hasard (expérience contrôlée randomisée).
Résultats : les chercheurs ont constaté une augmentation de la fréquentation de 1,3 jour par élève et par an dans les salles de classe équipées de filtres à air, ce qui correspond à une baisse de 12,5 % de l’absentéisme. “Il s’agit de la première preuve expérimentale”, déclare Stefania Renna, de l’Université polytechnique de Milan. Et d’ajouter : “C’est un effet considérable”. En réduisant en moyenne de 28 % la pollution de l’air intérieur (notamment les particules fines), les dispositifs ont entraîné une baisse notable de l’absentéisme scolaire. Et les effets les plus marqués sont observés chez les élèves les plus vulnérables : ceux qui sont les plus souvent absents, ceux issus de familles précaires ou encore avec de nationalité étrangère.
Air plus pur en classe : moins de symptômes, plus d’attention
L’étude va au-delà des simples données d’absences. Elle souligne aussi une amélioration nette de la santé perçue par les enfants eux-mêmes. Dans les classes équipées de purificateurs d’air, les élèves rapportent moins de maux de tête, de gorge irritée ou de nez qui coule. Autant de petits signes qui, cumulés, nuisent à la concentration, à la participation, et in fine, à la réussite scolaire. À noter aussi que les enseignants des classes équipées ont également rapporté une amélioration notable de la qualité de l’air, ce qui pourrait à terme contribuer à réduire leurs propres absences et à améliorer le confort de travail.
Par ailleurs, des études antérieures ont déjà établi que la pollution de l’air intérieur est corrélée à des performances cognitives plus faibles. Les résultats de Milan viennent renforcer l’idée qu’un air plus pur pourrait aussi favoriser de meilleurs apprentissages. Autre effet inattendu : une évolution des comportements et des représentations. Les élèves exposés à un air plus sain ont montré un soutien accru aux politiques environnementales, notamment celles visant à limiter la circulation automobile en ville. Une preuve que l’environnement de la classe peut aussi devenir un levier de sensibilisation.
Un geste simple, aux bénéfices multiples
L’usage de purificateurs d’air à l’école fait l’objet de débats depuis la pandémie de Covid-19. Jugés coûteux ou inutiles par certains, ces dispositifs retrouvent aujourd’hui une légitimité scientifique. L’étude milanaise montre qu’il s’agit d’un investissement rentable, tant pour la santé publique que pour l’éducation. En Finlande, une autre expérimentation menée dans des crèches avait déjà observé une baisse de 30 % des absences pour maladie avec la mise en place de systèmes similaires.
Et la Suisse vient renforcer ce faisceau de preuves. Des chercheurs suisses ont installé des filtres à air portables (de type HEPA) dans des salles de classe pendant deux trimestres scolaires. Résultat : une baisse de 11 à 15 % du nombre de jours d’école manqués par les élèves. L’effet est d’autant plus notable que la méthode était simple et reproductible, avec des purificateurs grand public placés dans les pièces sans autre intervention. Un autre chiffre marquant mérite d’être souligné : les données captées ont montré que l’utilisation de purificateurs d’air a entraîné une réduction de 77 % de la concentration moyenne de particules fines dans l’air des classes.
Faut-il généraliser les purificateurs d’air dans les classes ?
Les bénéfices de filtres à air haute efficacité dépassent le cadre scolaire. Moins d’enfants malades, ce sont aussi moins de journées de travail perdues pour les parents. En Finlande, le coût moyen d’une journée d’absence parentale est ainsi estimé à 370 euros. L’impact à l’échelle d’une métropole quand le virus grippal circule dans les écoles peut vite devenir exorbitant même si on n’en a pas conscience. Or, dans le commerce, on trouve des modèles portatifs à moins de 100 euros…
L’étude milanaise relance donc la question d’une stratégie nationale sur la qualité de l’air intérieur dans les écoles. En France, les contrôles sont encore rares, et souvent concentrés sur des établissements neufs. Pourtant, l’ADEME et plusieurs ONG plaident depuis des années pour une meilleure prise en compte de ce facteur invisible mais déterminant. Des solutions low-tech comme les boîtes Corsi-Rosenthal – faites maison avec un simple ventilateur et des filtres HEPA – se développent même dans certaines collectivités. Améliorer l’air que respirent les enfants à l’école, c’est agir à la croisée de trois enjeux majeurs : la santé, l’éducation et la justice sociale.
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